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26 Mars 2015
ESSAMA JOSEPH Yaoundé, le 22 mars 2015
Tel : 695380404-655727521
A
Monsieur Le Ministre De l’eau et de l’énergie.
Objet : Lettre ouverte
Monsieur,
Au moment où le monde entier célèbre la journée internationale de l'eau, plus de 80% de la population camerounaise ressassent encore de la douloureuse morsure de la pénurie d'eau. Cette tragédie est certes commune à plusieurs pays du monde, mais la calamité est inacceptable au Cameroun pour de deux raisons : Le Cameroun est situé en zone équatoriale humide, et l’indifférence des autorités face à ce problème qui bat de plein fouet les camerounais.
Il n'est de secret pour personne que le problème d'eau que connait le Cameroun est surtout lié au deuxième mobile, hier et aujourd'hui, les autorités camerounaises ont fait montre d'une crise de vision tant sur le plan politique, économique que social. Cette myopie managériale qui se voit couronné aujourd'hui par le requiem entonné par l'ère de grandes réalisations.
Monsieur Le Ministre,
Depuis votre entrée au gouvernement, vous vous êtes engagés à résoudre le problème d'eau ne fusse que dans les grandes métropoles. Plusieurs années après, le verdict des faits parle : toujours pas d'eau à Yaoundé.
Monsieur Le Ministre,
Résolument, vous faites votre ce vieux dicton que l'on prête souvent aux arabes « Le chien aboie, la caravane passe», qu'un homme aussi maladroit, affublé d'un bilan calamiteux se délecte à croquer avec autant de gloutonnerie, un adage aussi vieillot, il n'en est rien d'émouvant, car il y va de la démonstration de l'autisme, de l'outrecuidance, et de la grivoiserie qui vous caractérisent. Ces caractéristiques étant l’apanage des incompétents, il est alors urgent de ce poser ces quelques petites questions :
Qui est cette caravane qui passe avec autant d'inférence?
Où va-t-elle?
Avec quels fonds se mobilise t-elle?
En effet, cette triste caravane se fait l’écho de toute la médiocratie qui achoppe, politiquement, économiquement, socialement, culturellement et humainement notre cher pays. Mais à y voir de près, la macabre caravane est précédée de l'abjecte quatuor qui assèche nos gorges, irrigue notre cécité, nous gave de factures, et nous rassure de pieuses balivernes. L'invincible quatuor est composé de la Camwater, Eneo, Cde, et le Ministère de l'eau et de l'énergie dont le fonctionnement est un tourbillon managérial qui hisse sur le mât, le clientélisme, la gabegie, et la forfaiture comme mode de gestion. Placé en tête de caravane ces institutions, ne relève pas d'une simple fantasmagorie, il s'agit de mettre en évidence la primeur de l'eau et de l'électricité, des droits fondamentaux inaliénables à toutes société qui aspire à la dignité.
Dans un pays qui se veut émergent à l'horizon 2035, mais qui connait encore des problèmes aussi basiques, croire en l'avenir n'est que pure et innocente naïveté.
Où va-t-elle?
Notre fameuse caravane se dérobe pour le moins, dans son premier versant mélodique, de cet autre adage plus proche de nous « Quand on ne sait d'où on vient, on ne peut savoir où on va ». En politique, rien n'est gratuit, et aucun camerounais aussi ingénu soit il est sans savoir que les caravaniers se font recruter au sein de la chambre à copinage népotique, le RDPC, parti au pouvoir mais la myopie politique, nourrit au lait de la finitude idéologique l'empêche de voir plus loin que le bout de son nez, ainsi nos caravaniers n'ayant pas eu le soin de prendre une boussole, avance, klaxonnant droit vers la poubelle de l'histoire. Inutile de dire que rien de bon ne peut plus sourdre de cette marche à reculons.
Avec quels fonds se mobilise t elle?
Lorsque dans une société, les détournements s’institutionnalisent, et que la vénalité supplante la foi, c'est l'inhumanité qui se pavoise en fin de compte. C’est bien cela la marque déposée de nos caravaniers, comme plusieurs de leur paires, Monsieur Le ministre et son Directeur de la Camwater ont choisi de vivre du voyoutisme public, de scandales en scandales, ces mouches du coche vont jusqu'à médiatiser même leurs gesticulations les plus stériles, promettant interminablement le retour de l'eau, sans qu'un jour, le dieu de la fanfaronnade n'exauce leurs prière.
Monsieur Le Ministre,
Tant d'année de soif ça suffit!
L’eau est la ressource la plus importante pour l’humanité, elle est nécessaire à la convergence de toutes les activités sociales, économiques et environnementales. C’est la condition de toute vie sur notre planète, un facteur de croissance ou de limitation de tout développement social et technologique, une source possible de bien-être ou de misère, de coopération ou de conflit.
La paix sociale étant la plus précieuse des fortunes d'un peuple, ces derniers temps, au Cameroun, nous connaissons son asymétrie, la guerre, car la paix n'est pas synonyme d'absence de guerre. Comment peut-on parler de paix dans un contexte de désert total, avec toutes les conséquences que cette guerre de l’eau entraine? Chaque jour, ce sont de milliers de nourrissons qui en pâtissent et de millions de camerounais qui chopent toutes sortes de maladies.
En fermant la bouche, les yeux et les oreilles devant la souffrance imposée aux camerounais, nous nous faisons complice du génocide volontairement orchestré par les pouvoirs publics camerounais. C’est pourquoi, devant la caravane qui passe, nous chiens aboyeurs, ne nous contenterons plus d'aboyer, le temps est venu de mordre, ainsi, nous dénonçons haut et fort ce crime contre l'humanité. Nous demandons le retour sans délai de l'eau. Si rien n'est fait, nous annonçons des mesures de protestations à partir du 1ermai de l'année en cours. Ces mesures iront de la signature d'une pétition, passant par une grève pacifique devant le Ministère de l'eau, si rien n'est fait jusque là, nous amorcerons la phase décisive et irréversible du boycott des factures.
Avant de me replonger dans le désespoir quotidien de voir un jour le retour du précieux sésame, permettez-moi de redire cette prière de Charles Beaudelaire, risible en apparence, mais traduisant le cri profond d'un homme privé d'un droit qu'ailleurs, on donne aux chiens en phase d'abattage systématique : « Dieu faites que le diable tienne sa parole »
Ampliations