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Makaila, plume combattante et indépendante

Makaila.fr est un site d’informations indépendant et d’actualités sur le Tchad, l’Afrique et le Monde. Il traite des sujets variés entre autres: la politique, les droits humains, les libertés, le social, l’économique,la culture etc.

5ème Partie : Du libéralisme ou bradage économique au Tchad ?

ISSA MHT

 

 

Economie : Les échecs des politiques économiques Tchadiennes

 

5ème Partie : Du libéralisme ou bradage économique au Tchad ?

 

Le Tchad a conclu son premier programme d’ajustement structurel avec la Banque Mondiale en 1985. D’après les géniteurs de ce programme, l’objectif était de relancer la croissance de l’économie tout en corrigeant les déséquilibres intérieurs et extérieurs pour la période   1985-1990. En clair, il faut dégager de fonds pour rembourser votre dette. Quitte à faire des licenciements  inhumains.

Pour la Banque Mondiale et le FMI, on ne peut atteindre l’objectif du programme d’ajustements structurels sans une réduction massive de dépenses de l’Etat. Réduire le rôle de l’Etat est donc une priorité.

Dans la religion de « désengagement de l’Etat » les Politiques d’ajustements structurels ont pour volet le plus important sur le plan économique, les mesures de déréglementation et de privatisation.

 

Depuis cette date, plus de 40 entreprises publiques ont été libéralisées, certaines structurées, ou d’autres quasiment liquidées. Mais rares sont les tchadiens qui savent quelques choses de l’exécution de ce programme.  Aucune consultation citoyenne, au préalable, ni un compte rendu de conséquences de programme.

Des entreprises stratégiques cédées sans que le peuple ne soit informé. La mascarade, genre conférence de dernières minutes comme celle tenue par le ministre de la télécommunication et celui du commerce ne peuvent suffire pour éclairer les citoyens.

Seul un débat contradictoire à l’assemblée nationale, la représentation du peuple, fictive soit-elle, permettra aux citoyens de s’emparer du sujet, via les medias et d’autres canaux d’échanges.

 

Nous vivons une ère où le libéralisme est remis en cause par ceux qui nous vantaient hier son bienfait. C’est pourquoi, des sociétés stratégiques comme celle de la télécommunication ne doivent pas être privatisé sans l’aval du peuple.  Surtout pas à un fonds d’investissement qui a pour seul objectif final  la rentabilité. Ce n’est un secret pour personne, que les  fonds d’investissements ont toujours les yeux rivés sur les capitaux propres des entreprises.

Par nature inculte à la rentabilité par le travail, les fonds d’investissements quand ils sont étatiques peuvent servir des « bras armés économiques » à des fins stratégiques.

 

Maintenant qu’on a tout bradé, en suivant à la lettre les injonctions de la Banque Mondiale et du FMI et qu’on peut se gargariser pays libéral et bon élève de ces derniers. Il  nous manque une dernière étape, puisque le libéralisme économique mauvais soit-il, possède une vertu, que ses pourfendeurs ne ratent aucune occasion pour clamer. C’est la transparence des comptes.

 

Ceci dit, La cohérence au libéralisme veut qu’on informe le  citoyen sur son patrimoine. Faire des rapports détaillés ou le citoyen aura accès  pour se convaincre du bien fondé et de l’intérêt de ces politiques et programmes imposés.

Ces rapports peuvent contenir : Les résultats annuels, les emplois créés ; les cotisations sociales,  taxes et impôts collectés, le développement réalisé, la croissance de l’entreprise et perspectives, etc. Bref, quel est le sort actuel des nos entreprises liquidées, privatisées ou structurées ? Est-ce une bonne politique menée ? Quelle est la portée financière et stratégique de ces privatisations ?

 

Plus grave on continue de libéraliser au moment où le pays a plus de moyens qu’il n’avait dans le passé et que tous les pays du monde prennent recul et se protègent du libéralisme sauvage qui n’est rien d’autre qu’une colonisation économique qui avance masquée.

 

La dernière était la cession du hautement stratégique, la société de télécommunication Sotel-Tchad, cédée à Green Network, une entreprise d’Etat Libyen, piloté par le fonds d’investissement étatique, le Libyan Investment portfolio.

Par son caractère stratégique et porteur, Sotel-Tchad a un « fonds de commerce » qui ne peut être chiffré.

 

La raison de cette cession, avancée par les autorités, est que  « Sotel-Tchad était en faillite et c’est malgré l’aide de l’Etat pour la redresser »

Si on comprend bien le raisonnement,  privatiser serait le seul moyen pour sauver cette entreprise. Mais pourquoi la cédée à un autre Etat ? Pourquoi ne pas monter un fonds d’investissement dont le capital serait détenu à moitié (49%) par des actionnaires nationaux et 51% par l’Etat Tchadien.  Ensuite, ce fonds fonctionnera de manière autonome pour reprendre les entreprises en difficultés. 

 

Comme mentionné dans le communiqué repris par les journaux,  « L’acquéreur s’engage à investir entre 50 et 100 milliards de FCFA  pour le développement de la société  »

L’engagement d’investir dont les autorités se réjouissent ne pas obligatoire et la somme promise est dérisoire. Pléthore de commerçants ou sociétés privées tchadiennes peuvent constituer un tel apport. Apport qui permettra de garder la principale société de télécommunication au giron national.

S’agissant de la préservation des emplois, les fonds d’investissements s’en servent au départ pour prendre part aux capitaux. Une fois la mainmise effective, ils font ce que  bon leur semble, des sous au maximum et licenciements abusifs. Des pays puissants, qui avaient naïvement plié aux sirènes du libéralisme, déréglementant leurs législations et exposant des entreprises stratégiques, s’en mordent les doigts aujourd’hui.  Que des échecs sur tous les plans.

 

Rien ne prouve que nous sommes copains comme agneaux avec la Libye de Gaddafi. Ne dit-on pas  que la vengeance est un plan qui se mange froid ? La guerre économique n’est pas une vue de l’esprit pour experts ou journalistes phobiques en mal des supputations, c’est une réalité.       La Libye de Gaddafi avait utilisé la force pour envahir le Tchad, sans succès, alors aujourd’hui, il change de stratégie pour revenir par d’autres moyens. Si aujourd’hui les occidentaux dominent le monde, c’est par le pouvoir économique.  

Dison-nous que toutes nos communications sont gérées  par des serveurs qui se trouvent à Tripoli. Serons-nous en sécurité ?  Ne dit-on pas que gouverner c’est prévoir.

 

« Les systèmes économiques qui négligent les facteurs moraux et sentimentaux sont comme des statues de cire : ils ont l’air d’être vivants et pourtant il leur manque la vie de l’être en chair et en os. » Gandhi

 

Issa Mahamat Abdelmamout

issa1304@yahoo.fr



 

Pour information, voici une liste, non exhaustive, des entreprises plus ou moins bradés :

 

AIR TCHAD: compagnie nationale de transport aérien

BATAL: banque Tchado-libyenne

CSPC: caisse de stabilisation des prix de coton

OFNAR: office national des routes

STT : société textile du Tchad

SOTERA : société tchadienne d’exploitation de ressources animales

SONACOT : société nationale de commercialisation du Tchad... Etc.

CAA: caisse autonome d’amortissement

CNPS: caisse national de prévoyance sociale

CNRT: caisse nationale de retraités du Tchad

CNEAPAA: centre national d’enseignement artisanal et professionnel des arts appliqués

FIR : Fonds d’intervention rurale

LRVZ: laboratoire  de recherches vétérinaires et zootechniques

ONDR : office national de développement rural

OACVG : office des anciens combattants et de victimes de guerre

ONMO : office national de la main d’œuvre

ONPT : office national des postes et télécommunications

SODELAC: Société de développement du lac

BIEP (SOGEC) : Bureau interministériel d’études et de projets

BTCD devenue SGTB : société Générale Tchadienne de Banque

BDT devenue CBT: Commercial Bank, of Chad

BIAT: banque internationale d’Afrique au Tchad

DHS: directions de l’huilerie et du savon

LNBTP: laboratoire national du bâtiment et des travaux publics

MCT: manufacture de cigarettes du Tchad

ONHPV (STH): office national de l’hydraulique pastorale et villageoise

PHARMAT : pharmacie du Tchad

SONASUT devenue CST : Compagnie Sucrière du Tchad

SNER : société nationale d’entretien routier

STAR NATIONALE : société tchadienne d’assurance et de réassurance

SONAPA : société nationale de production animale

SIMAT : société industrielle de matériel agricole du Tchad

SOTEC : société tchadienne d’exploitation des carrières.

COTONTCHAD : société cotonnière du Tchad

STEE : société textile du Tchad

SOTEL-TCHAD : société des télécommunications du Tchad

STPE : société tchadienne des postes et de l’épargne

SIPT : société industrielle pharmaceutique du Tchad

SAPROVET : société d’approvisionnement des produits vétérinaires. ETC……

 

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