3 Mars 2020
Jugé en appel ce lundi 02 mars, le journaliste Martin Inoua Doulguet, par ailleurs, directeur de publication du journal Salam Info est bel et bien victime d’un pouvoir judiciaire défaillant, manipulé, instrumentalisé par les politiques à des fins inavouées visant à faire taire la pluralité d’opinions dans un pays hermétiquement verrouillé.
Deux mois seulement après avoir accueilli du 04 au 6 décembre 2019 dans des conditions scabreuses la Conférence Internationale des Barreaux Francophones (CIB), le Tchad vient de nouveau prouver devant le monde entier son refus délibéré de mettre en œuvre les résolutions issues de ladite rencontre au niveau de son dispositif judiciaire qui souffre des graves dysfonctionnements.
Bientôt sept(7) mois que Martin Inoua Doulguet, directeur de publication du journal indépendant Salam Info est en détention arbitraire pour avoir fait le compte rendu d’une conférence qu’il avait couverte. Il est accusé de diffamation qui est pourtant dépénalisée en termes de délits de presse.
Son arrestation obéit à un règlement des comptes à l’encontre du journaliste qui a pourtant fait son travail de manière professionnelle.
Son procès en appel ouvert ce lundi, ne respecte pas les normes requises dans un pays qui a pris des engagements solennels en vue d’assainir son appareil judiciaire en faveur d’une justice équitable et digne de ce nom.
C’est justement ces contradictions relevées qui vont coûter cher non seulement à l’image du pays mais surtout de ses dirigeants qui seront désormais dans l’orbite des institutions internationales Elles suivent avec une attention particulière la situation politico-judiciaire et économique du Tchad à travers ce procès.
L’attitude malveillante du procureur général, Moctar Doutoum à l’égard de Me Emmanuel RAVANAS, grand avocat français de renommée internationale, interdit de prendre la parole lors de l’audience est un acte de mépris inadmissible et intolérable qui ternit la réputation déjà peu reluisante du régime tchadien.
Le Tchad est signataire des accords de coopération judiciaire avec la France et de nombreux pays ce qui offre la possibilité et surtout l’opportunité aux avocats tchadiens de se déplacer pour plaider à l’étranger et vice versa.
C’est bien dans cette optique que Me Emmanuel se trouve au Tchad, invité par le conseil juridique du journaliste qui lui a accordé une domiciliation en vue d’intervenir dans ladite affaire.
L’instrumentalisation de la justice dans ces conditions aura des conséquences fâcheuses et désastreuses pour les auteurs et comploteurs de cet acte. Et connaissant Idriss Deby, il saura sacrifier ceux et celles qui mettent en péril l’image de son régime pour préserver son pouvoir.
De deux choses, l’une : soit le procureur général ou le ministre de la justice, l’un ou l’autre risquerait d’être relevé de ses fonctions dans cette affaire qui s’internationalise de plus en plus avec l’entrée en grève de la faim de Me Emmanuel RAVANAS, il représente l’univers des avocats francophones du monde entier.
La Conférence Internationale des Barreaux (CIB) va-t-elle se laisser faire et intimider ?
Idriss Deby accepte-t-il qu’une affaire en diffamation compromette son pouvoir ?
Le report au 12 mars prochain du procès du journaliste et de son avocat tous deux grévistes de la faim, donnera-t-il l’occasion aux autorités tchadiennes de se racheter ou non ?
Makaila.fr
A propos de la Conférence Internationale des Barreaux (CIB)
La Conférence Internationale des Barreaux (CIB) a pour objet de créer une structure de coopération entre les Barreaux de pays de tradition juridique commune, c’est-à-dire essentiellement les Barreaux francophones. Dans le respect de l’autonomie des Barreaux, elle vise à les aider dans leur action en vue de développer un État de Droit dans chacun de leur pays, elle entend aussi mettre en œuvre la notion du caractère universel des Droits de l’Homme et en particulier, les Droits de la Défense.