10 Août 2016
Oui c’est ainsi que la cérémonie d’intronisation de Deby Itno pourrait être qualifiée. Une investiture de la honte sous-tendue par un discours mensonger.
En effet, c’est une honte pour Deby Itno parce qu’il n’as pas gagné les élections du 10 avril 2016 malgré l’ampleur jamais égalée de la fraude et un discours mensonger parce que cet homme n’a jamais respecté sa parole donnée qui est sacrée pour un militaire de ce rang comme lui.
En dehors des candidats respectés de l’opposition, Deby lui-même, son parti le MPS, toutes les chancelleries et l’Etat-Major de l’Opération Barkhane à N’Djaména disposent ainsi des vrais résultats et savent très bien que Deby a été rejeté par la population. Il n’a pas été élu comme il ne l’a d’ailleurs jamais été au paravent.
Le postulat de départ était que Deby doit gagner à tout prix les élections de 2016. Ceux qui disaient que le jeu était d’avance fait et que l’opposition, en acceptant d’aller aux élections, a fait le jeu du pouvoir ont eu peut-être raison mais il ne fallait pas aussi laisser la chaise vide, donnant ainsi l’occasion d’enterrer vivant l’aile crédible de l’opposition politique. La stratégie mise en place a été efficace et payante parce que cette stratégie a contraint Deby à montrer, une fois de plus, son vrai visage de monstre à plusieurs têtes.
Deby a, certes, réussi à arracher par la force son 5ième mandat mais du fond de lui-même, il est actuellement rongé par son échec cuisant et personnel ; en plus, cet échec a été médiatisé et connu du monde entier, même si par hypocrisie ou par intérêt, les présidents et autres personnalités ont assisté à son investiture, en dehors bien sûr de ses pairs dictateurs africains bien connus, qui sont là pour soutenir leur camarade de la confrérie, comme l’a fait observer le journal burkinabè, Le Pays, rapporté par Tchadactuel ce 10 août 2016.
Le discours de Deby à son intronisation n’était qu’un tissu de mensonges grossiers. Ce discours a été rédigé, comme on le sait, pour la consommation de l’extérieur car Deby n’a jamais tenu ses engagements vis-à-vis de sa population et les tiendra jamais. Parce que ce qui compte le plus pour lui, c’est le pouvoir et l’intérêt de son clan et de sa belle-famille qui priment sur tout le reste. Je l’ai d’ailleurs relevé dans un de mes précédents articles dans la toile de Makaila. Et il l’a encore récemment démontré en choisissant son neveu pour le poste de Gouverneur de la BEAC alors qu’il y a des candidats de grande valeur, plus compétents et plus expérimentés que lui.
En 2005, Deby a fait modifier la constitution pour faire sauter le verrou de la limitation des mandats alors que, quelque mois au parent, il a juré les mains sur le cœur, en disant que bien qu’il aura la possibilité de le faire, il ne changera pas la constitution pour se représenter. La suite, on la connaît.
Je le mets au défi d’aller jusqu’au bout de son récent engagement de faire auditer toutes institutions de la république et de faire appliquer les recommandations par des mesures appropriées. Et je prends dès aujourd’hui le peuple à témoin. Mais l’histoire d’arrestation de son petit-frère et ex-DG de la Douane, qui s’est terminée en queue de poisson rappelle la nature de cet homme, né avant la honte, qu’il ne faut rien attendre de bon de lui.
C’est donc par rapport à tout cela que j’ai critiqué la versatilité de Mr Brice Mbainou. Et Mr Maina Abel a estimé que j’ai tiré à boulet rouge sur ce vrai-faux opposant. Pour Mr Maina, le problème viendrait des opposants eux-mêmes. Ce qu’il a oublié, c’est que la démocratie se construit avec le temps et à partir des erreurs du passé. Il est vrai que la plupart de ces opposants ont servi ce régime et c’est de l’intérieur qu’ils ont senti la pourriture qui l’enveloppe et en sont sortis. Mr Saleh Kebzabo, en particulier, est mieux placé, pour nous en parler. Lui qui a supporté Deby dans les élections de 2001 contre un autre candidat de l’opposition, en espérant faire changer les choses de l’intérieur mais s’est rendu à l’évidence que Deby ne changera jamais de lui-même et s’en est allé. J’ai aussi critiqué la méthode de Mr Mbaimon parce que, en créant son parti, il aspire à diriger un jour le Tchad et lorsqu’on a une telle ambition, on ne se comporte pas de cette façon, en quittant brutalement une coalition qu’il a contribué à asseoir parce qu’il y a occupé un poste important au sein de la coordination. Cette remarque est valable aussi bien pour Mr Mbaimon que pour les autres opposants et hommes politiques tchadiens en général.
Heureusement, les opposants comme Mr Brice Mbaimon et Gali Gata Ngoté qui ont retourné leur veste, ne pèsent rien du tout d’un point de vue de voix, en termes de votes, dans les élections d’avril 2016. Ils sont comparables aux petits revendeurs détaillants, communément appelés « tabliers » dont la production n’a aucun effet sur l’économie nationale.
Au regard des résultats des élections présidentielles de 2016, les vrais opposants qui sont capables de mobiliser la population et faire basculer les choses au Tchad sont au nombre de quatre : MM. Kebzabo, Laoukein, Alhabo et Djimrangar. Deby, le MPS et les chancelleries le savent bien. L’acharnement sur ces opposants qui a commencé, avec la convocation de Mr Kebzabo par le Procureur, va probablement se poursuivre avec les autres. Le seul objectif visé sera de briser l’élan patriotique légitime qui les anime, afin de les intimider et les décourager au maximum. Mais Deby Itno doit savoir que ces 4 dignes fils du pays ont derrière eux plus de la moitié de la population. Nous en saurions davantage les jours, semaines et mois à venir.
Senior Mbary