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Makaila, plume combattante et indépendante

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Conavirus au Tchad: le député et leader de l'AND, Salibou Garba trouve insuffisantes les structures mises en places

Conavirus au Tchad:  le député et leader de l'AND, Salibou Garba trouve insuffisantes les structures mises en places

              INTERVIEW AU JOURNAL L’OBSERVATEUR

Salibou Garba: "Je trouve que la préparation des équipes et structures sanitaires est notoirement insuffisante"

 

Question 1 : Le MPS vient de célébrer ses 30 ans. C’est vrai que vous n’êtes pas concerné. Mais est-ce que c’est réellement le début du processus démocratique ?

 

Salibou GARBA : Cette célébration, vous aurez vous-même constaté cela, aura été non seulement un non événement, mais aussi et surtout un échec. Au niveau de la participation, on aura noté que le Président-fondateur a fait faux bond. L’explication donnée par le Secrétaire général du MPS ne convainc personne. Les dispositions sécuritaires et protocolaires étaient prises, aussi bien à N’Djamena qu’à Mongo. La rencontre de Oyo (Congo-Brazzaville) n’était pas improvisée.  D’ailleurs un de vos confrères qu’on ne peut pas taxer d’anti-gouvernement a parlé de désarroi dans la foule venue pour ces festivités.

Quant aux propos tenus par le Secrétaire général du MPS, ils étaient tout simplement anachroniques. On se croirait à un meeting du RAJEUNIR.

Je dois avouer que je n’aurais pas de moi-même évoqué cette célébration si vous ne m’avez pas posé la question car je n’ai pas coutume de commenter des choses ou évènements qui ne sont pas pertinents. C’en était un.

 

Question 2 : Le chronogramme de la CENI a été rendu public il y a un mois. Comment vous le trouvez ? Est-il réaliste ?

 

Salibou GARBA : J’ai déjà donné mon point de vue quand, au cours d’une rencontre avec certains partis politiques, essentiellement de sa mouvance, le Président de la République avait proposé la date du 9 août 2020 pour le scrutin législatif : j’avais dit que c’était une diversion pour faire endosser aux partis politiques la responsabilité des reports de ces élections ; j’ai ajouté qu’on va nous sortir une nouvelle date qui sera le mois de décembre 2020, et que les difficultés financières et techniques aidant, nous allons nous trouver en 2021, date de l’élection présidentielle, ligne rouge à ne pas dépasser. Je n’ai pas changé d’avis, car c’est exactement ce scénario qui est entrain de se dérouler. Coupler présidentielle et législatives ou reporter encore les législatives, voilà la question à laquelle on invitera les partis politiques à répondre.

 

Question 3 : Il semblerait qu’il y a une magouille autour de l’achat des matériels électoraux. Etes-vous au courant ?

 

Salibou GARBA : Je ne peux être au courant des magouilles au sein de la CENI dans l’attribution des marchés, pour la simple raison que mon parti, l’AND n’y siège pas, bien que la loi nous y donne droit. Somme toute, pouvez-vous être surpris ? Nous sommes depuis des décennies dans le règne des marchés fictifs, des surfacturations, dans tout ce qu’entreprend le pouvoir. C’est sa marque de fabrique, c’est son label. Pour la CENI, vous avez une autre dimension qui s’y ajoute : les manipulations des résultats électoraux. Il n’y a donc pas de quoi être surpris.

  

Question 4 : Le gouvernement a pris un certain nombre de décisions sur la pandémie COVI-19. Quelles sont vos appréciations ?

Salibou GARBA : J’ai suivi la déclaration faite à l’issue du Conseil des Ministres consacré à cette pandémie : le contrôle des frontières, la mise en quarantaine des visiteurs venant des pays atteints. Je trouve que la préparation des équipes et structures sanitaires est notoirement insuffisante : à peine deux dizaines de lits disponibles. Grâce à la protection divine, nous ne sommes pas encore atteints ; mais pour combien de temps encore ?

 

Plus graves sont les répercussions économiques. Le budget de l’Etat a été élaboré sur une base qui est entrain de s’effondrer ; le prix du pétrole est en pleine dégringolade. A cela s’ajoutera la chute des recettes douanières du fait des restrictions des mouvements des biens et de personnes. Alors que va-t-il se passer ?

Gouverner, c’est prévoir dit-on. Nous en sommes très éloignés.

 

Question 5 : Après la cérémonie de lancement de l’Abattoir de Moundou, il y a eu une controverse territoriale. Comment appréciez-vous cette situation ?

 

Salibou GARBA : C’est pour moi un faux problème que certains politicards utilisent comme fonds de commerce. Les populations des deux rives du Logone ont toujours vécu en harmonie, je dirais même en symbiose. À l’arrivée des colons, Ngara faisait même partie du canton de Déli, à 30 kms au Nord de Moundou. Il m’a semblé que le gouvernement avait tranché cette question quand Soubiane Hassaballah était Préfet du Logone occidental. De grâce, qu’on ne nous ramène pas tout le temps ce problème qui ne présente aucun intérêt pour les populations. Je me rappelle que celles-ci, en son temps, n’avaient pas accepté de gaîté de cœur la balkanisation du Grand Logone opérée par Tombalbaye pour des raisons connues. Ce qui est important, c’est que les réalisations économiques et les richesses nationales profitent à l’ensemble de nos concitoyens. 

 

Question 6 : Quelle est votre réaction, par rapport à l’installation des démembrements de la CENI ?

 

Salibou GARBA : Le processus électoral actuel ne peut pas et ne doit pas se poursuivre tel quel parce qu’il est fondé sur l’illégalité et les exclusions. Notre pays est très fragile, contrairement à ceux qui chantent à longueur de journée que nous sommes un havre de paix, un îlot de stabilité. Vous avez vu qu’il a suffit que des rumeurs fassent état de la maladie du Président de la République pour que des bruits de botte se fassent entendre, contraignant le pouvoir à un nettoyage de fond en comble dans l’état-major et les différentes unités de forces de défense et de sécurité, pendant que certains mouvements politico-militaires se manifestaient, notamment à l’extrême Nord. Le refus de respecter les lois, les injustices et les exclusions arbitraires font le lit des violences politiques. Le pouvoir doit se ressaisir pour accepter de discuter avec les partis politiques qui le réclament et le réclament encore, afin de relancer le processus électoral sur des bases consensuelles et en respectant les lois de la République. Il est d’ailleurs surprenant que ce soit l’opposition qui demande le respect des lois.

   

Question 7 : Votre avis sur l’arrestation du défenseur des droits de l’homme Berdei ?

 

Salibou GARBA : Je ne comprends pas cette réaction disproportionnée du gouvernement. Nous voulons bâtir un Etat de droit. Cela est impossible sans liberté de pensée et d’expression. La réponse à la diffusion de fausses informations, ce ne sont pas les expéditions musclées et les arrestations de leurs auteurs. La santé du Chef de l’Etat ne devrait pas être un sujet tabou, étant donné que le crime de lèse majesté n’est pas consacré. Etant être humain comme vous et moi, il n’est pas à l’abri de maladies, ce d’autant il exerce une fonction qui n’est pas de tout repos : 30 ans d’insomnie, 30 ans à gérer des situations inextricables, ça use physiquement et nerveusement. Un simple démenti aurait suffi.  

 

Propos recueillis par GOLLAR MBaïramadji

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