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Makaila, plume combattante et indépendante

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Les élections présidentielles au Congo et au Tchad : la boulimie du pouvoir a atteint le summum

 Les élections présidentielles au Congo et au Tchad : la boulimie du pouvoir a atteint le summum

Les élections présidentielles au Congo et au Tchad : la boulimie du pouvoir a atteint le summum  Par Senior Mbary


Après la proclamation des résultats provisoires de l’élection présidentielle du 20 mars au Congo, j’avais publié un article dans la toile de Mr Makaila intitulé : Elections présidentielles de 2016 au Tchad : attention au syndrome congolais. Les faits m’ont finalement donné raison. Les présidents de ces deux pays – Tchad et Congo- ont une boulimie de pouvoir sans égale dans la sous-région.
Hier soir, pour me distraire, j’écoutais de la musique sur la chaîne de télévision Trace qui diffusait un ancien morceau du Reggae man ivoirien, Alpha Blondy, dans lequel il disait, en substance, que la démocratie du plus fort est toujours la meilleure, c’est toujours comme ça et que les chefs d’Etats africains ont la boulimie du pouvoir. Il avait composé cette chanson en hommage au célèbre journaliste burkinabè assassiné par le régime de Blaise Compaoré en 1994.
Mais le plus intéressant à relever est que 22 ans plus tard, cette chanson reste plus que jamais d’actualité par rapport au contexte actuel de la démocratie en Afrique, particulièrement au Tchad et au Congo, deux modèles-frères de dictature qui font l’objet de cet article.
Dans les mois de mars et avril 2016 en effet, lorsqu’on évoque les élections présidentielles en Afrique, instinctivement, on est porté à comparer celles qui se passées au Congo et au Tchad. En se fiant aux décomptes des principaux candidats qui sont proches de la réalité, on se rend compte que les deux présidents ont été éliminés dès le premier tour avec des scores proches de la réalité (Deby 10% et Sassou 8%). Ces résultats traduisent leur rejet total par leur propre peuple.
Si c’était des hommes qui aimaient leur pays et avaient de la dignité, ils allaient s’incliner devant la vérité des urnes mais hélas, leur boulimie de pouvoir les a aveuglés au point qu’ils se sont arrangés pour être élus dès le premier tour en organisant un hold up électoral de la honte avec pour objectif de garder le pouvoir à tout prix. A Brazzaville par exemple, le Secrétaire général du parti congolais de travail (PCT), le parti au pouvoir, l’a reconnu en avouant le PCT avait perdu dans les grandes villes, alors que justement plus de 60% des congolais vivent dans les grandes villes. Pour ceux qui consultent les sites congolais, la déclaration du SG/PCT reste accessible.
Selon les informations disponibles, les deux modèles frères de dictature ont utilisé les mêmes méthodes : fraude à grande échelle par le bourrage des urnes, des menaces, l’achat des cartes de vote et coupures des moyens de communication pendant et après le déroulement des votes. Malgré tous les arsenaux mis en place avec les moyens de l’Etat dans les deux cas, les présidents Deby et Sassou ont mordu la poussière. Eux qui connaissent les vrais résultats savent pertinemment que les temps ont changé et rien ne sera comme avant.


Si au Congo, l’opposition a fini par baisser les bras, par peur ou par réalisme, au Tchad rien n’est encore terminé. On attend de voir si la Cour constitutionnelle prendra en compte ou non de la requête en annulation des élections du 10 avril 2016 déposée par les six principaux candidats de l’élection qui ont contesté les résultats provisoires du premier tour, bien que personne ne doute que cette Cour soit inféodée au régime. N’est-ce pas son président, Mr Nagoum Yamassoum, qui était, par le passé, Secrétaire général du MPS, le parti au pouvoir ?


Lorsque Mr Sassou Nguesso avait organisé le référendum constitutionnel dans des conditions douteuses pour sauter le verrou de l’âge, un journal burkinabè s’était posé la question de savoir si les Congolais allaient rester débout ou couchés face à cette mascarade. Finalement, suite des événements ont montré que les congolais sont restés couchés, par peur ou par stratégie, eux seuls pourraient le dire. La même question est aujourd’hui posée au Tchadiens, eux qui pensaient opérer un changement en sortant massivement pour voter mais leur vote a été honteusement confisqué. Vont-ils rester couchés en avalant la forfaiture de la Cour constitutionnelle qui va valider les résultats provisoires, moyennant un abaissement de quelques points tout en laissant à Deby un score honorable ou vont-ils se lever comme un seul homme et rester debout? Wait and see.

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