11 Février 2015
MOUVEMENT DU 3 FEVRIER
Communiqué n°23
Le M3F dénonce la fermeture du groupe Facebook « Deby Dégage »
En date du 11 janvier 2015, Facebook a décidé de supprimer le groupe « Deby Dégage », qui comptait plus de 19 000 membres. Depuis de nombreuses années, ce groupe, créé par des membres fondateurs du M3F, était un des seuls endroits où les tchadiens, vivant à l'intérieur ou à l'étranger, pouvaient se retrouver et s'exprimer librement. Il permettait à tout à chacun de contourner la censure mise en place par la dictature d'Idriss Deby (en bloquant les principaux sites de l'opposition) et de s'informer sur ce qui se passe réellement au pays de Toumaï.
Les raisons invoquées par Facebook pour justifier cette suppression, à savoir « incitation à la haine ou (sic) obscène » à la suite vraisemblablement des attentats de Charlie Hebdo, sont caduques au regard du droit. En effet, si l'on considère la jurisprudence actuelle, un administrateur de groupe Facebook n'a pas la responsabilité de modérateur. Il est certes responsable des posts et des propos qu'il tient, mais il ne peut en aucun cas être tenu pour responsable des propos des membres de son groupe, surtout si celui-ci est ouvert. Si des personnes mal-intentionnées se sont fendues d'écrits qui tombent sous le coup de la loi sur la page « Deby Dégage », Facebook avait l'obligation de supprimer directement leur profil et non la page où ils s'étaient exprimés. Par ailleurs, les administrateurs du groupe, fidèles aux idéaux de paix et de tolérance du M3F, ont effacé autant que faire se peut ces commentaires malveillants, mais n'ont pu tous les empêcher, la modération en amont des commentaires étant impossible sur Facebook.
Considérant ces éléments, une mise en demeure a été adressée au siège de Facebook France, l'enjoignant sous quinzaine de rouvrir la page « Deby Dégage ». Si cela n'est pas fait, une plainte sera adressée au procureur de la République et les administrateurs du groupe, sûrs de leur bon droit, n'hésiteront pas à aller au tribunal pour permettre à des milliers de tchadiens de continuer à s'exprimer librement.
Cette suppression sauvage n'est pas la première qu'ait connue la résistance tchadienne. En juillet dernier, à l'aune de la visite scandaleuse de François Hollande au Tchad, une vidéo postée par le blogueur Makaila avait été supprimée par youtube, sans raison valable. Elle montrait le mariage fastueux du frère de Hinda Deby.
Edouard Snowden, dans ses révélations, a prouvé l'intrication des officines occidentales avec les géants de l'internet. Et il se pourrait bien que l'initiative de la suppression du groupe « Deby Dégage » ne soit pas seulement à mettre au crédit de la firme de Marc Zuckerberg mais aussi à celui des services qui s'ingénient à maintenir le tyran du Palais rose au pouvoir...
Fait à Paris le 11 février 2015,
Collectif