6 Octobre 2016
Interview avec Kaar Kaas Sonn, écrivain-artiste tchadien, initiateur de la 1ère édition de la rentrée littéraire tchadienne.
Initiateur de la première édition intitulée, Rentrée Littéraire Tchadienne,, Flavien KOBDIGUE connu sous le nom de Kaar Kaas Sonn, écrivain et artiste tchadien revient sur cet évènement qui a fait couler beaucoup d’encre et salive dans les milieux de la diaspora tchadienne.
Il explique ses motivations et les raisons qui l’ont poussée à organiser cette rencontre autour du livre tchadien tout en apportant d’éclaircissement à certaines questions relatives aux absences de certaines figures de la littérature tchadienne qui n’ont pas honoré l’évènement par leurs présences.
Makaila.fr : Bonjour Kaar Kaas Sonn ! Vous êtes initiateur de la première édition de la Rentrée Littéraire Tchadienne en France. Quelle était votre motivation et pourquoi une telle initiative ?
Kaar Kaas Sonn : Bonjour et merci. Inspiré par ce que font des amis congolais et gabonais, je me suis dit pourquoi pas un tel événement qui permette de mettre en lumière les auteurs du Tchad ? C’est finalement une occasion d’amener le livre vers le lecteur, car les tchadiens sont en besoin d’écrire et de lire. C’est donc une occasion de faire se rencontrer le livre et le lecteur.
Makaila.fr : comment avez-vous procédé à la sélection des auteurs tchadiens ?
Kaar Kaas Sonn : Il n’y a pas eu sélection d’auteurs. Pour cette première, j’avais fait passer le message aux confrères pour qu’ils me fournissent des éléments (identité) pour établir une fiche auteur à exposer dans les locaux de l’ambassade à Paris. Celles et ceux qui ont fourni ces éléments ont eu une fiche.
Makaila.fr : quel était votre levier de mobilisation et les moyens utilisés pour une telle rencontre ?
Kaar Kaas Sonn : Tout était basé sur la motivation personnelle de chaque auteur. Je voulais par là prouver qu’on pouvait faire des choses simples en tant que citoyen. J’y ai mis mes propres moyens et l’ambassade a appuyé en nous accueillent. L’Ambassadeur a offert un grand repas et s’est montré très disponible. C’est un grand monsieur.
Makaila.fr : pourquoi avez-vous choisi l’Ambassade du Tchad pour organiser cette assise alors qu’elle est jugée inappropriée, pas neutre pour accueillir un tel événement de portée historique ?
Kaar Kaas Sonn : Bien au contraire ! L’ambassade du Tchad est le seul lieu qui me paraissait idoine pour abriter un tel événement. La Rentrée littéraire concerne le Tchad, il ne peut y avoir un autre endroit plus indiqué.
Makaila.fr : certains compatriotes disent vous avoir fortement conseillé d’organiser ailleurs cette Rentrée Littéraire Littéraire et que vous avez fait preuve d’intransigeance pour maintenir l’Ambassade du Tchad. Vous leur dites quoi ?
Kaar Kaas Sonn : L’ambassade est un peu un « bout du territoire tchadien » et un tel événement culturel ne pouvait se faire ailleurs qu’en son sein. Il se trouve que certains de nos frères sont dans une situation qui ne leur permet pas de venir à l’ambassade, je le regrette, mais ce n’est pas une raison pour faire cet événement ailleurs. N’oubliez pas que la situation n’était pas simple non plus pour l’ambassade elle-même. Certains ne comprennent pas pourquoi on me laisse faire ça au sein de la représentation, moi qui suis plutôt critique envers le régime. Mais l’Ambassadeur a su faire preuve de grandeur d’esprit, il a privilégié l’intérêt et l’image du Tchad. C’est l’occasion de saluer cet état d’esprit tout à fait patriotique. Cette rentrée est historique, il faut s’en féliciter.
Makaila.fr : Avez-vous pensé aussi aux réfugiés et demandeurs d’asile tchadiens qui ne peuvent assister à cette rencontre dès lors qu’elle est organisée à l’Ambassade du Tchad ?
Kaar Kaas Sonn : Oui, mais je n’ai pas vocation à gérer ce type de situation. J’aurais pu faire ça en dehors de l’ambassade et ça n’aurait pas eu la même portée. Je ne suis ni opposant, ni réfugié, ni demandeur d’asile, mais citoyen intellectuel qui utilise son potentiel à faire connaître l’écriture du Tchad.
Makaila.fr : certains écrivains de renommée internationale comme Ahmat Bichara Zeidane, Sammy Passalet et Frank Kodbaye auteurs des brillantes œuvres ont brillé par leur absence. Comment expliquez-vous cela ?
Kaar Kaas Sonn : Et ils ne sont pas les seuls, mais l’explication est toute simple : ils ne m’ont pas fourni les éléments demandés pour faire leur fiche. L’événement se voulait mutuel. D’ailleurs, je tiens à remercier toutes celles et tous ceux qui y ont contribué.
Makaila.fr : quel bilan tirez-vous de cette première édition ?
Kaar Kaas Sonn : Le bilan est au-delà de mes espérances. Voilà une occasion de se retrouver autour du livre tchadien. Le livre tchadien doit vivre et nos auteurs méritent d’être connus. Cette première rentrée est une ouverture et nous allons poursuivre l’aventure sous diverses formes. On en fera au Tchad, on pourra aussi venir au Salon du livre à Paris. Je commence à être connu et entendu, cela crée des réseaux à mettre au bénéfice de mes sœurs et frères qui écrivent. Il y avait des étrangers (gabonais, congolais, camerounais, guinéens, etc.) ce jour-là. L’objectif était atteint.
Makaila.fr : quels sont les manquements que vous avez relevés et que comptez-vous faire pour améliorer cette première édition pour éviter des frustrations de vos compatriotes ?
Kaar Kaas Sonn : Pas de manquements en tant que tels. Tout s’est passé comme prévu. Je ne cherche pas à contenter certains tchadiens et mécontenter d’autres. Je rêve juste de faire quelque chose d’utile pour l’écriture du Tchad. Les prochaines éditions auront lieu toujours à l’Ambassade.
Propos recueillis par Makaila Nguebla