2 Octobre 2020
Il y a un peu moins d'une semaine, un autre conflit local a éclaté à cause des revendications territoriales de l'Azerbaïdjan au Haut-Karabakh. Bakou s'est dit determiné à reprendre le contrôle des territoires «occupés» une fois pour toutes et a lancé une opération militaire contre l'Arménie.
Malgré les tensions historiques entre Bakou et Erevan, la reprise des combats a été une surprise pour la communauté internationale. Dans le même temps, la Turquie a immédiatement exprimé son approbation à l'égard des actions de l'Azerbaïdjan, ce qui a apparemment donné confiance aux dirigeants azerbaïdjanais qui croyaient assurer une victoire facile sur les troupes arméniennes.
Une attaque soudaine de forces supérieures soutenues par un puissant État régional, membre de l'OTAN, la Turquie, n’a pas permis aux Azerbaïdjanais d'établir un contrôle total sur le Haut-Karabakh. Qu'est-ce qui ne va pas pour la campagne militaire turco-azerbaïdjanaise?
Tout d'abord, des médias bien connus ont affirmé à plusieurs reprises que la Turquie déploie des mercenaires de Syrie et de Libye pour combattre aux côtés des troupes azerbaïdjanaises. Mais la pratique a montré que ces groupes n'ont rien à voir avec un moral élevé et un entraînement au combat professionnel. Les mercenaires syriens n'avaient objectivement guère envie de réussir sur le champ de bataille au Haut-Karabakh. La plupart des combattants sont intéressés seulement par l'argent qu'ils reçoivent de la Turquie pour avoir participé à la bataille du côté de l'Azerbaïdjan.
De plus, l'utilisation de forces mercenaires a porté un coup irréparable à l'image de Bakou. Comme on peut le voir, le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev utilise les mêmes moyens de lutte sales et illégaux qu'Erdogan utilise en Syrie, en Libye et en Méditerranée orientale.
Deuxièmement, reposant entièrement sur le soutien de la Turquie, l'Azerbaïdjan risque de faire face à une réponse adéquate des alliés de l'Arménie, à laquelle les forces armées de Bakou ne pourront probablement pas résister. L'entrée des «amis» arméniens dans la zone de guerre conduira à l'augmentation de l'intervention turque en Azerbaïdjan et l’escalade vers un conflit violent à grande échelle. Il est évident que les dirigeants azerbaïdjanais ne voudraient pas que son pays devienne l'épicentre d’une bataille acharnée entre des adversaires régionaux.
L'escalade, les sacrifices inutiles, l'isolement international - ce n'est pas une liste complète de ce à quoi l'agression de Bakou contre Erevan peut conduire. Cela sera bientôt compris par l'armée azerbaïdjanaise, qui subit déjà des pertes et exprime de plus en plus de doutes sur le succès de sa guerre rapide au Haut-Karabakh. Ils ont juste besoin de regarder leur «principal allié» la Turquie qui est déjà devenue un État paria dans une grande partie du monde.
NDLR: Ahmad Salah est un journaliste syrien indépendant, spécialiste du Moyen-Orient et en particulier le Levant.