20 Septembre 2015
Au Tchad, la nouvelle année scolaire qui commence, comporte de nombreux défis: les innovations pour améliorer la qualité du système éducatif tchadien, d'une part, et la menace terroriste, de l'autre.
Le ministre tchadien de l'Education nationale et de la Formation professionnelle, Ahmat Mahamat Açyl a lancé la rentrée scolaire 2015-2016, mardi à Moundou, la capitale économique au sud du pays. Par rapport aux années précédentes, la rentrée des classes a été avancée d'une quinzaine de jours.
A N'Djaména, comme dans les autres villes du pays, les cours ont effectivement démarré dans certaines écoles. Mais dans beaucoup d'autres, les élèves traînent encore les pieds. "Les contraintes naturelles sont encore là", déclare Ada Loumia, directeur du collège d'enseignement général (CEG) de Gassi, dans le 7ème arrondissement de N'Djaména. Dans ce quartier populaire du sud de la capitale, comme dans bien d'autres, les cours des écoles sont impraticables à cause des eaux de pluies qui stagnent, faute de canalisation.
Au-delà de ces contraintes naturelles, les chefs des établissements scolaires sont confrontés à d'autres problèmes, créés par la réforme de l'école tchadienne, entreprise par le gouvernement ces trois dernières années. Une soixantaine de mesures avaient été édictées à cet effet, à l'issue d'un séminaire gouvernemental, organisé en avril 2014. Parmi les innovations, la suppression du concours d'entrée en classe de 6ème, le premier niveau du cycle secondaire (collège-lycée). Une mesure qui est loin de faire l'unanimité, surtout dans les rangs des enseignants. "La suppression des examens et concours en fin de cycle primaire, ne favorise pas la qualité de l'élève. La baisse de niveau des enfants sera exacerbée", affirme Mme Rassem Mbaïssanabé, directrice du CEG d'Atrone, dans le VIIème arrondissement.
"Ce qui est sûr, la suppression du concours d'entrée en 6ème et du certificat d'études primaires n'arrange pas le système. Mais la politique est au-dessus de tout. Quand elle décide, la technique est obligée de se plier. A notre niveau, nous pensons que l'évaluation des élèves est indispensable", renchérit Ada Loumia, directeur du collège d'enseignement général (CEG) de Gassi.
Conséquence immédiate de cette suppression, un afflux massif des élèves dans les collèges. Chaque inspecteur pédagogique de l'enseignement primaire dresse des listes des nouveaux élèves pour les classes de 6ème qu'il envoie aux collèges relevant de sa tutelle. Ce qui est un casse-tête pour les chefs de ces établissements contraints à trouver des places à ces élèves. "Chez nous, l'inspection nous a envoyé 400 élèves et nous allons nous tenir à ce nombre pour quatre classes de 6ème", indique M. Ada Loumia.
Pourtant, pour le gouvernement et ses partenaires, toutes ces reformes devront permettre de redorer le blason de l'école tchadienne. Les 35% de réussite au baccalauréat 2015 (contre moins de 19% en 2014) en sont, à leurs yeux, une illustration. "Il y a une nette volonté du gouvernement tchadien de revitaliser son système éducatif. La mise en œuvre de la feuille de toute du séminaire gouvernemental de Dougui est une parfaite illustration", relève Marcel Ouattara, représentant résident de l'Unicef au Tchad. Avec le soutien d'autres partenaires, l'Unicef appuie le gouvernement tchadien dans la construction de 1.700 salles de classe, dans le cadre d'un projet dont le coût est estimé à plus de 15 milliards F CFA (environ 30 millions USD). Un millier de ces salles ont déjà été achevées, précise M. Ouattara.
Avec les moyens conséquents déployés par l'Etat et ses partenaires pour les infrastructures, la formation, les équipements et les fournitures, le ministre tchadien de l'Education nationale, Ahmat Khazali Açyl, estime qu'il est possible d'arrêter l'hémorragie dont souffre ce secteur. Tous les acteurs du système éducatif (enseignants, élèves et parents) doivent assumer leurs responsabilités.
"Les responsables des établissements scolaires et tous les gestionnaires du système éducatif sont tenus à l'obligation de résultats. L'amateurisme et la complaisance dans la gouvernance et la gestion de l'éducation doivent immédiatement cesser et faire place aux principes universels tels que la rigueur, la probité et l'objectivité", a-t-il martelé, en lançant la nouvelle rentrée.
Pour le ministre de l'Education nationale, il est temps d'identifier et de dénoncer les mauvais grains qui ont infiltré le corps enseignant et qui jettent du discrédit sur ce métier le plus noble au monde. Au titre de la nouvelle année scolaire, 1.500 nouveaux enseignants ont été recrutés par l'Etat, selon des données officielles.
Pour incarner l'école républicaine que le Tchad veut développer, M. Khazali Açyl a insisté fermement sur l'enseignement du civisme et de la morale. "Le travail bien fait, l'amour de la patrie, la tolérance, le pardon, la fraternité, la cohabitation pacifique, etc. doivent être le leitmotiv de cette nouvelle rentrée", a-t-il martelé. Il a invité tous les parents à être plus dynamiques dans le suivi de la scolarité de leurs progénitures. L'année dernière, une mesure gouvernementale imposé le port de casque aux motocyclistes avait provoqué des manifestations violentes dans les lycées et collèges de la capitale. Ce qui a paralysé les cours pendant plusieurs semaines.
Si les manifs contre le casque sont passés et les élèves revenus à la raison, les écoles tchadiennes restent confrontées à un grand défi sécuritaire. Depuis les attentats-suicide de juin et juillet 2015 dans la capitale, revendiqués par la secte terroriste Boko Haram, les endroits publics (marchés, lieux de culte et administrations publiques) sont régulièrement gardés par la police, la gendarmerie et la garde nomade. Les écoles publiques qui rouvrent petit à petit, ne dérogent à cette surveillance. Les responsables des établissements privés sont obligés de recourir à des entreprises de gardiennage privées pour assurer la sécurité de leurs installations, personnels et élèves. F
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Source: Agence de presse Xinhua