Makaila.fr est un site d’informations indépendant et d’actualités sur le Tchad, l’Afrique et le Monde. Il traite des sujets variés entre autres: la politique, les droits humains, les libertés, le social, l’économique,la culture etc.
7 Juillet 2016
J’ai lu avec grand intérêt l’article ci-dessus rappelé, publié sur la toile de Mr Makaila le 5 juillet 2016 par Mr Mahamat Ali Hidjazi. Honnêtement j’ai beaucoup apprécié la première partie de cet article mettant en lumière le contraste que présente le Gabon avec toute la richesse qu’il regorge par rapport au niveau de vie de sa population à peine 2 millions. Qui aurait pu douter que le Gabon aurait pu être la Suisse d’Afrique centrale, tout comme le Congo qui, à quelques différences près, est dans la même situation que le Gabon et qui est aujourd’hui, pratiquement en cessation de paiement selon les chiffres circulant sur le net.
Mais là où je ne suis pas du même avis que Mr Mahamat, c’est le fait qu’il veut blanchir coute que coute Mr Ali Bongo et le faire passer plutôt comme une victime du système.
Quelle que soit la méthode de gouvernance de Mr Ali Bongo, c’est bien cette famille qui a pris en otage le Gabon pendant plus 50 ans, avec une gestion privée du pays et le résultat est ce que l’on connaît. La famille Bongo s’est considérablement enrichie pendant que la grande majorité des Gabonais croupissent injustement dans la misère noire. C’est le même constat au Congo-Brazzaville et au Tchad pour ne citer que ces trois pays.
Si Mr Mahamat avait un conseil à donner, c’est de demander à la famille Bongo de se retirer du pouvoir et de laisser la place à d’autres faire leur expérience, parce que le Gabon, à ce que je sache, n’est pas une propriété privée exclusive de la famille Bongo.
En plus, ce que Mr Mahamat considère comme un harcèlement des Gabonais contre Mr Ali Bongo est légitime parce que ce refus des Gabonais se fonde sur une disposition de la Constitution du pays qui dit qu’il faut être Gabonais de souche pour être président de la république. Bien avant la publication de l'ouvrage de Mr Pean, le bruit sur la vraie nationalité de Mr Ali Bongo circulait depuis des années déjà. Je suis persuadé que ça se chuchotait déjà au lendemain de la mort de Bongo père, mais personne n’osait le dire haut pour ne pas « salir » la mémoire du père de l’indépendance gabonaise.
Le problème avec les institutions nationales, c’est leur indépendance vis-à-vis des régimes en place. Elles sont tellement inféodées au pouvoir qu’elles ne peuvent plus s’assumer ou trancher de manière impartiale les questions de portée nationale, reportant ainsi les problèmes année après année. Le comportement des Cours constitutionnelles au Congo et au Tchad lors des dernières élections présidentielles en sont une parfaite illustration. Pour le cas du Gabon, il aurait été simple que la Cour constitutionnelle prenne un acte pour demander que la famille Bongo se soumette aux examens d’ADN pour clore définitivement ce dossier. C’est du reste ce qu’avait demandé un opposant, il n’y a pas longtemps, malheureusement il n’a pas été écouté.
Le problème d’Ali Bongo repose l’éternelle question du respect des textes fondamentaux dans nos pays africains, particulièrement en Afrique centrale, sur fond du refus de l’alternance démocratique. On l’a vu au Congo où Denis Sassou Nguesso a changé la constitution du pays contre l’avis de la population pour se représenter ; au Tchad Deby a fait modifier la constitution en 2005 en faisant sauter le verrou de la limitation des mandats, etc. Ce sont ces comportements qui sont de véritables sources d’instabilité des pays et de vrais freins à leur développement.
Alors, Mr Mahamat, ouvrez grandement vos yeux. Le problème est global et multidimensionnel à la fois. Si vous voulez le ramener à la personne de Mr Ali Bongo, dites-nous d’abord ce que cette famille a fait des richesses énormes générées par les ressources naturelles du pays durant ces 50 dernières années. Je vous prie de poser la même question aux présidents Sassou Nguesso et Deby Itno mais le débat continue.
Senior Mbary