16 Juin 2015
Nous sommes Tchadiens. Nous sommes tous N’Djamena, comme hier, nous étions tous Charlie. Oui, nous sommes tous solidaires quand il s'agit de morts d'hommes. Notre pays, le Tchad, a été victime d'un attentat terroriste. Il y a eu plusieurs morts. Nous continuons de les pleurer. Nous sommes solidaires des blessés. Nous sommes tous des blessés quelque part. Nos larmes sont encore toutes fraîches sur nos joues.
Mais nos larmes ne doivent pas nous empêcher de nous poser des questions. A qui profite le crime ? Si beaucoup, comme nous pleurons sincèrement, d'autres, versent des larmes de crocodiles. Au fond d'eux-mêmes, ils avaient souhaité la survenue d'un tel événement dramatique qui pourrait leur profiter. "Ils" : c'est Déby, sa famille, son clan, ses laudateurs, ses lèches-bottes. Les ministres se frottent les mains, parce que ce n'est pas dans un tel contexte qu'il y aura un remaniement ministériel qui a lieu tous les deux mois au Tchad. Les élections présidentielles s'annoncent dans un an. Déby ne compte pas sur le peuple Tchadien pour se faire réélire. Il compte sur la "communauté internationale". La France et les Zétazunis en tête, voteront pour Déby. Pour ces deux grandes puissances, c'est Déby ou rien à la tête du Tchad. Dans un tel contexte, Déby est assuré de passer dès le premier tour l'année prochaine. Le peuple tchadien a été de tout temps humilié par le régime de Déby. Les élections ont toujours été truquées, les résultats inversés, pour permettre au roi de rester sur son fauteuil royal. N'Djamena n'a pas d'électricité. Il n'y a pas d'eau potable. Les rues sont poussiéreuses. Les rues de la capitales bitumées il y a à peine deux ans sont déjà toutes nues. Les routes joignant les provinces à N'Djamena sont dans un état pitoyable. Entre Bongor et Kélo, on peut passer facilement 3 heures. Les hôpitaux sont des mouroirs. Les grands travaux présidentiels sont arrêtés depuis belle lurette. La cathédrale de N'Djamena a été défait pour être refait. Les travaux sont arrêtés. Les fidèles prient toujours à l'extérieur. La grande basilique de N'Djamena dont la première pierre a été posée en grande pompe par Déby, ne verra jamais le jour. Enfin, toute honte bue : le sommet de l'UA en juin 2015 à N'Djamena, a été annulé, faute d'argent dans les caisses de l’État.
C'est dans un tel contexte que Djérassem le Bemadjiel, un ministre ou ancien ministre je ne sais plus, a mis sur sa page facebook, la phrase suivante : "personne ne pourra réussir à mettre à genou le peuple tchadien". Si lui, le ministre, n'est pas à genou, il faut qu'il sache que le peuple tchadien est déjà à genou depuis plusieurs décennies. Que peut écrire un tel énergumène ?
Ainsi, les attentats de N'Djamena profitent à Déby, à son clan, à ses griots... pendant que le peuple tchadien s'enfoncera encore davantage dans la misère.
Aïe Tchad ! Le ciel ne viendra jamais à ton secours. Il menace plutôt de te tomber sur la tête.