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Makaila, plume combattante et indépendante

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Tchad : l’ambassade américaine tance Idriss Deby sur les droits de l’Homme

Tchad : l’ambassade américaine tance Idriss Deby sur les droits de l’Homme

Sur la question des droits de l’Homme, la diplomatie américaine semble avoir haussé le ton contre le pouvoir d’Idriss Deby Itno. Même si elle reconnaît la bonne volonté des autorités tchadiennes à organiser d’ici la fin de l’année 2019 des législatives sans cesse repoussées, un communiqué de l’ambassade des Etats-Unis au Tchad est particulièrement virulent dans la critique sur les manifestations interdites au nom du risque sécuritaire. Détails.

La langue de bois diplomatique brouille à peine les pistes. Le communiqué commence d'abord par saluer l'engagement des autorités tchadiennes à vouloir organiser les législatives avant la fin de l'année 2019. Initialement prévues en 2015, le scrutin devait permettre de renouveler le mandat des 188 députés de l'Assemblé nationale, expiré depuis cette date. Mais il ne cesse d'être remis sans cesse à plus tard.

Des législatives sans cesses remises à plus tard

L'échéance électorale avait d'abord été programmée en novembre 2018, puis à mai 2019. Mais les atermoiements dans la mise en place de la commission électorale indépendante (CENI) ont entrainé un nouveau report qui fait de la date du scrutin, une inconnue du scrutin. N'Djamena qui évoque à chaque fois un manque de moyens financiers, semble donc résolue à ce que les élections aient lieu d'ici la fin de l'année. Il faudrait trouver pour cela que le budget prévisionnel de 70 milliards de CFA pour la préparation du scrutin pour lequel le pouvoir appelle déjà les partenaires étrangers et que pouvoir et opposition se mettent d'accord.

«Ces élections, dont l'échéance remonte à 2015, peuvent renforcer la stabilité politique et sociale; pour cela, il est essentiel que l'ensemble du processus électoral soit crédible. A cet égard, il convient de rappeler la conviction du peuple et du gouvernement des Etats-Unis d'Amérique: la liberté d'association est un pilier fondamental de la démocratie», répond l'ambassade américaine dans son communiqué. A travers sa représentation diplomatique au Tchad, les préconisations de Washington en direction de N'Djamena pour «faciliter la participation» de tous les acteurs «à toutes les étapes du processus» tiennent en deux arguments.

Faciliter la participation en deux arguments, la leçon de l'ambassade américaine à N'Djamena

D'abord, «l'autorisation sans délai des partis politiques qui répondent aux critères établis». Sans les citer nommément, le communiqué fait référence à plusieurs partis d'opposition interdits ou dont les congrès n'ont pas été autorisés par les autorités tchadiennes au nom d'un « risque sécuritaire et terroriste» qui cache en réalité une répression des voix dissidentes. Ensuite, la facilitation de la participation des forces politiques implique aussi «le plein respect du droit des citoyens de se rassembler paisiblement, même lorsque le but du rassemblement est de critiquer le régime et d'inciter les citoyens à voter contre le parti au pouvoir», toujours selon le communiqué.

L'insinuation semble faire cas de l'opposant Succès Misra. Le 1er juin dernier, à la tête d'un cortège de militants, ce dernier a organisé une manifestation de reconnaissance de fait du parti baptisé « Les Transformateurs», créé avant le passage à la IVème République. Un an après, la demande de reconnaissance déposée n'a toujours pas reçu l'approbation du ministère de l'Intérieur. Dans la foulée, plusieurs réunions de ce parti sont systématiquement interdites y compris celle de ce 1er juin, violemment dispersée sous l'œil de plusieurs représentants de chancelleries notamment des Etats-Unis.

A la frontière entre l'ingérence et «la conviction du peuple et du gouvernement des Etats-Unis d'Amérique»(sic) pour lesquels «la liberté d'association est un pilier fondamental de la démocratie», la leçon de l'ambassade américaine tance le régime d'Idriss Deby Itno sur la question des droits de l'Homme. La réponse de N'Djamena, habituée aux récriminations des ONG internationales, ne saurait tarder.

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