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30 Mai 2016
CONFERENCE DE PRESSE
Thème : enlèvement, séquestration, détention arbitraire, actes dégradants et diffamation du président du MNCT, par le Ministre de la Sécurité Publique et de l’Immigration, Ahmat Mahamat Bachir.
Mesdames et Messieurs, les responsables des institutions européennes,
Mesdames et Messieurs, les journalistes,
Mesdames et Messieurs, les responsables des organisations de défense des droits de l’homme,
Mesdames et Messieurs, les conseillers juridiques,
Mesdames et Messieurs, membres de la diaspora tchadienne et africaine en Europe,
Militantes et Militants du MNCT en Europe,
Chers invités,
Nous vous remercions d’avoir honoré notre invitation par votre présence massive à cette conférence de presse relative à mon enlèvement, en tant que président d’un parti dénommé : Mouvement National pour le Changement au Tchad (MNCT).
Mon enlèvement s’est effectué par Ahmat Mahamat Bachir, Ministre de la Sécurité Publique et de l’Immigration.
En effet, le 17 avril 2016 aux environs de 20h, sous prétexte fallacieux d’un contrôle de routine au niveau d’un rond-point du quartier Dembé à Ndjaména. J’étais intercepté par les agents de la police. Quelques minutes après, trois véhicules dont deux pick-up et une voiture de marque Corolla blanche m’ont escortés jusqu’à la sortie de la capitale où se trouve le Commissariat d’Arrondissement N°17.
Arrivé sur place, ma voiture était fouillée ainsi que moi-même, j’ai été dépossédé de mes cartes bancaires et de mon argent puis jeté dans une cellule. Quelques instants, j’entends le commissaire parler au téléphone en disant « j’ai le gros poisson avec moi, j’attends d’un moment à l’autre l’appel du ministre». Disait-il. Puis j’entends venir des véhicules et des personnes qui parlent dans les locaux de la police.
Subitement, trois policiers me font sortir de la cellule et me conduisent dans la cour du Commissariat où se trouvaient quelques policiers et des agents habillés en civils mais armés. Ils m’ont demandé de m’assoir. Soudainement, je vois sortir une dame âgée d’une trentaine d’années accompagnée d’un enquêteur de la police qui lui demandait en arabe tchadien : « madame ! Est-ce que c’est bien la personne ? Elle a répondu par oui ! ».Aussitôt ils m’ont remmené en cellule.
Au bout de 3 heures, quatre agents de la police viennent, ouvrir la cellule puis m’embarquent avec eux vers une destination inconnue. Nous avons parcouru à peu près une quinzaine de minutes de route pour arriver au niveau des Renseignements Généraux(RG). J’étais de nouveau enfermé dans une cellule du 17 au 27 avril 2016.
Cet acharnement du Ministre contre ma personne est inhérent à la rencontre que j’ai eue avec lui, le 04 avril 2016 au sujet d’un militant de mon parti sur qui, il a tiré à balles réelles lors d’une altercation qui les a opposés. A cela s’ajoutent mes contentieux politiques avec le ministre notamment :
Mesdames et Messieurs,
Tous ces faits découlent du fait de mon engagement politique pour la cause de la jeunesse tchadienne privée des libertés, confrontée au problème de chômage, abandonnée à elle-même et exclue du processus du développement de notre pays.
Mon enlèvement intervient dans un contexte politique particulier où pèse une réelle menace d’insurrection populaire qui inquiète les autorités tchadiennes et le Ministre de la Sécurité Publique et de l’Immigration. Il a saisi l’occasion pour régler ses comptes avec ma personne à deux jours de l’annonce du résultat de la présidentielle.
Redoutant une crise post-électorale avec des conséquences, Ahmat Mahamat Bachir a utilisé les moyens de l’Etat pour étouffer toute trace des preuves à ma possession et qui l’accablent certainement.
Après plusieurs jours passés en détention, le 27 avril 2016 aux environs de 16 heures, le Ministre de la Sécurité Publique et de l’Immigration est venu pour ordonner ma libération probablement liée à la pression exercée par les organisations de défense des droits de l’Homme et les institutions internationales sur lui. Ainsi vers 2 heures du matin, j’ai été libéré.
Aussitôt, j’ai quitté le Tchad par le Cameroun où j’ai pris attache avec l’Union européenne qui a intercédé auprès des hautes autorités françaises de m’évacuer vers la France pour garantir mon intégrité physique et morale contre la persécution dont je fais l’objet.
Par ailleurs, je voudrai lancer un appel en direction des organisations humanitaires internationales à venir en aide à M.Achérif Mahamat, pour une évacuation sanitaire urgente afin que la balle qui se trouve dans sa jambe soit extraite.
Grâce aux efforts de l’Union Européenne et de la France, j’ai pu arriver à Paris le 12 mai 2016. Une plainte sera bientôt déposée contre M.Ahmat Mahamat Bachir, par mes conseillers juridiques avec l’appui des organisations de défense des droits humains mobilisées à cet effet.
Je termine mon intervention à remercier le bon Dieu de m’avoir gardé sain et sauf et plus particulièrement :
A toutes et tous, je réitère mon engagement à défendre le peuple tchadien et plaider la cause de la jeunesse au prix de ma vie.
Je rassure les uns et les autres que mon exil est de courte durée car, j’envisage de regagner le pays en vue de poursuivre mon combat pour la démocratie, les droits de l’homme, la paix, la stabilité, l’Etat de Droit, l’égalité citoyenne, la justice pour tous et le développement socio-économique de mon pays.
Je vous remercie
Paris le 30 mai 2016
Mahamat Ahmat Lazina
Président du Mouvement National pour le Changement au Tchad (MNCT)