Makaila.fr est un site d’informations indépendant et d’actualités sur le Tchad, l’Afrique et le Monde. Il traite des sujets variés entre autres: la politique, les droits humains, les libertés, le social, l’économique,la culture etc.
31 Janvier 2018
Le monde entier ou presque s’est ému de la situation en Libye depuis que, le 14 novembre 2017, la chaîne CNN avait projeté les images d’un reportage tourné (en caméra cachée) par la journaliste soudano-britannique Nima Elbagir. On pouvait y voir en direct les images de la « vente aux enchères » de migrants nigérians, vendus en tant qu’esclavages.
Pendant quelques semaines, une vague d’indignation a traversé la planète. A Paris et ailleurs en France, aussi, des milliers de personnes ont manifesté, par exemple le 18 novembre 2017 (même sur les Champs-Elysées… avant d’en être chassées par la police) et le 24 novembre. La même semaine, plusieurs pays dont le Mali et le Burkina Faso ont rappelé leurs ambassadeurs de Libye.
Puis la vague des protestations s’est calmée, et la plupart des médias sont passés à autre chose. Or, le sujet reste d’une brûlante actualité. Rien n’est réglé, tant que les guerres et la misère chassent des centaines de milliers d’Africains de leurs pays et – vu les barrières érigées contre les migrants autour de l’Europe – tentent de passer par le chemin dangereux qui passe par la Libye. La situation des migrants dans ce pays a aussi été abordée lors du sommet Union européenne / Union africaine des 29 et 30 novembre 2017 à Abidjan. Or, la « solution » qui y a présentée consiste à reconduire les migrants dans leurs pays d’origine, ceux dont ils avaient fuit ; ou à les parquer au Tchad et au Niger, en attendant que l’un des pays européennes veuille bien les accueillir. Cela semble totalement insatisfaisant.
Voici les réflexions que m’inspire, en tant qu’Africaine, cette triste situation.
Dans un pays du continent africain, “ la Libye ”, les Africains noirs ou subsahariens sont traités de la pire façon qui puisse exister au monde, appelée esclavage. Nous, descendants des anciens peuples réduits en esclavage, on pensait qu’au 21e siècle, on avait gagné cette bataille contre l’esclavage. Mais on s’est trompés.
Il existe bel et bien, que nos propres frères nous utilisent comme esclaves, des marchandises, des objets sexuels, morceaux de viandes, tout simplement donc ils ont droit de vie ou de mort sur nous. Moi j’appelle comme ça la traite des noirs.
Selon la charte de l'ONU (comme il est écrit dans le préambule), l’être Humain est sacré et inviolable, et toute atteinte à sa vie et son honneur doit être condamnée. Tous hommes et toutes femmes naissent libres et égaux devant la loi, comme le proclament presque toutes les constitutions du monde.
C’est un scandale qu’à notre époque, les Africains noirs doivent faire face à cette barbarie à laquelle nos aïeux ont dû faire face dans un moment particulier de l’Histoire et qui a laissé tout un continent meurtri dans la souffrance. Et c’est sur notre propre continent qu’on doit y faire face encore. Des actes inhumains et barbares perpétrés sur des personnes... et nos dirigeants restent largement muets sur ça au lieu d’intenter des actions contre ce pays en redressant la dignité des personnes bafouées. Mais non, ils restent paisiblement et imperturbablement dans leur pouvoir en disant seulement «je condamne», sans exercer une véritable pression et mettre des actions en place pour sauver ce peuple resté à l’abandon. Le sort des malheureux reste un combat pour la jeunesse qui dit non. Oser lutter, c’est oser vaincre (comme l’indique le titre d’un film de Jean-Pierre Thorn de 1969), et nous continuerons cette lutte.