26 Décembre 2016
Tchad – Timane ERDIMI : Message de fin d’année –
Page 1 sur 3 MESSAGE DES FÊTES DE NOËL ET DE FIN D’ANNÉE, de Timane ERDIMI, Président de l’UFR (Union des Forces de la Résistance)
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A vous mes compatriotes, Tchadiennes et Tchadiens, vivant au pays ou à l’extérieur, à vous partenaires, amis, parents et beaux-parents étrangers qui êtes attachés au Tchad, d’une façon ou d’une autre, je saisis l’occasion du passage vers la nouvelle année 2017, pour vous adresser ce message. Tout d’abord, je voudrais rendre hommage aux nombreuses victimes innocentes de cette année 2016, qui sont venues allonger la liste déjà trop longue des martyrs de notre peuple. Leaders des partis politiques d’opposition, militants des droits de l’homme, de la société civile, élèves et étudiants, manifestants, etc., sauvagement réprimés par le régime MPS ; mais aussi des citoyens ordinaires, victimes de règlements de comptes aveugles ou de conflits intercommunautaires fratricides, de viols atroces et autres atteintes à la dignité humaine, de pillages des biens, dans un climat de non-droit, d’impunité et de désordre organisé. Mes pensées vont à leurs parents et proches, aux veuves et aux orphelins en particulier.
Je voudrais donc souhaiter un joyeux Noël à la communauté chrétienne et une bonne année 2017 à l’ensemble de la communauté tchadienne et à tous les amis du Tchad y résidant ; ou plutôt une meilleure année que celle qui est en train de s’achever, tant 2016 a été caractérisée par un calvaire généralisé et des conditions de vie intenables pour les enseignants, les personnels de la santé, les étudiants, les paysans, les éleveurs, les employés, les fonctionnaires, les commerçants, les soldats, gendarmes et policiers, bref pour toutes les couches de la population, à l’exception évidemment de la petite minorité qui a accumulé des milliards pendant que les finances publiques et l’économie en général sombraient dans l’abîme.
Enfin aux combattants, cadres, militants et sympathisants de la Résistance, à ceux qui sont en train de braver patiemment et avec conviction et ténacité la faim, la soif, le danger et l’éloignement familial, dans les camps et sur les positions avancées, à ceux qui acceptent les souffrances et les traumatismes de l’exil à travers les continents, à ceux qui croupissent dans les prisons à cause de leur engagement patriotique, j’adresse un message de solidarité et d’encouragement, pour plus d’efforts et de sacrifices au service de notre peuple.
Car le Tchad va mal, de plus en plus mal. C’est le constat de tous nos concitoyens. Les slogans affichés par le régime Idriss Déby Itno se sont révélés une vaste escroquerie.
La promesse de démocratie s’est traduite par les détournements du vote populaire, les emprisonnements arbitraires, l’instrumentalisation de la justice, l’étouffement des partis politiques, des syndicats et de la presse ; la promesse d’émergence économique s’est traduite par la privatisation de l’administration, des finances et de l’armée, et la ruine de l’économie du pays au profit d’une petite poignée de privilégiés ; la promesse d’unité nationale s’est traduite par la systématisation du confessionnalisme, du tribalisme et des conflits sociaux, parfois sanglants, selon le vieux principe de « diviser pour régner ».
Tchad – Timane ERDIMI : Message de fin d’année
La question qui se pose ce n’est plus celle de démasquer cette escroquerie étalée au grand jour, mais plutôt celle de son éradication et les perspectives pour le pays. Au niveau de l’UFR, nous étions et sommes toujours convaincus que le régime MPS n’entend que le langage de la force. Cependant, nous comprenons très bien que d’autres compatriotes s’engagent dans des formes différentes de lutte. Nous mesurons à sa juste valeur, le travail de mobilisation, de sensibilisation et de revendication mené par les partis politiques, les syndicats, les associations des droits de l’homme, les mouvements de la société civile, et les activistes au sein de la diaspora.
Ces luttes sont différentes par la forme, mais doivent être convergentes dans le fond. Il faut cependant reconnaître que cette convergence est facile à concevoir, mais difficile à mettre en pratique.
Elle est facile à concevoir dans la mesure où, pour la Résistance, la lutte armée n’est pas une fin en soi, et ne vise pas à remplacer un régime militariste par un autre, mais à créer les conditions d’un nouveau consensus national, associant toutes les forces vives nationales.
En un mot, au-delà des formes de lutte et des modèles d’organisation, notre objectif à nous tous est le même.
La difficulté à concrétiser cette convergence naturelle et nécessaire tient à plusieurs facteurs :
- la méfiance savamment distillée par les agents de la dictature pour créer des barrières artificielles en utilisant les ethnies, les religions, les calomnies personnelles, les procès d’intention, ou simplement en colportant des ragots et les « on-dit » ;
- l’absence d’un cadre national d’échange et de confrontation des idées et des programmes ; et naturellement les difficultés matérielles et les tracasseries administratives.
- Mais la grande difficulté est surtout d’ordre organisationnel. Il faut le reconnaître, l’opposition en général, et la Résistance armée en particulier souffre des divisions et d’insuffisances internes.
L’Union des Forces de la Résistance (UFR) avait été mise en place, en janvier 2009, dans un élan unitaire de huit principaux mouvements politico-militaires qui opéraient à l’Est, afin de transcender les divisions qui avaient causé l’échec militaire de février 2008.
Malheureusement suite au rapprochement sécuritaire entre les gouvernements soudanais et tchadien en 2011, beaucoup de cadres et des responsables avaient baissé les bras en se ralliant au régime. D’autres se sont repliés sur eux-mêmes.
La propagande du régime en a profité pour faire croire à l’opinion que la Résistance avait disparu ou est en voie de l’être. Il est vrai que nos effectifs ont quelque peu baissé par rapport à la pléthore disparate de 2008, à cause des défections et des découragements, mais je tiens ici à rassurer les amis et les sympathisants et tous ceux qui ont à cœur le changement démocratique au Tchad, que les forces de l’UFR n’ont jamais été aussi déterminées et aussi mobilisées pour continuer le combat. Loin de se laisser abattre par ces aléas inhérents à toute lutte, les combattants et officiers sont plus déterminés que jamais à accomplir leur devoir national sacré.
Tchad – Timane ERDIMI : Message de fin d’année
Nous nous excusons pour le déficit de communication durant ces derniers mois, mais c’est un choix délibéré, dans le mesure où la phase de réorganisation et de renforcement, n’est pas compatible avec la publicité. Nos effectifs, après la stagnation de 2011, sont en train de connaitre un accroissement proportionnel à la déliquescence interne du système MPS. L’Etat-major de l’UFR a accompli un travail remarquable de formation, d’équipement et de planification.
C’est une tâche essentielle que celle du renforcement des capacités militaires de l’UFR, mais elle ne nous fait pas oublier nos autres responsabilités, tout aussi essentielles, vis-à-vis de l’opposition et vis-à-vis de la Nation. Aussi, nous réaffirmons notre disponibilité à échanger, à composer et interagir avec toutes les organisations et courants sincèrement intéressés par le changement démocratique au Tchad. Nous ne sommes nullement fermés aux propositions de dialogue que ce soit au sein de l’opposition, ou dans un cadre élargi, « inclusif » selon le terme consacré. La quasi-totalité de ceux qui ont pris les armes ont été des collaborateurs du régime. Beaucoup d’entre nous ont essayé d’aider le président Déby Itno à asseoir son programme initial de liberté et de progrès. On peut nous le reprocher aujourd’hui, mais cela montre au moins que la guerre n’est pas un choix que nous avons fait de gaité de cœur : les deux autres alternatives étaient soit de continuer à remplir un tonneau pendant que le principal responsable s’activait à y percer des trous, soit se replier sur soi-même en restant sourd et aveugle à la destruction méthodique du tissus social, administratif, économique et politique de notre pays, n’écoutant que « la voix de son ventre ».
Si nous avons rejeté jusque-là les appels du régime de N’Djamena à revenir au bercail et les initiatives de certains pays amis et frères, ce n’est ni par orgueil, ni par haine. C’est que la conception qui prévaut jusque-là au niveau du pouvoir de N’Djamena, c’est celle des petites combinaisons et des arrangements nocturnes, pompeusement couverts par des accords de réconciliation, à caractère familial ou ethnique.
La paix véritable, la paix juste et durable, celle à laquelle aspirent tous les Tchadiens, ne peut être que l’œuvre collective nationale, associant toutes les forces vives et prenant en compte tous les maux qui minent l’Etat et la société, pour aboutir à un nouveau contrat national.
Que l’année 2017, soit donc celle de la paix et de l’unité retrouvée des Tchadiens. Que la nouvelle année soit celle de l’amélioration des conditions de vie et de travail de l’ensemble des citoyens. Qu’elle soit l’année de la restauration de l’Etat de droit et de l’égalité des citoyens devant la loi. Qu’elle soit l’année de la réhabilitation de la justice et des forces armées et de sécurité.
C’est fort de ce sentiment et de cette conviction que je vous dis à toutes et tous : « JOYEUX NOÊL ET BONNE ANNÉE ! »
Fait le 24 décembre 2016
Timane ERDIMI, Président de l’Union des Forces de la Résistance (UFR)