9 Novembre 2015
Venant de Komé, j’ai rencontré et connu, pour la première fois, Maître Marcel Ninganadji Bétel, à Békia pendant ses vacances scolaires. En effet : mon père est affecté comme Pasteur Protestant à Békia qui se trouve être, en fait, le village maternel de mon grand père maternel. Et chaque fois que je me rends de Békia à Donia pour arroser le verger de mon oncle, le Pasteur Philémon Guelyo, c’est l’occasion de rendre visite àMarcel Bétel Ninganadji, Pascal Ndeikoundam et Yotolem, au petit Séminaire sis dans ce village.
Quand je suis allé à l’école à Gabri-Ngolo dit Kéré et à Bébédjia, nos rencontres se font très rares sauf pendant les vacances. Après son BAC, Bétel est allé étudier à Abidjan. Nous nous sommes retrouvés de temps en temps pendant les vacances à Moundou, Békia. Moukassa, Maïnhongo, Maïdade etc.
Après sa licence en droit, il se fait recruter, comme le tout premier cadre supérieur tchadien, à la COTONTCHAD et moi, Sous-Préfet adjoint à Moundou après mon passage à l’ENA.
Un jour, au cours de mes pérégrinations à travers l’Afrique francophone grâce à un ami, M. Mc Larean, un riche sud-africain que j’ai connu à Sciences-po à la Sorbonne à Paris II, nous nous sommes retrouvés à Douala où il est nommé à la filiale de la COTONTCHAD. En effet, M. Mc Larean m’a envoyé en Afrique francophone à la recherche des entreprises en difficulté ou en faille pour les acheter et les redresser puisqu’il en est le spécialiste.
Un jour donc, le français auquel Bétel est l’adjoint à Douala reçoit un message des responsables du Comité permanent basé à Moundou de surveiller mes faits et gestes à Douala et signaler tous mes déplacements à travers le Cameroun. Bétel n’hésite pas à partager le contenu de ce message avec moi au risque perdre son poste. Et c’est qui fut fait puisqu’il est rappelé au cabinet du PDG de la COTONTCHAD, feu Hassan Kolingar à Moundou, puis à N’Djaména. C’est à ce titre que Bétel s’est rendu en mission à Garoua au Cameroun. En recevant les parents dans le jardin de Novotel, Bétel ne savait pas qu’il jouait sa vie. Il a été accusé par un d’entre eux d’avoir tenu des réunions politiques avec des opposants. C’est ainsi que Bétel s’est retrouvé en prison de la terrible et redoutable DDS à son retour à N’Djaména. Il a failli y perdre la vie n’eurent été les interventions répétées auprès du Chef de l’Etat de l’époque. Grace à ces interventions, Bétel est le seul prisonnier de ce mouroir à recevoir à manger de sa femme feue Christine. Les menaces de démission du gouvernement ont obligé ledit Chef de l’Etat à le libérer. Plus tard, le fait de le proposer au poste de Directeur d’exploitation de la COTONTCHAD lui a plutôt coûté son emploi puisque les responsables de cette société croient qu’il est entrain d’être préparer pour les remplacer.
Bétel et moi échangions beaucoup sur son avenir pendant cette période de galère. C’est ainsi qu’il choisit d’être alors qu’il voulait être plutôt Huissier ou notaire. Mais, ceux-ci ne sont pas encore libéralisés au Tchad. Entre temps, l’étude de Me Mahamat Oumar Madani l’a accepté comme avocat stagiaire. Devenu avocat,Bétel n’a pas démérité, ce dont je suis fier.
C’est aussi pendant sa période de galère que Bétel a accepté de surveiller la fondation de l’actuelle Ecole Avenir sise à Moursal dont il est devenu l’avocat attitré. C’est d’ailleurs, grâce à sa vigilance que cette école a échappé à l’arnaque d’une escroque qui veut arracher par des malices dignes d’un western américain.
Lors de son passage à N’Djaména pour s’enquérir des nos nouvelles à l’occasion de notre kidnapping (Ibni, Lol et moi) le 2 février 2008, Idriss Déby Itno a tenté en vain de le convaincre le Président Nicolas Sarkozy de ne pas recevoir un membre de ma famille comme l'ont été pourtant la femme d'Ibni et ses parents.
Prenant son courage à deux mains et le risque évident de sa démarche, le brave Bétel demande une audience à Président Nicolas Sarkozy qui l'a immédiatement reçu en compagnie de Me Mahamat Hassane Abakar en présence de son Ministre des Affaires Etrangères, M. Kouchner, du Secrétaire Général de la Francophonie, M. Abdou Diouf, notamment. Selon les informations obtenues des gens proches du dossier,Bétel n’hésite pas à affronter les deux chefs d'Etat sans ménagement tout en faisant état des menaces de poursuite judiciaire et d'arrestation que le gouvernement tchadien fait peser sur lui et son confrère, Me Mahamat Hassane Abakar. Face à ces menaces, le Président Nicolas Sarkozy tance vertement son pair Idriss Déby Itno en le mettant en garde contre des arrestations des avocats comme ce fut le cas de MM. Lol, Yorongar et Ibni. Depuis lors, on entend plus parler de la mise en œuvre de ces menaces contre Bétel.
Idriss Déby Itno croyait avoir le Président Sarkozy à sa dévotion pour le manipuler alors qu’il fut mon voisin de classe à sciences-po de Paris X-Nanterre et que quelle que soit la teneur de ma légitime réaction à propos de l'arche de Zoé, suite à ses propos déplacés et provocateurs, il ne peut pas céder à la manipulation de Déby. Le Président Paul Stéphan Nicolas Sarkozy Naguy de Bosca n’a-t-il pas déclaré maladroitement, je le cite : «… J’irai les chercher quoi qu’ils aient fait» ces voleurs d’enfants tchadiens ? C’est pourquoi, profondément blessé, j’ai réagi comme lui-même réagirait ainsi s’il s’agissait des enfants français tel que je le connais. Le cours d’un de nos Professeurs sur «une certaine idée de la France du Général de Gaulle» ne nous permet pas consommer un tel défi.
Mon brave Mékon Bétel, repose-toi en paix auprès de ton épouse à Toukra, une enseignante affectée manu militari au Secrétariat Général du gouvernement pour qu’elle ne soit pas affectée hors de N’Djaména où toi, pour des raisons professionnelles tu es astreint à résider.
C’est le chemin à nous tous.
Puisse Dieu, Le Miséricordieux et Père Céleste, accepter ton âme auprès de Lui au Paradis.