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Makaila, plume combattante et indépendante

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Tchad: OBERVATIONS SUR LES 16 MESURES DU GOUVERNEMENT PAHIMI II

Tchad: OBERVATIONS SUR LES 16 MESURES DU GOUVERNEMENT PAHIMI II

OBERVATIONS SUR LES 16 MESURES DU GOUVERNEMENT PAHIMI II

Interview par le député Salibou GARBA, Président de l’AND et Rapporteur de la CPDC, le 11 octobre 2016

 

Les 16 mesures décidées par le Gouvernement, pour selon lui faire face aux difficultés financières qu’il éprouve, sont dérisoires, trop superficielles, injustes et contre-productives.

 

Elles sont dérisoires parce que ces mesures de quasi- suppression des indemnités, qui constituent en fait un retour au demi-salaire, représentent moins de 1 milliard d’économie, sur les quelque 35 milliards de masse salariale mensuelle.

 

Elles sont trop superficielles parce qu’elles n’effleurent pas les causes des difficultés financières du pays. Beaucoup de compatriotes l’ont martelé, individuellement ou collectivement dans le cadre de diverses organisations, syndicats, partis politiques, associations diverses. En effet, elles ne visent pas les racines de la crise financière, qui provient à l’évidence de la gabegie qui est une des marques de fabrique du régime MPS. Laquelle gabegie qui s’est manifestée par :

 

  • Les mesures d’accompagnement convenues avec les institutions financières internationales, de la Banque mondiale en particulier, pour accompagner le production pétrolière ont été balayées d’un revers de la main, comme ce fut le cas des 5% des générations futures qui devraient aider à faire face au tarissement du produit et aux fluctuations des prix

 

  • Une création à profusion des structures et des postes pour caser parents et amis ; c’est le népotisme et le clientélisme à un niveau ahurissant ;

 

  • Toutes les institutions et services de l’Etat ont connu une hypertrophie de leurs organigrammes ; à l’Assemblée nationale par exemple, on est passé de moins de 200 conseillers agents administratifs et personnel d’appui à plus de 700 ; certains départements ministériels sont passés de quelques directions à plus de 10, voire 20 directions ; le nombre de régions, départements, sous-préfectures, cantons et villages a été multiplié par 5, 10, voire par plus de 100 pour certaines unités.
  • Les émoluments ne correspondent pas au travail réellement effectué : beaucoup d’agents recrutés n’ont pas de bureau et perçoivent salaire et autres indemnités ; je suis député, je sais de quoi je parle.
  • Les détournements et la corruption sont devenus des pratiques normales : aucune dénonciation de ces actes, aucun rapport d’enquête ou de contrôle sur ces comportements, n’a fait l’objet d’une procédure judiciaire qui est allé jusqu’à son terme. Mieux, les auteurs de ces malversations connaissent des promotions fulgurantes, les exemples sont légion.

 

Par ailleurs, comment on a pu passer d’une masse salariale d’environ 7 milliards par mois au début des années 2000 à quelque 36 milliards, voire plus actuellement ?

 

Il découle de ces constats que toute mesure d’assainissement financier qui ne s’attaque pas à ces problèmes et à ces comportements déviants est non seulement inefficace, elle est surtout perçue comme une énorme injustice par tous ceux qui gagnent leur vie à la sueur de leur front. Déjà que l’écrasante majorité de ces travailleurs vivent dans une précarité stressante, traumatisante.

 

Dans une situation de crise, s’en prendre aux bourses des étudiants, c’est la mesure à proscrire, c’est la ligne rouge.

 

On ne peut pas non plus comprendre qu’un gouvernement, qui fait adopter un Collectif budgétaire fin juin – début juillet, prenne, un mois et demi seulement après, des mesures correctives de ce même budget. On nage dans le pilotage à vue, dans l’improvisation. Gouverner, c’est prévoir. Ne pas être en mesure de prévoir pour des délais aussi courts (moins de 2 mois), c’est tout simplement,….épatant !

Evidemment, ces mesures sont contre-productives car, en plus de l’arrêt des investissements, de l’arrêt du fonctionnement de nombre de services et institutions de l’Etat, elles conduisent à la fermeture des écoles et de tous les centres de santé de l’Etat d’une part, et jettent les enfants dans la rue, cailloux à la main, sous le regard impuissant des parents que nous sommes, d’autre part.

Non, non et non. Ces mesures ne revigoreront pas la santé financière de l’Etat ; elles plongent le pays dans un marasme qui est entrain de dépasser celui qu’on a connu aux pires heures de la crise de la fin des années 70 et des années 80. Le gouvernement doit tout simplement rapporter ses 16 mesures et s’attaquer aux véritables causes de cette banqueroute de l’Etat. Il est urgent de le faire, le chaos pointe déjà son nez.

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