4 Août 2016
Une fois à Yaoundé, le Président de la République Française M. Paul Stéphan Nicolas Sarkozy Naguy de Bosca qui fut le condisciple de de M. Ngarlejy Yorongar en sciences politiques à l’Université de Paris X Nanterre (structures et systèmes politiques), a instruit l’Ambassadeur de France au Cameroun à Yaoundé de mettre un billet d’avion à la disposition du Député Ngarlejy Yorongar pour Paris.
Accueilli à l’aéroport Charles De Gaulle, respectivement par les agents de protocole du Quai d’Orsay, son petit frère Ngarmaïm Yorongar, ses enfants Memsangar et Rokoulmian Yorongar, ses amis et de nombreux journalistes.
Une fois à Paris les amis de M. Yorongar l’attendaient à l’Hôtel Manet où une chambre lui a été réservée. Il s’agit notamment de la Députée Madame Marie-Hélène Aubert, ses Amies et Amis des Associations des Droits de l’homme dont Mme Irène Mandeau d’Amnesty International, Mme Sharon Courtoux de Survie et tant d’autres. Le lendemain, il commença à rendre les visites à tous ceux qui l’ont soutenu durant cette dure épreuve, entre autres, Jean-Paul Tedga directeur de publication d’Afrique Éducation, Christophe Boisbouvier et ses collègues de d’Afrique midi à RFI, Gaétan Mootoo et ses amis d’Amnesty International, le Député Noêl Mamère et ses collègues, M. Denis Pryen des Éditions l’Harmattan, etc.
Le surlendemain, il a rendu visite à Me William Bourdon qui lui a déclaré de go qu’il est entièrement à sa disposition pour le défendre devant les juridictions compétentes. En le prenant au mot, le Député Ngarlejy Yorongar réunit tous les éléments constitutifs des preuves en l’occurrence la version électronique de son livre intitulé « Tchad, démocratie, crimes, tortures et mensonges d’État » illustré par les images des Présidents Nicolas Sarkozy et Idriss Déby entourés de leurs épouses. Dès que le livre a été édité et mis en vente, le Député Ngarlejy a apporté la version éditée à Me William Bourdon. Celui-ci est aussi constitué par les enfants du défunt Ibni Oumar Mahamat Saleh. Le Député Ngarlejy Yorongar attendra et apprendra plusieurs années plus tard avant que les plaintes des enfants d’Ibni Oumar Mahamat Saleh soient déposées au Tribunal de Grande Instance de Paris sans la sienne. C’est alors qu’un de ses amis lui a recommandé un des dirigeants d’une association des Droits de l’Homme. Contacté, celui-ci lui a vivement demandé de voir Me Joseph Bréham. A cet effet, une réunion s’est tenue au siège de cette association pour s’accorder sur les contours de cette plainte. Aussi, cette association accepte-t-elle de se constituer partie civile aux côtés du Député Ngarlejy Yorongar. C’est ainsi que recommandation a été faite au Député Ngarlejy Yorongar de chercher l’adresse en France de M. Ismaël Mahamat Chaïbo qui fut le Directeur de l’Agence Nationale de Sécurité qui procéda, le 2 février 2008, à l’enlèvement, séquestration et tortures physiques et morales dans une des prisons secrètes de l’ANS à Farcha où se trouve un camp militaire à côté duquel sis le jardin personnel et privé d’Idriss Déby.
M. Ismaël Mahamat Chaïbo et son adjoint, M. Gaucher y sont constamment. Rapidement le Député Ngarlejy Yorongar localisa une de ses propriétés privées et personnelles à Courbevoie au pied de la Tour Total à la Défense.
Durant sa séquestration, le Député Ngarlejy Yorongar a vu deux fois M. Ismaël Mahamat Chaïbo quand Ibi Oumar Mahamat Saleh est décédé et ce, pour s’enquérir de sa santé et surtout de son régime alimentaire prescrit par son médecin. La deuxième fois que le Député Ngarlejy Yorongar a vu Ismaël Mahamat Chaïbo, c’est lorsqu’il lui ramena un sac plastique appelé «Déby» rempli de médicaments et une ordonnance médicale dont il cache l’identité du médecin pour lui montrer uniquement la liste des médicaments.
Donc, en refusant de se faire auditionner par la commission judiciaire mise en place par Idriss Déby, le Député Ngarlejy Yorongar a tout à fait raison car il savait que cette commission est un machin pour meubler la galerie comme dirait le Général Charles De Gaulle afin d’enterrer l’affaire. D’ailleurs, c’est sous la pression du Président Jacques Chirac au sommet des Chefs d’Etat de la Francophonie au Caire et sur la recommandation dudit sommet qu’Idriss Déby a créé ce machin à son retour du Caire. Idriss Déby s’est empressé de créer cette Commission dont on connait la conclusion d’avance : le non-lieu. Et c’est ce qui fut fait sans aucune réaction de ses pairs qui l’ont obligé à créer cette Commission ni des Associations des Droits de l’Homme.
Comme les faits d’enlèvement, de séquestration et des tortures de Lol Mahamat Choua, Ibni Oumar Mahamat Saleh et Ngarlejy Yorongar sous menace d’armes de guerre reprochés à Ismaël Mahamat Chaïbo relèvent des tribunaux dotés des compétences universelles, ces faits ne sont pas prescrits pour invoquer le délai de 8 ans.
De même, invoquer que dans le cas d’espèce, il n’y a pas d’enlèvement comme l’ont prétendu les défenseurs de Chaïbo relève de la cécité mentale de la part de ces derniers. L’ANS de M. Ismaël Mahamat a bel et bien enlevé sans mandat, séquestré, battu et torturé physiquement et moralement sous menace d’armes de guerre le Député Ngarlejy Yorongar et ses compagnons d’infortune.
Quant à un certain Idriss Moussa Hachim Strasbourg (France) qui donne à souhait des leçons sur les réseaux sociaux, nous lui reproduisons l’extrait du livre du Député Ngarlejy Yorongar qui recense quelques plaintes que lui et son association dénommée Fondation pour le Respect des Lois et des Libertés (FORELLI) ont adressées au Tribunal de Grande Instance de N’Djaména contre les auteurs des violations des Droits de l’Homme sous le régime d’Idriss Déby, plaintes qui n’ont jamais prospéré.
Voici l’extrait du livre du Député Ngarlejy Yorongar intitulé Tchad, le procès d’Idriss Déby, témoignage à charge, Éditions l’Harmattan, 2003, pages 208-215.
«La Forelli[1], plusieurs fois partie civile : Le programme du parti FAR/Parti Fédération (Fédération, Action pour la République), créé en janvier 1990, dont j’assume la Coordination provisoirement, exige la poursuite devant les tribunaux de tous les coupables de génocides, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, etc.
Dans le premier message adressé à Idriss Déby depuis mon exil de Ouagadougou, en décembre 1990, lui rappelant les engagements que nous avions pris pour justifier le renversement du régime d’Hissein Habré, je lui avais dit qu’il était temps de poursuivre tous ceux qui, au Tchad, sont coupables de crimes de sang et/ou de crimes économiques, à commencer par Hissein Habré. Puis, je lui rappelais sa propre promesse d’organiser des élections libres et démocratiques, sur la base de la réhabilitation de la Constitution de 1960 adoptée par l’Assemblée nationale, alors réellement pluraliste, pour rassurer les Tchadiens qui n’aspirent qu’à la paix et à la démocratie.
Depuis ma sortie de prison, en février 1999, je parcours l’Europe pour sensibiliser l’opinion internationale sur le drame tchadien et solliciter le concours des ONG des droits de l’Homme et de l’environnement, des hommes politiques et des personnalités de la société civile, notamment en France, en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas, en Suisse pour poursuivre les auteurs de ces crimes contre l’humanité.
Lors de mes interventions devant les ONG qui participent à l’assemblée générale de la Commission des Nations-unies pour les droits de l’Homme à Genève, je réclame la traduction devant les tribunaux compétents de tous les auteurs des violations des droits de l’Homme, notamment Hissein Habré et Idriss Déby pour ce qui concerne le Tchad, car dans notre pays les actions judiciaires ne prospèrent pas, comme on va le voir ci-après.
J’adresse, en son temps, à la session de la Commission des Nations Unies pour les droits de l’Homme un message sur le génocide, les massacres, les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité, les crimes économiques au Tchad[2].
En outre, j’adresse le même message aux députés Verts au Parlement européen. Je suis auditionné sur le projet pétrolier tchadien par la mission d’information parlementaire dirigée par la députée Verte Marie-Hélène Aubert, etc.
À travers la Forelli, je travaille à la défense des droits des populations. Ainsi :
Le 24 janvier 1992 : une plainte en justice est déposée auprès du Procureur général de la Cour d’Appel de N’Djaména, par la Forelli, contre les auteurs de l’arrestation et la détention arbitraires de M. Maldom Bada Abbas[3], vice-président du Mouvement patriotique du Salut (MPS), ministre d’État, ministre de l’Intérieur d’alors, et de plusieurs dizaines d’autres personnes arrêtées le 13 octobre 1995 au mépris des lois en vigueur. Sans aucune réaction du Procureur général. Or, selon les articles 221 et suivants du Code de procédure pénale, la garde à vue ne doit pas excéder 48 heures. M. Maldom et ses codétenus sont libérés un an plus tard, grâce aux actions conjuguées de la Forelli et des organisations internationales des droits de l’Homme, dont Amnesty International[4].
Le 21 décembre 1993 : une action judiciaire est engagée auprès du procureur de la République de N’Djaména contre les auteurs de la séquestration par la police de dix étudiants de l’Université de N’Djaména, sans aucun mandat d’arrêt. En effet, dans la journée du 18 décembre 1993, la police avait convoqué dix responsables de l’association des étudiants, le président de l’association des élèves, et le proviseur du Lycée Félix Éboué, pour ensuite les mettre en prison sous divers prétextes. Cette plainte ne prospère pas plus que les autres plaintes.
Le 15 février 1994 : est déposée une plainte de la Forelli auprès du procureur de la République de N’Djaména contre le commandant de la Garde présidentielle pour massacre, assassinat (dont celui de feue Mme Augustine Yogueade), et blessures par balle sur la personne d’Irène Rémadji Ngarnaïndoro (3 ans), fille d’Augustine Yogueade. Une deuxième plainte est aussi déposée auprès du même procureur de la République de N’Djaména contre le directeur de la Sûreté nationale pour détention arbitraire au commissariat de N’Djaména et non-assistance à personne en danger (la petite Irène Rémadji), le 21 février 1992, etc. Transmises pour enquête, le 4 mars 1994, par le Procureur de la République au commandant du Peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie de N’Djaména (PSIG), ces plaintes pour assassinat, acte de barbarie, non-assistance à personne en danger, séquestration, etc. sont restées, comme bien d’autres, dans le tiroir dudit commandant et/ou dans celui du procureur.
Le 8 mars 1994 : la Forelli porte plainte contre le commissaire Ngaïdet Ngartorangal, directeur des Renseignements généraux (RG), et ses complices, pour m’avoir enlevé, séquestré et privé de nourriture, etc.
Cette plainte avec constitution de partie civile contre ce commissaire est adressée au doyen des juges d’instruction du Palais de Justice de N’Djaména. Le 3 mars 1994 à 10h30, sur ordre d’Idriss Déby, deux commissaires des Renseignements généraux, MM. Daïkréo et Krayo, un officier de police et des policiers en armes m’avaient enlevé à mon domicile, sans aucun mandat. Après des navettes dans la plupart des services de police à la recherche de la légalité de cette arrestation, je suis finalement mis à la disposition de la direction de la police judiciaire et du procureur de la République. Ce dernier me relâche pour poursuite “inopportune” après cinq jours de privation de liberté et de nourriture. Les chefs d’accusation contre le commissaire Ngaïdet Ngartorangal et ses complices, commanditaires de cet acte illégal sont : enlèvement sous menace d’armes de guerre, séquestration, privation de nourriture. L’action publique contre les auteurs de ces forfaits est bloquée dans le tiroir du Procureur de la République d’alors, M. Adjib Koulamallah.
Le 15 avril 1994 : une plainte de la Forelli est déposée auprès du Procureur de la République près le Tribunal de Doba contre des militaires bien connus et identifiés qui ont assassiné gratuitement Ndoahasngar Beindé à Béboudja. Ils appartiennent à la protection de l’un des chefs militaires de la place. Selon les informations, ces assassins avaient commis le même forfait à Bodo, raison pour laquelle, ils ont été déplacés à Béboudja. Cette plainte n’a jamais prospéré.
Le 6 juin 1994 : la Forelli et moi portons plainte contre le commissaire Ngartorangal et les officiers de police Maïkambo Saleh, Mahamat Bourma et consorts, pour m’avoir enlevé, le 20 avril 1991 à minuit, et séquestré dans les cellules de la direction des Renseignements généraux. Le 18 avril, réagissant à ma correspondance adressée au ministre italien des Affaires étrangères pour protester contre la remise du prix de la Fondation Umberto Biancamano à M. Idriss Déby aux mains pleines de sang, des policiers en armes, en l’occurrence les commissaires Saleh Maïkambo et Mahamat Bourma, avaient fait irruption à mon domicile à minuit pour m’enlever, me piller[5] et me séquestrer dans les cellules des Renseignements généraux sur ordre d’Idriss Déby. Après ma libération exigée par les promoteurs dudit prix, nous portons plainte pour vol à main armée, enlèvement à l’aide d’arme de guerre et séquestration, mais cette plainte n’a jamais prospéré jusqu’à aujourd’hui. Bien qu’enrôlée, la requête ne prospère pas. Elle est bloquée dans le tiroir du Procureur de la République, M. Adjib Koulamallah.
Le 20 juillet 1994 : une plainte de la Forelli est déposée auprès du Procureur de la République près le Tribunal de Doba contre X pour tentative d’assassinat, coups et blessures volontaires par balles avec préméditation sur la personne de M. André Mbaïndoloum, catéchiste d’une église catholique à Goré (Logone Oriental). Le 4 juillet 1994, celui-ci a eu la visite de deux militaires de la GR basés dans cette ville. Entendant du bruit dans la cour, il sort pour voir ce qui se passe et est accueilli par des rafales tirées à bout portant par les deux militaires : deux balles dans la poitrine et le bras droit sectionné net par balles au niveau de l’épaule. Transporté à l’hôpital de Moundou pour les soins, il finira par mourir. Les auteurs sont connus des autorités locales. Cette plainte est bloquée elle aussi.
Le 20 novembre 1994 : une plainte de la Forelli est adressée au Procureur de la République de Moundou contre le sous-lieutenant Charbo Bok Ahmat (12e bataillon de Krim-Krim), le chef de bataillon Egreye Mahamat (1er régiment de Moundou) et leurs complices et donneurs d’ordre, pour génocide, assassinats, massacres et meurtres des populations civiles inoffensives, vols à mains armées, coups et blessures volontaires, blessures par balles, incendie volontaire de maisons, etc.
En effet, du 12 au 16 août 1994, des éléments de l’ANT, basés à Krim-Krim et à Moundou, placés sous le commandement de leurs chefs précités, se sont livrés aux massacres massifs et collectifs des populations Ngambaye des cantons du Logone Occidental, notamment à Mbalkabra, Kaga, Mballa, etc.
Plus de dix personnes ont été assassinées à Mbalkabra. À Mballa, trois sont tuées et trois autres blessées ; trois chevaux et six bœufs d’attelage enlevés... À Kaga, situé à 30 km au nord de Moundou, dix-huit personnes sont tuées, 187 maisons incendiées, une moto volée, les biens de la population dont ceux du chef de canton pillés…
Comme rapporté plus haut, de passage dans ce village pour rejoindre son foyer à Mbalkabra, Mme Mannodji[6], enceinte, est arrêtée puis égorgée avant d’être éventrée. L’enfant qu’elle porte est extrait et également égorgé à son tour en guise de sacrifice humain. Sont également égorgés, entre autres, MM. Laoumaye Mbaïbelel, commerçant ; Laoukoura Djétobian ; Saïnko Kané ; Dilamreoude ; Béade ; Laoundoh ; Dionkoua et son fils aîné ; Alphonse Bélam et toute sa famille (femmes et enfants) ; Bénam ; Emmanuel Mbaïamnodji ; Mbaïlaou Nédjiyodé ; Mbaïkoubou ; Laoumaye ; Dionmayel ; Laougossou ; Laoukounda Bélelem ; Dillah ; Philippe Mbaïssaï ; Jean Nambaïdjé ; Maurice Namardé ; Justin Yelkom ; Raymond Djékoudjawa ; Gaston Djéragossou ; Gaston Mankaïndion ; Joachim Maïndo ; Eugène Mbayom ; Djérakeï ; Djédouboum ; Alain Dionang ; Mbaïkorem Bidi ; Clément Djékoye ; Mbaïbé Laoumaye... M. Djékoubam Golbé, chef du canton de Kaga, ses goumiers et chefs de villages, sont passés à tabac avant d’être jetés en prison à Moundou puis à N’Djaména. M. Golbé est mort par manque de soins suite à ce traitement inhumain et cruel.
Le 20 novembre 1994 : des éléments de l’ANT, partis de Moundou, sont arrivés à Mbikou et à Bemboura (sous-préfecture de Béboudja) pour y perpétrer des forfaits analogues. Ainsi, M. Pierre Djimnaïbeï, venu de Garoua (Cameroun) pour rendre visite à ses parents frappés par un deuil, a l’œil gauche arraché. Sont arrêtés et déportés à Béboudja, Doba et Moundou : MM. Dambé, Bangreou, Naïnbane, Bangtar et les enfants de Bodomian. Sont blessés : Mme Oumangone, Michel Guemdjé.
La plainte déposée n’a jamais prospéré.
Le 16 janvier 1995 : une plainte est adressée au Procureur général près la Cour d’Appel de N’Djaména contre Monsieur Abderahman Izzo, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, pour violation du siège de la Forelli, séquestration de son président (Ngarlejy Yorongar), violation du cahier des charges de la CNS (Conférence nationale souveraine). En août 1994, au cours d’une émission de Télé-Tchad “Face à Face” à laquelle je prenais part, M. Moussa Doumngor, directeur de la station et animateur de l’émission, avait déclaré : « Il n’y a plus de censure au Tchad ». Le prenant au mot, j’avais décidé d’organiser au siège de la Forelli une conférence de presse pour le mardi 9 août 1994 à 10h, portant sur l’actualité, notamment sur les sujets débattus au cours de cette émission – tels que les violations des droits de l’Homme, la démocratie, le bilinguisme. Le siège de la Forelli reçoit la veille, le 8 août, la visite d’un commissaire du 6e arrondissement de police qui me notifie l’interdiction de la réunion de presse et me somme de téléphoner aux journalistes invités pour la décommander. Devant mon refus, le même commissaire, accompagné d’un autre, fait encercler le siège de la Forelli par des combattants armés, le 9 août 1994 très tôt le matin, avant de rappeler l’interdiction de cette conférence de presse. Pendant ce temps, des journalistes attendent au siège : Mme Maïmouna Djarari et ses techniciens (Télé-Tchad), M. Djéndoroum et son photographe-reporter (N’Djaména-Hebdo), Mme Sy Koumbo Singa Gali et son photographe-reporter (Contact), un journaliste de Radio Présence, etc.
Avant que les journalistes ne quittent le siège de la Forelli, je leur distribue copie de ma lettre du 28 juillet 1994 par laquelle j’informe le ministre Abdérahman Izzo de la tenue de la conférence, lettre sur laquelle il avait, le 5 août 1994, porté des annotations qui ne souffrent d’aucune équivoque : « Il est formellement interdit à cet individu sous quelques raisons que ce soit de tenir une réunion où que ce soit. La sûreté doit prendre toutes les dispositions utiles et nécessaires pour exécuter le présent ordre».
Cette plainte, comme les autres, n’a jamais prospéré.
Le 18 janvier 1995 : une plainte de la Forelli est déposée contre le ministre des Travaux publics et des Transports, M. Ésaïe Tchadna Deh, membre dirigeant de VIVA-RNDP, et/ou ses complices, pour avoir personnellement roué de coups et coupé l’oreille de M. Djimadoum. Cette requête est également bloquée par le Procureur de la République, etc.[7].
Plusieurs dizaines de plaintes sont déposées auprès des différents parquets d’instance et du Parquet général contre les auteurs de ces horreurs au quotidien, sans qu’elles aboutissent. D’où mon pressant appel à Genève des 20 et 21 avril 1999 lors de la 55ème session de la commission des droits de l’Homme des Nations-unies pour traduire devant les tribunaux à compétence universelle les auteurs de violations des droits de l’Homme comme Idriss Déby etc..
[1]. Fondation pour le respect des lois et libertés (Forelli). Une ONG des droits de l’Homme et de l’environnement.
[2]. Intervention faite par M. Yorongar devant la 55ème session de la Commission des Nations-unies pour les droits de l’Homme (défenseurs des droits de l’Homme), du 20-21 avril 1999.
[3]. Libéré de la geôle sise au sous-sol de la Présidence de la République, il est nommé premier vice-président de l’Assemblée nationale.
[4]. À la libération de Maldom Bada Abbas, Idriss Déby décide de faire tomber quelques têtes des Hadjéraï à titre d’avertissement. Il ordonne aux cadres politiques de son parti, le MPS, originaires du Guéra, d’aller dans la région prêcher la réconciliation. Nombre de rebelles Hadjéraï sortent de leurs cachettes pour se jeter dans la gueule des loups. Mahamat Abacha est extirpé de la voiture du préfet, Adoum Acyl, et exécuté en présence de Moussa Khadam, ancien ministre ; Mahamat Bachar Gadaya, ancien président du CST, etc. Le trésorier payeur de Melfi, M.Abdoulaye Bachar Gadaya, est arrêté et exécuté en présence de son frère, Mahamat Bachar Gadaya, chef de la délégation. Les lieutenants Bani Lagamour et Doungous sont assassinés de la même manière.
[5]. Ma femme, dont le premier mari est mort dans les prisons de la DDS, a avorté d’un enfant sous le choc provoqué par mon arrestation.
[6]. Mmes Mannodji, Yogueade Augustine et la petite Irène Rémadji dont le thorax et sa cuisse droite sont arrachés et perforés par les balles qui ont tué sa mère (Yogueade Augustine) sont les symboles de la barbarie d’Idriss Déby au Tchad.
[7]. À l’époque des faits, M. Kassiré Delwa Coumakoye est Premier ministre en poste. Ceci explique cela.