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26 Janvier 2015
Des dizaines de morts pour rien? Les élus du Parlement congolais ont fini hier par retirer du projet de loi électorale une disposition qui permettait techniquement au président Kabila de se représenter en 2016 alors que la Constitution ne lui accordait que deux mandats. "On ne change pas l'ordre constitutionnel par intérêt personnel." La petite phrase de François Hollande date du 27 novembre, à la veille du sommet de la Francophonie de Dakar. Un mois plus tôt, le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, avait été chassé par des manifestations populaires pour avoir voulu s'accrocher au pouvoir par le biais d'un changement de la Constitution. Moins de trois mois plus tard, au début de cette semaine, voilà que Joseph Kabila, faisait tirer sur la foule qui contestait sa tentative de vouloir garder son fauteuil par un texte législatif adopté en catimini deux jours avant la fin de la session parlementaire.
Bilan : douze personnes "tuées par des vigiles privés", selon le gouvernement, "un dérapage" selon le chef de l'Assemblée nationale. La Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) a décompté de son côté 42 morts tandis que Human Rights Watch signale "21 victimes tuées par balles par la police ou la garde républicaine".
"Il faut savoir sortir par la grande porte", rappelait récemment un diplomate au cœur du dossier. "Mais certains chefs d'État africains nous répondent qu'ils ne voient pas pourquoi ils accepteraient de s'en aller alors que d'autres restent et s'accrochent dans des pays où aucune opposition n'est tolérée." Directement visé, Paul Kagamé, président du Rwanda depuis vingt ans et dont la diplomatie reste marquée par une certaine hostilité vis-à-vis de la France. Un diplomate européen note justement que les conflits en Afrique centrale sont aussi entretenus par des autocrates qui craignent l'alternance. "Comme Compaoré au Burkina, Kabila est décidé à rester au pouvoir et c'est beaucoup plus grave qu'on ne le pense. Kabila semble être autiste et cette crise politique va réveiller les vieux démons de ferments de crise."
Dans le même temps, l'autre Congo, risque de connaître le même sort que son voisin. À Brazzaville, l'opposition a signé la semaine dernière un document visant à empêcher une réforme de la Constitution qui permettrait à Denis Sassou-N'Guesso, 72 ans, dont trente passées au pouvoir, de se représenter en 2016 lui aussi.
Cela dit, la France est soulagée de voir que, dans d'autres puissances menacées d'instabilité, le pouvoir reste fermement tenu. Face à Boko Haram, "on a besoin d'un Cameroun stable", confie une source officielle française. Quant au Tchad, "Idriss Deby peut tomber demain matin ,flingué par son propre garde du corps ou dans un accident d'hélico. Ce n'est pas le gendre idéal et s'il se fait virer, certains crieront peut-être "youpi" mais attention à la suite : le Soudan disposera d'une autoroute vers Boka Haram dans la foulée". Ainsi vont la géopolitique et le droit constitutionnel.
François Clémenceau - Le Journal du Dimanche
Kinshasa : les autocrates africains sont-ils devenus autistes? - leJDD.fr
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