Depuis l’intervention militaire en Libye, le Sahel est plongé dans une spirale de violence ayant engendré un chaos. Il n'a pas pu se relever. En dépit des 5000 hommes déployés, de 600 millions d’euros de budget mobilisés par an depuis plus de six ans d’existence, la menace djihadiste peine à être circonscrite. Au contraire. L'EIGS et le GSIM accentuent leurs activités dans la bande Sahélo-sahélienne notamment la zone des trois frontières (Liptako-Gourma), où ces groupes terroristes tentent de s’étendre vers le golfe de guinée en particulier la Côte d’Ivoire et le Benin.
Après Pau, Paris se prépare à « ajuster » son dispositif militaire au Sahel lors du sommet prévu du 15 au 16 février du Tchad sur la situation sécuritaire qui prévaut dans cette zone confligène. Comme en novembre 2019, la question qui sera à l’ordre du jour est de réajuster l'arsenal de combat de la coalition au niveau des frontières du Mali, du Burkina Faso et du Niger, cible d’attaques nourries des mouvements djihadistes.
En mars 2020, le triste épisode de Bohoma a causé la mort d’une centaine de soldats tués dans une attaque de Boko Haram dans les rangs de l’armée tchadienne mobilisée au Lac. Ce qui ne l’a pas permise d’être déployée sur le fuseau central. Face aux assauts répétés des mouvements djihadistes dans des trois frontières, un millier d’éléments des forces tchadiennes sont attendues pour renforcer l’opération Barkhane.
Dans un récent rapport, International Crisis Group (ICG) a épinglé l’armée tchadienne sur ses limites, l’Institut est revenu avec un nouveau rapport intitulé « réordonner les stratégies de stabilisation du Sahel ». Il propose de résoudre d’abord la crise de gouvernance dans cette région du monde pour une meilleure prise en charge de la problématique sécuritaire. L’ONG AHA quant à elle, constate que l’approche actuelle n’a pas endigué la crise sécuritaire au Sahel, qui s’étend dans de nouvelles régions alors que le ras-le-bol populaire augmente à l’encontre des régimes sahéliens.
La mauvaise gouvernance et les pratiques d’exclusion des populations sont inéluctablement autant de facteurs à l'origine de la crise sécuritaire dans cet espace. L’approche sécuritaire adoptée par Paris ne permet de gagner une guerre asymétrique. Il est impératif d’intégrer le développement dans l’équation sahélienne. Il n’est pas étonnant de voir le terrorisme islamiste se développer dans les régions les plus déshéritées du Sahel. Les exemples sont légions ; au lac Tchad, Boko Haram arme les pêcheurs face à un lac rétréci et à l’agonie ; dans la région de Mopti, au Mali, les terroristes recrutent des éleveurs peuls confrontés aux effets du changement climatique et d'autres considérations.
Afin de renforcer la protection des civils et améliorer la réponse humanitaire à toutes les populations vulnérables affectées par les conflits et la pandémie de COVID-19. Pour Mohamed Saleh Ibni Oumar Directeur Général de l'ONG Action Humanitaire Africaine (AHA) : " Il est essentiel de préserver la stabilité dans le Sahel à travers les acteurs institutionnelles membres du G5 Sahel. "
Par ailleurs, l'ONG AHA :
Invite le G5 Sahel à se pencher en priorité sur la crise de gouvernance dans la région ;
Propose l’inscription de la protection des civils au cœur des opérations militaires dans l’espace du G5 Sahel.
Exige des États du G5 Sahel de condamner les violations de droits humains et d'adopter des mesures permanentes d’investigation des infractions commises pour renforcer le système judiciaire ;
Encourage les États du G5 Sahel à restaurer le service public dans toutes les zones en proie à la crise sécuritaire ;
Demande aux États du G5 Sahel, d'éviter de démultiplier les programmes et de favoriser l'harmonisation des actions communes ;
Appelle les États du G5 Sahel à réaffirmer leurs engagements internationaux en matière de droits humains, de droit d’asile, droit international humanitaire, à garantir la protection effective des civils ;
Recommande vivement aux États du G5 Sahel de promouvoir la démobilisation et la réinsertion des personnes associées aux groupes armés ;
Souscrit pleinement à l'appel des pays du G5 Sahel demandant à l'ONU d'accorder à leur force conjointe, un mandat dans le cadre du Chapitre VII de sa Charte ;
Exhorte les partenaires à soutenir les ONGs de médiation qui s’attèlent à créer un cadre de dialogue entre les déplacés internes et ceux qui sont restés sur place. Et enfin, à appuyer les projets liés à la gouvernance démocratique car quatre des cinq États du G5 Sahel font partie des dix pays les plus pauvres du monde.
Lundi 15 février 2021, Bureau de l’ONG AHA