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3 Février 2015
Le 03 février 2008, Ngarléjy Yorongar, Lol Mahmat Choua et Ibni Oumar Mahamat Saleh, tous trois, responsables politiques tchadiens, ont été enlevés chez eux, brutalisés devant leurs familles avant d’être embarqués manu militari par la garde prétorienne d’Idriss Deby.
Ngarléjy Yorongar et Lol Mahamat Choua, ont survécu après leurs enlevements, on est sans nouvelle sur le sort du Pr Ibni Oumar Mahamat Saleh, leader du Parti pour les Libertés et le Développement (PLD), porte-parole de la Coordination des Partis Politiques pour la Défense de la Constitution (CPDC).
Ce 03 février 2015, sera célébré le 7ème anniversaire du Pr Ibini, cette figure de l’opposition tchadienne, dont la disparition en 2008, a indigné l’opinion publique nationale et internationale. La recherche de vérité pour Ibni, a réuni et mobilisé ses amis tchadiens, africains et les démocrates du monde entier qui ont crée et animé un comité de soutien international pour réclamer justice.
Une pétition, initiée par la communauté scientifique à l’échelle mondiale, retrace le parcours académique de l’illustre disparu. Elle a recueilli de nombreuses signatures qui interpellent la responsabilité d’Idriss Deby et de Nicolas Sarkozy à l’époque Président de la république sur son sort.
La mobilisation au delà de la frontière tchadienne, avait donné lieu à un immense espoir à la famille Ibni, à ses soutiens et aux organisations de défense des droits humains qui plaident sa cause au Tchad et à l’étranger.
Un prétendu non lieu d’un appareil judiciaire aux ordres
En 2013, après quatre années d’instruction, la justice tchadienne, acquise au pouvoir d’Idriss Deby, avait décidé de prononcer un non-lieu dans l'affaire des personnes disparues. Cette décision infondée vise particulièrement sans surprise, le Pr lbni Oumar Mahamat Saleh.
Une commission d’enquête parlementaire bloquée en France
Refusant de céder à la volonté inique d’Idriss Deby, la famille d’Ibni et tous ceux qui revendiquent justice pour l’opposant, ont poursuivi, leur plaidoyer auprès des sénateurs et parlementaires en France.
C’est ainsi qu’en mars 2014, MM. Gaëtan GORCE et Jean-Pierre SUEUR, deux sénateurs français, ont soumis à l’Assemblée nationale une proposition de résolution pour une enquête parlementaire visant à faire la lumière sur les événements du 1er, 02 et 03 février 2008.
Cette proposition de résolution approuvée par une proportion majoritaire des députés et sénateurs français, a fait renaître, un espoir au Tchad et en France sans toutefois avancer.
Immobilisme au Tchad et en France
Comme on peut le constater, malgré cette mobilisation massive et les avancées observées dans la disparition de l’opposant tchadien, tout porte à croire que rien n’évolue au Tchad et en France. Pourquoi ?
Habitués et démotivés par l’injustice qui domine leur société, les citoyens tchadiens n’espèrent rien du côté de Ndjaména où la justice ne garantie absolument aucune chance d’un procès transparent et équitable aux parties. C’est pourquoi, l’internationalisation du dossier, a permis aux avocats d’Ibni de saisir leurs juridictions françaises censées jouir d’une indépendance.
Mais, au regard de l’évolution du rapprochement depuis 2013, sur le plan militaire entre le Tchad et la France, l’espoir diminue et se fond comme du neige au soleil pour la famille et les défenseurs des droits de l’homme.
En effet, l’influence militaire du Tchad dans le sahel et son engagement aux côtés des forces françaises dans la lutte contre le terrorisme, a contraint Paris de changer d’avis dans l’affaire Ibni, pour privilégier et préserver ses intérêts avec Idriss Deby esquivant souvent l’accrochage avec Ndjaména.
Les observateurs tchadiens et étrangers ont noté avec amertume que sous le régime socialiste, l’affaire Ibni est délibérément renvoyée calendes grecques au nom d’un realpolitik cynique à tel point que François Hollande de crainte de percuter Idriss Deby, s’est abstenu de l’évoquer à son homologue tchadien, lors sa tournée africaine qui l’a conduit au Tchad.
Devant cette impasse illimitée dans cette affaire éminemment politique en lien avec les droits de l’homme et la démocratie, on s’interroge réellement sur les fondements d’un Etat de droit comme en France qui dérobe à ses engagements ?
Que faut-il faire pour réclamer justice à Ibni au Tchad et ailleurs ?
La rédaction du blog de makaila