6 Novembre 2015
Le déploiement des hommes en tenue qui a accompagné cette arrestation spectaculaire prouve que le président tchadien ne voulait pas faire l’économie de quelque publicité autour de la descente aux enfers de l‘inamovible directeur général des douanes et des droits voisins qui était vissé sur ce fauteuil depuis des années. Et qui, par son exubérance et son arrogance, se sentait vraiment dans la peau d’un « vice dieu». Bien que les raisons de ce limogeage ne soient pas encore bien connues, c’est déjà avec soulagement que la majorité des tchadiens ont accueilli ce décret présidentiel mettant fin au règne d’un homme dont les pratiques sulfureuses démobilisaient en permanence les douaniers, ulcéraient les opérateurs économiques, révoltaient la société civile et décourageaient les partenaires du Tchad.
« Le président tchadien a fait fort. Tout le monde était convaincu que son frère opérait de vastes détournements de deniers publics avec sa complicité passive, ou tout au moins, bénéficiait de sa complaisance. Mais là, c’est un signal fort», commente un haut cadre d’un ministère à Yaoundé. «Alors, entre le président Biya et le président Deby, qui est en avance», questionne un responsable du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) parti au pouvoir à Yaoundé ? Et il conclut, presque triomphal : «allez dans les prisons camerounaises dresser la liste des créatures du président qui y sont neutralisées. Vous comprendrez que notre président avait une longueur d’avance». Pour relativiser l’acte du président tchadien, d’aucuns dans le sérail camerounais insinuent que c’est une opération plutôt pour voiler les yeux de l’opinion à l’approche de l’élection présidentielle. Bonne consolation en ces temps où l’opération épervier semble reprendre du poil de la bête !
© Source : La Nouvelle Expression