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1 Octobre 2016
FRONT de l’OPPOSITION NOUVELLE pour L’ALTERNANCE et le CHANGEMENT
CONFERENCE DE PRESSE LE 1er OCTOBRE 2016
DECLARATION LIMINAIRE
Mesdames et Messieurs les journalistes,
Chers Amis,
Je vous remercie d’avoir répondu à notre invitation de prendre part à cette conférence de presse tant attendue par notre opinion.
Depuis un mois exactement, les évènements se précipitent dans notre pays, après la publication par le gouvernement de quelques « mesurettes » dont nous pensons qu’elles n’auront aucun impact sur la catastrophe qui s’est abattue sur notre pays. Nous l’avons démontré dans notre dernier communiqué.
Cette situation était d’ailleurs prévisible depuis quelques années. Le signal le plus visible était la décision du gouvernement prise en décembre 2015 d’avouer son incapacité d’organiser le sommet de l’Union Africaine qui devait se tenir en juillet 2016 à N’Djaména. Depuis au moins un an, avant cela, les observateurs avertis le savaient déjà, mais le gouvernement n’en avait pas cure, il tenait à « son » sommet pour démontrer la « puissance » du Tchad. C’était dans la foulée de l’intervention de nos troupes au Mali, sans aucune garantie de prise en charge : une aventure guerrière qui a coûté et coûte encore extrêmement cher aussi bien en pertes humaines que matérielles et qui a saigné à blanc nos finances déjà exsangues.
Est-il besoin de remonter plus loin pour rappeler les recommandations, puis les injonctions de nos partenaires financiers sur le peu d’orthodoxie de notre gestion calamiteuse ? Même pour atteindre le point d’achèvement de l’IPPTE, nos partenaires ont du fermer les yeux pour nous accorder le quitus, car nous étions le dernier pays au monde à ne l’avoir pas atteint. Nous sommes d’ailleurs les derniers dans les indices internationaux et ce, dans tous les domaines, point n’est pas besoin de le rappeler. Malgré ces tristes performances, le président Idriss Déby Itno s’accroche au pouvoir qu’il refuse de quitter de sitôt, comme il l’a démontré lors de la dernière présidentielle. Sèchement battu et vomi par le peuple, il a refusé d’aller à un deuxième tour, jugé trop hasardeux et dangereux pour lui qui s’est retrouvé loin derrière le peloton, comme un petit candidat qu’il est.
Depuis 26 ans qu’il dirige notre pays, Déby l’a transformé en un tas de ruines sur lesquelles il trône sans honte aucune. Et pourtant, il a eu toutes les opportunités pour nous réconcilier et nous rassembler afin de développer notre pays grâce aux ressources intarissables de l’agriculture et de l’élevage abandonnés à leur triste sort. Parce que Déby a mis en place un système de prédation avancée, le Tchad est aujourd’hui en panne et en état de cessation de paiement. Et pourtant, que n’avons-nous pas dit depuis plusieurs années pour mettre en garde le pouvoir contre les risques encourus par sa gouvernance calamiteuse et coûteuse ?
Les résultats sont là, palpables : l’Etat tchadien est une pure fiction, incapable de faire face à ses obligations élémentaires et régaliennes. Il est obligé de regarnir ses caisses en frappant les sociétés pétrolières, hier les Chinois, aujourd’hui ESSO. Au niveau de la BEAC, même la RCA qui sort d’une guerre fait mieux que le Tchad dans certains domaines. C’est dire… La signature du Tchad n’est plus honorée par aucune banque où il traîne des ardoises faramineuses. Que d’occasions manquées ! Où sont donc passés les revenus du pétrole estimés à 9 100 milliards de francs engrangés entre 2004 et 2013 ? Nous sommes en droit d’interpeller le gouvernement qui a l’obligation de nous rendre des comptes. Notre argent a été dilapidé pour permettre à une infime minorité de s’enrichir, tandis que la grande majorité croupit dans la misère.
Oui, nous exigeons des comptes sur : la gestion des chantiers arrêtés, la gestion des projets tels que le PNSA, l’ONASA, le montage des tracteurs, les chantiers payés et non livrés, les différents Fonds, le chantier de l’ONRTV, les travaux de rénovation et d’extension de la Présidence de la République, les villas présidentielles de l’UA, les hôpitaux Mère et Enfant et de La Renaissance, le campus de Toukra, les casernes militaires, les équipements de l’armée et de la police, le bitumage des rues urbaines et des routes nationales, la gestion des Grands Travaux présidentiels, les dépenses liées aux fêtes du 1er décembre, la gestion de la Sotel et de l’Autorité de régulation des communications électroniques et postales, les taxes imposées aux sociétés de téléphonie mobile… et la liste n’est pas exhaustive.
C’est en effectuant ces contrôles que le gouvernement pourra récupérer des centaines de milliards de francs volés et dont une partie est planquée à l’extérieur, dans les paradis fiscaux : plus de dix mille milliards de francs ont ainsi pris cette destination ou ont été investis dans l’immobilier dans des pays bien connus. Pour accroitre les ressources, le gouvernement doit restructurer les régies financières en plaçant à leur tête des hommes compétents et honnêtes.
Au lieu de prendre de vraies mesures pour diminuer le train de vie de l’Etat comme l’exige la situation, le gouvernement se contente de « mesurettes » sans aucune portée. De vraies économies, il peut en faire et en voilà quelques unes :
Mesdames et Messieurs les journalistes,
Il n’est un secret pour personne que l’administration tchadienne ne fonctionne plus, non pas du fait des grèves, mais surtout par manque de moyens. Le système actuel est arrivé au bout de sa logique et le président Déby n’a plus de ressorts pour reprendre le pays en main. Les mesures que nous avons esquissées plus haut, qui ne sont pas exhaustives, ne peuvent pas être mises en œuvre par le pouvoir actuel qui est disqualifié.
Les Tchadiens doivent se mettre ensemble pour imaginer des mécanismes de substitution, maintenant, tout de suite, avant qu’il ne soit trop tard. Le départ du président Déby me parait inévitable : s’il aime réellement son pays, il a l’obligation morale de l’accompagner vers une sortie de crise tranquille et concertée, afin que tout se passe dans le consensus pour éviter le chaos. Sans aucune forfanterie, nous en appelons à toutes les forces vives du pays de s’unir pour cela.
En attendant ce moment déterminant et crucial pour l’avenir de notre pays, le FONAC :
Mesdames et Messieurs les journalistes, je viens de vous livrer la position du FONAC sur la situation que vit le Tchad. J’invite instamment les forces démocratiques à conjuguer leurs efforts dans cette phase cruciale. Je suis maintenant à votre disposition.
N’Djaména, le 1er octobre 2016
Pour le FONAC,
Le Coordonnateur
Saleh KEBZABO