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Makaila, plume combattante et indépendante

Makaila.fr est un site d’informations indépendant et d’actualités sur le Tchad, l’Afrique et le Monde. Il traite des sujets variés entre autres: la politique, les droits humains, les libertés, le social, l’économique,la culture etc.

JE PLEURE POUR TOI TCHAD. CHOISI LA LIBERTÉ ET LA JUSTICE

« Chaque fois qu’un homme a fait triompher la dignité de l’esprit, chaque fois qu’un homme a dit non à une tentative d’asservissement de son semblable, je me suis senti solidaire de son acte. » Frantz FANON -Peau Noire, Masques blancs -

Constitutionnellement l’État est le garant de la liberté et de la justice sociale.

Permettre à une population l’espérance d’être heureux dans l’au-delà n’est pas une vertu républicaine. L’espérance est une vertu qui relève de la foi.

Nous constatons aujourd’hui, au Tchad, que le peuple ne peut ni se rassembler pour manifester, ni aller voter librement. Il peut, juste, se rassembler à l’Église, à la Mosquée et au Temple.

Dans la plupart de ces institutions, sommes toutes louables, il est demandé « d’espérer une vie meilleure au paradis », de ne pas être violents, de respecter ses dirigeants même si eux, ne respectent pas, même si eux, volent, tuent, bref même si eux, méprisent allègrement leur concitoyen. Il est même demandé aux fidèles de prier pour leur président et ceux qui dirigent leur pays.

Karl Marx ne disait -il pas que « La religion est l’opium du peuple » ?

Diriger, administrer, un pays et la quasi-totalité de sa population par la privation de la liberté, l’application presque officielle de l’injustice et la loi du plus fort est une aberration qui, si nous n’y prenons garde, conduira un jour au pire, voire au « pogrom ». Cela s’est déjà produit dans d’autres pays.

Depuis plusieurs années, la machine guerrière au service du pouvoir, a engendré, dans notre pays, le Tchad, une politique d’asservissement, d’humiliation et d’exclusion qui conduit à ignorer délibérément un pan entier de la population civile et, notamment, la jeunesse qui constitue l’avenir du pays.

Une jeunesse sans avenir, sans perspective et sans espoir se transforme à coup sûr en une bombe. Cela, le pouvoir en place actuellement ne doit pas l'ignorer.

L’injustice nourrie « colère et haine »

Ce fort besoin d’égalité, de justice et de liberté va engendrer un puissant sentiment qui peut structurer une société quand celle-ci se sent constamment bafouée ou délibérément ignorée voire méprisée.

L’histoire de l’humanité nous enseigne que même le pouvoir le plus redouté peut s’effondrer un jour face aux besoins innés de l’être humain que sont : La Justice, l’ÉGALITÉ, la LIBERTÉ.

C’est pourquoi, même un pouvoir ayant une police et une armée dites les plus guerrières du continent connaîtra une chute brutale, face à un peuple qui n’a plus rien à perdre. Aujourd’hui, le tchadien lambda a tout perdu, ses droits fondamentaux, sa dignité, son honneur, et même son espace vital sont bafoués. La gestion, dans certaines régions, des conflits éleveurs contre agriculteurs relève de cet arbitraire. D’ailleurs, il semblerait que les troupeaux qui détruisent la nourriture des paysans appartiennent aux pontes dirigeantes civils et les hauts gradés de l’armée ethnique du président Tchadien.

Sachons qu’un otage rêve matin, midi et soir de s'évader pour retrouver sa liberté. N’est-ce pas le cas du peuple tchadien, otage depuis 30 ans d’une petite minorité armée ?

Serait-il possible que cette injustice érigée en système de gouvernance réveille une perspective de conjonction des luttes de tous les tchadiens asservis et devenus sous-citoyens dans leur propre pays ?

Est-il possible qu’une alliance s’opère entre toute la jeune génération qui n’a connu ni la lutte de l’indépendance du pouvoir dit « Sudiste » ni celle du Frolinat/Fan/DDS dit des « Doums » et, qui ne connaît que le règne des hommes du Darfour soudano- tchadien ?

Notons, cependant, que nous les Tchadiens, nous avons connu, à divers moments de notre histoire commune, des sentiments d’injustice voire des injustices mais jamais comme ces 38 dernières années.

Dans la partie Nord, la rébellion du Frolinat a fait subir des exactions aux pauvres citoyens de la région, cela par les bombardements des armées française, tchadienne, libyenne. Cette rébellion a aussi servi, de prétextes aux coupeurs de route et aux brebis égarés du Frolinat, d’agresser et de détrousser sans vergogne des paisibles citoyens.

Quelles sont les conséquences de cet épisode ?

1- Une haine tenace d’une majorité de la population du Nord s’est installée contre la population du Sud rendue de facto, responsable de tout.

2- L’instauration, par le pouvoir du Nord (plus particulièrement le BET), d’une politique de revanche qui se manifeste par une militarisation du Sud et par son exclusion totale de tout développement et cela depuis 1979 soit au total 42 années sans alternance.

Pendant ces 42 années, se sont partagés le pouvoir :

  • Feu Lol Mahamat Choua le fils de Mao (Kanem) quatre mois et 5 jours (une petite transition)

  • Mr Goukouni Oueddei le fils de Bardaï (Tibesti) deux ans et environ 10 mois au total.

  • Mr Hissène Habré, fils de Faya-Largeau (Borkou), 8 ans.

  • Mr Idriss Deby Itno fils de l’Ennedi-Est (Ennedi) plus de 31 ans.

Dans la partie Sud, les expéditions punitives et vengeresses des combattants unifiés des FAN/FAP, puis de la DDS, du groupe de « Septembre noir » et depuis 1990 des forces du MPS venues tout droit du Soudan et du Darfour, (parlant anglais et/ou Zakawa) ont engendré la terreur et la mort, transformant bien souvent, les biens de la population en butins de guerre.

Cette politique de non droit et de terreur a comme conséquences :

  1. Une méfiance teintée de peur parce que les « autochtones » sont désarmés et les « allogènes » sont armés du plus jeunes aux plus vieux ;

  2. Un système armé est instauré par les « revanchards » (contrôle des allés et venus, points et barrières de contrôles partout aux entrées des villes et villages, exécutions sommaires déportations, arrestation, viols, confiscation des terrains etc etc)

  3. Une mainmise, par les tenants du pouvoir (alliés, clan ou famille en ligne directe) de tous les leviers de commandement et de gestion locale ou centrale.

Pendant longtemps, on a constaté chez la plupart des cadres du Sud, un sentiment de culpabilité d’avoir eu le pouvoir aussitôt après l’indépendance. Ce sentiment de culpabilité annihile encore une velléité réelle de révolte, chez certains ressortissants du sud.

N’oublions pas simplement que ce pouvoir de début des indépendances a été partagé. En outre, la règle franco gaullienne de l’époque imposait que le BET reste un espace militaire sous le regard et contrôle exclusif de l’armée française et que la construction d’une nation tchadienne se fasse sur le modèle centralisé jacobin à la française. C’est à la capitale sous le regard des conseillers techniques français que le pouvoir s'exerçait. Quel que soit ce qu’on peut en dire, il n’a duré au total que 18 années.

Ces 18 années de pouvoir sont réparties comme suit :

  • Feu François Ngarta Tombalbaye, le premier président du Tchad, fils de Bessada (Moyen Chari) : 11 Août 1960 -13 avril 1975. Soit 14 ans 8 mois et 2 jours ;

 

  • Feu Général Félix Malloum Ngakoutou Bey-ndi, le second président, fils de Moissala (Moyen Chari) : trois petites années et 10 mois.

Aujourd’hui encore si « Le vivre ensemble » a du mal à prendre, c'est aussi à cause de ces épisodes historiques.

Toutes ces souffrances ont entraîné ce que les psychologues peuvent appeler une anesthésie émotionnelle. Les tchadiens vivent dans un brouillard et n’oublient pas ces faits traumatiques dont ils ont fait l’objet de part et d’autre. Ils ne savent plus très bien s’il faut se faire confiance.

Enfin, pour certains ressortissants de la zone méridionale, surtout ceux qui sont aujourd’hui les serviteurs zélés des responsables de septembre noir, ils se calfeutrent dans une résignation servile.

N’est-il pas incongru, que dans la partie septentrionale du pays, certaines personnes continuent à penser que la partie méridionale est responsable de leur non-développement ?

Mais voilà, depuis plus de 40 ans le pouvoir politique, économique, militaire est entre les mains du grand BET.

Les populations de cette partie sont toujours en souffrance car elles manquent toujours de tout et leurs droits fondamentaux sont bafoués.

Les arbres n’ont toujours pas été plantés, le désert continue d’avancer et le sable envahit tout. L’exode vers les zones tropicales continue et crée des conflits, l’eau n’a pas jailli partout, les puits et châteaux d’eau font toujours défaut. Les autoroutes n’ont pas étés construites.Bien sûr, les populations du BET ont eu trois de leurs fils devenus présidents. Le dernier les a gratifiés d’une nouvelle capitale Amdjarass. Mais qui y habite.

Bien sûr, des grands projets ont été réalisés, des complexes universitaires, écoles, collèges, lycées et centres de santé ont poussé comme des champignons mais ils restent désespérément inoccupés.

En outre, nous notons que toutes les intégrations à la fonction publique, toutes les directions, toutes les bourses d’études, bref toutes les fonctions régaliennes, civiles, militaires, financières sont entre les mains des ressortissants de l’Ennedi-Est et que toutes les ressources du sous-sol tchadien sont exploitées, ces dernières années, les milliards engrangés sont captées dans l’entre soi familial.

Cela ne mérite-t-il pas une interrogation ? Un changement de cap ? Un changement de génération ? Une union sacrée de tous pour construire autre chose ?

De tout temps, les mouvements qui renversent les pouvoirs les mieux protégés et bien organisés sont nés parce que le peuple ne mange pas à sa faim et la jeunesse qui ne travaille pas ne rêve plus.

Marguerite-Odile Kabatchang

janvier 2021

POUR le TCHAD de DEMAIN, le TCHAD des LIBERTÉS  et de JUSTICE

LIBÉREZ FATIME , IBEDOU et les AUTRES

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