27 Décembre 2016
LE POUVOIR EST AUX ABOIS !
VIVE
En réponse à la proposition de « trêve sociale » que lui avait faite le premier ministre Pahimi Padacké Albert, lors des deux rencontres des 24 novembre et 12 décembre, dont celui-ci avait pris l’initiative, la plate-forme syndicale responsable du mouvement social qui paralyse depuis trois mois des secteurs importants de l’administration, notamment l’Education et
Mais, alors que, lors des deux rencontres qu’il avait organisées lui-même, il avait fait part de sa disponibilité à dialoguer en vue d’une solution négociée, dès la publication de ce communiqué, le pouvoir a réagi violemment, jetant bas les masques, montrant ainsi aussi bien son vrai visage dictatorial que ses véritables intentions cachées : le 23 décembre, intervenant à la télévision pour faire le compte rendu du conseil des ministres, d’un air martial, qui sied fort bien à l’image du parvenu insolent qu’il veut donner de lui-même, Abdoulaye Fadoul, le truculent ministre secrétaire général du Gouvernement chargé des réformes et des relations avec les institutions, a déclaré que les autorités avaient décidé de ne plus dorénavant payer les jours de grève. Une proposition serait faite à l’assemblée pour qu’une loi soit votée dans ce sens. Le lendemain, le 24, cinq ministres, responsables des secteurs paralysés par la grève ou ayant des rapports avec celle-ci, celui de
C’est d’abord, Abdelkérim Séïd Bauche, le ministre de
Menaces, admonestations, accusations gratuites en vue de discréditer la grève et la plate-forme syndicale qui la dirige, telle est donc la quintessence de la conférence de presse des cinq sous-fifres d’Idriss Déby Itno ! Voilà comment réagit la dictature face aux luttes que mènent les travailleurs contre des mesures injustes qui ont déjà produit des conséquences désastreuses sur leur vie, celle de leurs familles et au-delà ! Voilà comment les anciens compagnons d’Hissein Habré et leurs comparses entendent et organisent ce qu’ils appellent eux-mêmes pompeusement « le dialogue social » !
Mais, en réalité, cette attitude du pouvoir, durcissant le ton face aux luttes des travailleurs, n’est qu’une fanfaronnade, derrière laquelle la dictature cherche à cacher le fait que c’est elle qui est aux abois ! Car, si à travers les propos de ses ministres, le pouvoir menace de ne plus payer les jours de grève, de mettre même les fonctionnaires grévistes en chômage technique, on a également remarqué que, tout au long de leur conférence de presse, lesdits responsables n’ont pas cessé de faire des appels incessants à négocier, de tenter de toucher les grévistes en évoquant leur « conscience professionnelle », leur « sens de responsabilité », en utilisant des expressions comme « se surpasser dans l’intérêt de la nation », etc. Toute cette posture pour le moins contradictoire reflète, en effet, le désarroi dans lequel se trouve la dictature, qu’on a déjà perçu dans sa proposition de « trêve sociale » en vue d’une solution négociée de la crise, alors qu’il avait initialement tenté d’imposer ses mesures de façon unilatérale et dictatoriale! Tous ces arguments de menace mais aussi de séduction utilisés par les ministres dans le but évident de discréditer l’action des travailleurs en grève aux yeux de l’opinion sont en fait l’expression du recul pouvoir, du fait que, dans le bras de fer engagé entre lui et le monde du travail depuis trois mois, c’est lui qui est le plus ébranlé, qui s’essouffle le premier. C’est cette vérité-là que la dictature cherche vainement à cacher en se contredisant et en utilisant des arguments aussi mensongers les uns que les autres.
Nul ne peut, pour l’instant, dire qui l’emportera dans ce bras de fer entre la dictature et les travailleurs en grève. Mais, quelle qu’en soit l’issue, d’ores et déjà, à travers le recul du pouvoir, ceux-ci ont démontré qu’ils constituent une force colossale qui pourrait le faire plier, l’obliger à retirer ses mesures et lui imposer les revendications populaires face à la cherté de la vie. L’issue de la grève dépend donc essentiellement de l’organisation et de la mobilisation des travailleurs. Si ceux-ci ont l’ambition de faire totalement reculer la dictature, ils ont entre les mains les moyens de le réaliser : dans l’administration comme dans l’économie, rien ne peut se faire ou marcher sans eux. On en a la preuve avec la paralysie de certains secteurs de l’administration qui met à mal le pouvoir et l’oblige à chercher une issue négocié de la crise sociale. Cette position incontournable, essentielle, que les travailleurs occupent au cœur du fonctionnement et de la marche de la société est un atout extraordinaire qui pourrait leur permettre de peser sur les événements en cours, de paralyser le pays et mettre à genoux la dictature.
Mais, pour ce faire, il est d’un intérêt vital que la grève, qui paralyse en ce moment l’Education nationale et
C’est de toutes ces possibilités-là qu’est grosse la lutte actuelle que mènent les travailleurs contre les mesures gouvernementales. Alors, oui, vive la grève !
Ali Mohamed Abali Marangabi
abali_icho@yahoo.fr