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26 Janvier 2017
Je porte à la connaissance de l’opinion publique qu’un arrêté signé conjointement le 18 Janvier 2017 par les Ministres français de l’économie et des finances et de l’intérieur, gèle mes avoirs et mes biens dans l’hexagone.
La raison invoquée (articles L.562-1, L.563 du code monétaire et financier) pour justifier ce gel est que je participerais et financerais des actions terroristes. Bien entendu, ces assertions sont sans aucun fondement. Elles sont calomnieuses et visent à porter une atteinte grave à ma dignité, mon honneur et ma réputation.
Ne nous trompons pas : Cet arrêté est pris en soutien au régime dictatorial d’Idriss Deby, ce même régime qui a détruit les fondements républicains de l’Etat, pillé en règle les richesses nationales et conduit le Tchad dans l’impasse sans issue apparente de sortie.
S’il y a un terroriste sur la terre tchadienne, c’est bien Idriss Deby.
Après que l’Etat français m’ait privé du droit d’asile reconnu à tous les êtres humains, en invoquant pour preuve de faux, en se basant sur des déclarations mensongères et grotesques comme celles de l’ancien Ministre d’Idriss Deby Ahmat Allami, les autorités françaises franchissent aujourd’hui un autre pas de plus, pour m’accuser du terrorisme barbare, ce mal du siècle que l’UFDD et moi-même avons condamné à temps, par écrit et plus d’une fois.
La vérité est que j’ai d’autres choses de mieux à faire pour mon pays et la société humaine que d’encourager de crimes contre l’humanité.
L’accusation est trop grosse pour être vraie.
Aussi, je demande solennellement à l’Etat Français d’arrêter de ternir et de salir mon image auprès de la Communauté Internationale, tout en voulant pérenniser une oligarchie honnie par le Peuple du Tchad.
L’amitié et tous les liens tissés par une longue histoire commune, une communauté de sang, de langue et de culture entre les peuples
français et tchadien sont incontestablement meilleurs qu’un despote qui saigne le Tchad depuis plus d’un quart de siècle, avec l’appui des forces extérieures. Les tchadiens opposés à la dictature de Ndjamena ne sont pas des terroristes, mais tout simplement des citoyens de leur pays qui s’opposent à l’injustice.
C’est un secret de polichinelle pour les citoyens du Tchad que le régime oligarchique de Ndjamena et le gouvernement français
travaillent en parfaite entente pour empêcher tout changement politique au Tchad, qu’il provienne d’une insurrection populaire ou armée. Toutefois, personne n’a imaginé que les officiels français puissent aller jusqu’à ce point dans le mensonge, traitant les opposants d’Idriss Deby de terroristes.
Les Ministres signataires de cet arrêté diffamatoire savent pourtant que la déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen proclame en son article 35 : « Quand le gouvernement viole les droits du Peuple, l’insurrection est, pour le Peuple et chaque portion du Peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs ». De plus, la constitution tchadienne du 31 Mars 1996, proclame dans son préambule : « Nous Peuple Tchadien proclamons solennellement
notre droit et notre devoir de résister et de désobéir à tout individu ou groupe d’individus, tout corps d’Etat qui prendrait le pouvoir par la force ou l’exercerait en violation de la présente constitution, Affirmons notre opposition totale à tout régime dont la politique se fonderait sur l’arbitraire, la dictature, l’injustice, la corruption,
la concussion, le népotisme, le confessionnalisme, le tribalisme,
le clanisme et la confiscation du pouvoir ».
Les autorités françaises ne peuvent pas reconnaître ces droits tels que définis par la déclaration universelle des droits de l’homme et en même temps qualifier de terroristes les citoyens tchadiens, armés ou non, opposés à la dictature.
Les hautes autorités de la France savent aussi parfaitement que je n’ai aucune source de revenu en France ou ailleurs, ni compte bancaire à geler, ni instrument financier, ni fonds à transférer pour financer d’activités criminelles. Entendent-elles me donner l’image d’un illuminé en opposition à la vision de la vie de la Communauté Internationale ou me faire passer pour un bandit de grand chemin
afin que je sois honni de tous ? C’est le but qui semble visé.
Il n’y a pas de doute par ailleurs, que les officiels français connaissent la situation politique, économique et sociale du Tchad, ont au moins l’information sur les crimes odieux commis par le pouvoir en place. Ils n’ignorent pas aussi que le Tchad aujourd’hui est un territoire sans Etat et un peuple laissé à son compte, face au banditisme de vieux temps, appelés aussi « Les temps sans religion ».
Quant aux forces extérieures qui y campent, elles sont en appui au système dictatorial qui se conduit en pays conquis par les armes et saigne ce Peuple malheureux malgré la manne pétrolière. Les tchadiens, dans leur majorité écrasante, ont la certitude que le Tchad, un de rares pays laïcs et multiculturels en Afrique et le reste. Les querelles politiques internes de plus de cinquante années et les ingérences extérieures n’ont pas pu remettre en cause son identité multiculturelle et multiconfessionnelle.
Le terrorisme tel que vécu en Europe, au Proche et Moyen-Orient ou dans une partie du Nigéria n’est pas connu à ces jours au Tchad. Il suffit pour ce faire de constater que le groupe terroriste Boko Haram, malgré tous ses efforts, n’a pas réussi à s’implanter sur la terre de Toumaï, en raison du rejet massif des populations catégoriquement opposées à l’islamisme violent.
Lors du dernier passage de l’actuel premier ministre français au Tchad, il a été recommandé (entre autres recommandations) à Idriss Deby de lever la mesure de ma condamnation à mort pour faciliter mon extradition.
La décision des Ministres de l’économie et des finances et de l’intérieur ne serait donc qu’un préambule à mon renvoi vers le Tchad. Ces Ministres feraient pourtant mieux d’user de leur ingéniosité pour de choses utiles aux relations franco-tchadiennes, au lieu de se démener pour sauver un régime oligarchique au bord du gouffre.
Dans tous les cas, les Ministres français n’ont et ne trouveront aucune justification de leur décision infondée.
Enfin, je rappelle à tous mes détracteurs invétérés et impénitents que je continuerai à apporter mon contribution, aussi modeste
soit-elle, au combat du Peuple Tchadien jusqu’à la victoire totale au Tchad des grandes valeurs de l’humanité telles que la liberté, la justice, la démocratie et le développement humain.
L’histoire de luttes de peuples pour la liberté, la justice, la dignité et leur épanouissement enseigne : « Tout peuple qui ose lutter pour l’idéal sublime de la justice gagne toujours le combat », « La volonté de l’homme d’être libre et responsable de son devenir est la source intarissable d’une force invincible ». Et le Peuple du Tchad ne fera certes pas exception à cette vérité universelle.
Aucune force ou menace ne pourra m’intimider de faire partie dans la marche impétueuse du Peuple Tchadien vers un avenir meilleur.
Pour laver cet affront, il est de mon droit de porter plainte pour diffamation et atteinte à ma dignité, mon honneur et ma réputation contre la République Française pour cet acte de ses représentants.
VIVE LE TCHAD UNI, FORT, LIBRE, DEMOCRATIQUE ET PROSPERE !
Le 25 Janvier 2017.
Général Mahamat Nouri Allatchi