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8 Mai 2021
Albadour Acyl 8 mai 2021
Appel pour le retrait immédiat du Conseil Militaire de Transition et le retour d'une véritable démocratie au Tchad
Aujourd'hui plus que jamais, le Tchad est face à son destin. Après plus de trente années d'un pouvoir dictatorial et sans partage, la mort du président Idriss Déby ouvre une nouvelle page dans l'histoire du pays.
Alors que ce n'est pratiquement jamais arrivé depuis l'indépendance de 1960, le Tchad a maintenant la capacité de prendre sa destinée en main et d'accéder enfin à une véritable démocratie, où tous les citoyens auraient leur place, par-delà les différences communautaires, ethniques ou religieuses.
Afin de mettre en oeuvre cette démocratie, un dialogue national équitable, inclusif et pacifique doit être engagé, dans le respect de la Constitution tchadienne, qui prévoit, en cas de vacance de la Présidence de la République, l'organisation de nouvelles élections, sous la responsabilité du Président de l'Assemblée Nationale ou, en cas d'empêchement de ce dernier, du 1er Vice-président.
La Constitution précise : « Le Président de l'Assemblée Nationale assurant les fonctions de Président de la République ne peut ni démettre le Gouvernement, ni procéder à la révision de la Constitution, ni dissoudre l'Assemblée Nationale".
Or, dès l'annonce de la mort du président Déby, un prétendu "Conseil Militaire de Transition", présidé par le fils du défunt, s'est empressé de dissoudre l'Assemblée Nationale et le gouvernement et s'est emparé de tous les leviers du pouvoir politique et militaire au Tchad, sans aucune légitimité, à l'occasion de ce qu'il faut bien appeler un "coup d'Etat".
Ce prétendu "Conseil Militaire" a ensuite désigné un prétendu Premier Ministre ayant procédé à la nomination d'un prétendu "Gouvernement de transition". Eux aussi n'ont aucune légitimité et sont les complices de ce "coup d'Etat".
Tout aussi grave, le prétendu "Conseil Militaire" a immédiatement refusé la main tendue et le cessez-le-feu proposés par les opposants armés du FACT, les qualifiant de "terroristes", au risque de prolonger les querelles fratricides entre enfants du Tchad, qui n'ont plus lieu d'être aujourd'hui.
A ce sujet, j'observe avec un certain amusement que le prétendu "Conseil Militaire de Transition" de même que son gouvernement illégitime, comportent en leur sein plusieurs anciens chefs rebelles, et non des moindres, qui avaient été qualifiés de "terroristes" par le régime Déby, il y a quelques années, et pour certains lourdement condamnés. Ainsi, dans ce système dont les Tchadiens ne veulent plus, les "terroristes" d'un jour deviennent les "ministres" de demain.
J'ajoute qu'au vu de ses premières prestations, le général Mahamat Idriss Déby, chef autoproclamé de cette junte militaire, n'a de toute évidence ni l'expérience, ni les compétences pour présider le Tchad et le représenter sur la scène internationale. Pour toutes ces raisons, il est indispensable que soit mis fin, dans les plus brefs délais, au "Conseil Militaire de Transition" illégitime et à son gouvernement de circonstances, qui ne sont que la façade d'un coup d'état militaire et de la mainmise d'un clan sur le pays.
J'appelle donc la communauté internationale, avec aux premiers rangs la France, l'Union Africaine et l'Organisation des Nations Unies, à faire pression sur ce "Conseil Militaire", pour qu'il se retire immédiatement. S'il s'y refuse, des sanctions doivent être décidées, comme le prévoient les règles internationales en cas de coup d'Etat, notamment celles de l'Union Africaine.
Aujourd'hui, une chance unique s'offre au Tchad de retrouver la paix et la sérénité. Il faut que tous sachent la saisir, y compris la France et l'Union Africaine. Car il importe, avant tout, de ne pas laisser le Tchad sombrer dans le chaos