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31 Décembre 2016
2016, une année douloureuse s’achève au Tchad : quelle perspective pour 2017 ?
A quelques heures de la fin de l’année 2016, qui s’écroule en laissant place à une autre, il convient de revenir sur les différents événements qui ont fait l’actualité nationale.
A l’instar du reste du monde, le peuple tchadien va célébrer, le réveillon, ce 31 décembre 2016. L’année 2016, a été douloureuse et pénible pour les Tchadiens en général.
En effet, la gestion paternaliste et clanique de la chose publique par Idriss Deby au pouvoir depuis 26 ans, n’est pas étrangère à cette situation difficile que traversent, aujourd’hui, les Tchadiens.
Réputé par sa répression à la tête du pays, le régime d’Idriss Deby n’a offert aux Tchadiens, aucune possibilité de contestation sociale de sa gouvernance politique. C’est dans ce cadre que plusieurs actes de répression ont ensanglanté le pays en 2016, entre autres :
Affaire Zouhoura
En février 2016, l’affaire Zouhoura du nom de cette jeune fille lycéenne, a défrayé la chronique médiatique sur le Tchad. Zara Mahamat Yesko, alias Zouhoura, a été enlevée sur le chemin du lycée, violée et humiliée par des jeunes issus de la galaxie au pouvoir.
Réaction populaire. Plusieurs manifestations de protestation ont eu lieu, à Ndjaména, à l’intérieur du pays et à l’étranger pour réclamer justice et exiger des autorités de condamner les auteurs de ce délit abominable. Ils ont été relâchés. Ces manifestations ont vacillé le régime sans l’ébranler. Deby a résisté, son pouvoir sauvé !
Période pré-électorale : les leaders de la société civile embastillés
Plusieurs membres de la société civile, ont été arrêtés et détenus arbitrairement pour avoir initié une campagne contestant la candidature d’Idriss Deby à un cinquième mandat à la tête du Tchad pour l’élection d’avril 2016. Parmi eux : Mahamat Nour Ahmed Ibedou (C.T.D.D.H), Younous Mahadjir (UST), Nadjo Kaina (Iyina), Céline Narmadji (Trop c’est Trop) et enfin Dr Albissaty Saleh Allazam (C.T.D.D.H).
Ces arrestations interviennent à l’approche de la présidentielle. Le régime tchadien décapite la société civile et organise une mascarade électorale.
Election et disparition des militaires
Pour n’avoir pas voté le candidat sortant, Idriss Deby, plusieurs militaires ont été arrêtés, torturés puis emprisonnées dans des lieux inconnus. Ils n’ont pas réapparu depuis avril dernier. Ceux qui ont réussi à se sauver ont témoigné, avoir été torturés et interrogés sur leur refus de n’avoir pas voté Deby. Ces disparitions des militaires, ont suscité des réactions d’indignation dans les rangs des organisations internationales de défense des droits l’homme sans avoir un effet réel sur le régime. Car, aucune enquête au niveau international n’a été ouverte et la justice tchadienne a clos l’affaire.
10 avril : élection bernée et remportée par Deby
Pour la première fois, dans la tradition électorale au Tchad, la biométrie a été introduite. Ayant cru de manière naïve à une règle libre, démocratique et transparente à l’aide de la biométrie, de nombreux tchadiens se sont déplacés pour élire les différents candidats en lice. Parmi eux, le sortant, Idriss Deby. Même si l’élection s’était déroulée dans le calme, elle a été entachée d’irrégularités et la fraude a eu bel et bien lieu en amont et en aval.
Selon les résultats rendus publics par l’opposition, le candidat Saleh Kebzabo a été élu, devançant de loin Idriss Deby. Mais, les résultats rendus publics par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), organe gouvernemental acquis à la cause du pouvoir, sont loin de refléter la volonté populaire, Idriss Deby est réélu !
Crise sociale profonde
Confronté à un marasme économique qui découle de sa mauvaise gouvernance et de sa culture de prédation généralisée des deniers publics, le pouvoir d’Idriss Deby est aujourd’hui, incapable d’honorer ses engagements sociaux avec les travailleurs mobilisés au sein des organisations syndicales.
Depuis quatre(4), tous les secteurs vitaux de l’Etat sont paralysés par une grève généralisée : les écoles sont fermées, les hôpitaux sont déserts, les malades meurent. Les autorités peinent à convaincre les travailleurs à reprendre le travail.
Dans un enregistrement audio diffusé sur les sites proches de l’opposition et repris sur les réseaux, Idriss Deby a rompu le silence pour se prononcer sur la crise sociale que traverse le pays et justifier sa mauvaise gestion. Il rate sa sortie en menaçant de nouveau, les travailleurs allant jusqu’à brandir l’éventualité de dissoudre les syndicats qui s’opposent à lui.
Bref, c’est dans ce climat de tension généralisée que s’achève l’année 2016, secouée par des graves crises sociales. Les travailleurs vont fêter dans la morosité et entamer l’année 2017 avec les mêmes inquiétudes.
Quelles perspectives ?
Refusant l’arrogance et le mépris d’Idriss DEBY, plusieurs acteurs politiques et responsables des organisations de la société civile et des mouvements citoyens, ont enfin, décidé de surmonter les difficultés liées au « moi impérial », pour créer une plateforme inclusive et unir leurs forces afin de lutter véritablement contre le pouvoir en 2017. Ils ont créé, le Mouvement d’Eveil Citoyen(MECI) qui se fixe comme objectif d’ « agir ensemble avec toute la population pour relever les défis du changement et aspiration légitime du peuple à une vie meilleure que ne peut éviter le pays ». Dans une déclaration transmise à la presse, ce vendredi 30 décembre 2016.
La rédaction de makaila.fr souhaite à ses lecteurs et aux militants tchadiens une bonne et heureuse année 2017, qui soulage la peine du peuple tchadien !
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