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19 Avril 2012
Me Padaré prochaine victime ? En tout cas, quelques mois après son entrée au gouvernement, la gestion de cet avocat, juriste, défenseur des droits humains, la gestion donc de certaines affaires est décriée et il y a aussi l’histoire des 250 000 000 interceptés à Addis Abeba. La construction des écoles à Léré serait l’œuvre d’une entreprise derrière laquelle il se retrouverait. On dit qu’il est dans le viseur de IDI, son maître !
Par Vourboubé Pierre
Après son séjour à Léré, M. Idriss Déby Itno instruit son cabinet de faire venir Me Padaré pour un entretien. Quand ce dernier se présente, IDI lance les débats :
— Alors, fiston, comment vas-tu ?
— Ça va, papa, répond Me Padaré large sourire aux lèvres.
— Quelles leçons tires-tu de ma visite à Léré ?
Là, Me Padaré change de mine, se met à trembler, pensant que le PR évoquera la gestion des trois millions de francs CFA destinés à cet évènement ; somme d’argent que Me Padaré a géré de façon opaque. Il se murmure qu’il n’a même pas déclaré ce montant à toute l’équipe chargée de l’accueil des invités. Sa gestion, qui reflète bien ce qui se passe à la tête du pays, continue de faire l’objet des critiques de la part des militants du MPS.
— J’ai appris que l’ex-maire de Léré a eu 12 000 000 pour fournir les bœufs et il en a profité pour vendre ses animaux malades de tuberculoses pour l’alimentation des invités. Il a vendu ses bœufs malades à 400 000 F CFA l’unité, dit IDI.
— Non, Papa, ce sont les mauvaises langues, les jaloux du succès qui veulent me disculper devant vous, poursuit Me Padaré. A vrai dire, l’accueil a été à la hauteur de notre investissement : les gens sont sortis massivement et tout le monde est reparti satisfait de votre discours, de vos promesses et de la ripaille que nous avons offerts grâce aux... Autrement dit, en cas de présidentielle, nous allons gagner comme pendant les municipalités. Seuls les gens de l’UNDR parleront de fraude !
— L’UNDR a…
— Non, papa, ces gens se sont immiscés dans votre réponse à notre invitation, nous militants du MPS Lac Léré. D’ailleurs, ils ont gâché la fête…
— Fiston, coupe IDI, tu oses m’interrompre quand je parle ! Demande mes nouvelles à mes parents pendant la réforme de l’armée. Sois heureux que je n’aie pas une bouteille d’eau minérale à portée. Sache que j’ai été témoin de la belle organisation des gens de l’UNDR comparée à votre désastre. Et puis, je connais aussi comment le MPS gagne les élections au Tchad en général, au Sud en particulier. D’ailleurs, tes ex-camarades de l’UNDR dit que tu n’as pas démissionné de leur parti ! Et, puis, je n’ai toujours pas eu la tête de Kebzabo que tu m’as promis ! Dans tous les cas, je ne t’ai pas fait venir pour ces explications sans fin : dis-moi, les 250 000 000 interceptés à Addis Abeba, où les as-tu trouvés ? Est-ce une partie de l’argent que je t’ai donné pour les municipalités à Léré ou tes propres économies ? Tu as une semaine pour m’apporter ta réponse.
Me Padaré, bien confondu, se prosterne :
— Papa, fait-il en tremblant, j’ai toujours dit que, dans ma vie, après vous, vient Dieu… Les miens le savent si bien…
— Ha, ha, ha… fait IDI, ne me fais pas croire à des bêtises du genre, Me Padaré. Et puis, parlant de Kebzabo, où étais-tu après ton premier conseil des Ministres ? Dans le bureau de sa femme, non ? Cette dame, grâce à toi, a connu le compte-rendu de ce conseil avant tout le monde !
— Non, Papa, ce n’est pas vrai : les gens racontent du mensonge…
— Je dis bien que tu as une semaine pour m’apporter ta réponse, fulmine IDI qui, tout d’un coup, se lève pour tourner le dos à Me Padaré bien confus.
IDI parti, un de ses aides de camp prodigue des conseils à Me padaré :
— Me, il faut profiter de l’absence du Boss pour partir. S’il te retrouve ici, il t’avalera vivant. Je te parle en tant qu’homme d’expérience.
Me Padaré, le cœur battant, prend le large.
De retour chez lui, il se précipite sur le placard où sont rangés les bouteilles de liqueur. Tout de suite, il saisit une bouteille, l’ouvre et avale presque sa moitié « à la clairon » :
« Déby, sache que, avocat et défenseur des droits humains, j’ai abandonné le dossier Ibni Oumar Mahamat Saleh pour te suivre. Avocat et défenseur des droits humain, j’ai compromis mes rapports avec les miens en te promettant la tête de Kebzabo. A cet effet, j’ai vu moult marabouts et féticheurs pour enterrer ce diable qui grignote tes voix dans ton fief au Nord... »
A ce niveau, il arrête, boit sa liqueur et reprend :
« Avocat et défenseur des droits humain, j’ai transgressé mes us et coutumes en utilisant un des symboles moundang afin de t’offrir Léré. Avocat et défenseur des droits humain, j’ai tripatouillé les élections municipales à Léré pour te permettre de vaincre, pour une fois, Kebzabo dans son fief. Personne d’autre n’a réussi cette prouesse avant moi. Djonfabé Patalet, Kalzeubé Pahimi Deubet,… prenaient ton argent qu’ils bouffaient sans atteindre la hanche de Kebzabo. Moi, je l’ai battu lors des municipalités, à ma première participation à une élection. Avec le fardeau de tout ceci, sans la liqueur, je ne dors pas. Et tu veux m’envoyer à Moussoro pour des minables 250 000 000 F CFA ? Non, Déby, tu es ingrat ! »
Me Padaré saisit son téléphone et compose un numéro :
— Allô ? C’est bien Brahim Yadah ?
— Non, c’est moi, répond une voix féminine.
Me Padaré raccroche tout de suite : « C’est moi. Est-ce que j’ai dit que c’était à toi que je voulais parler, hein ? Bordel, cul de ta mère » murmure-t-il, et il recompose un deuxième numéro.
— Allô ?
— Bonjour, Ministre ! dit, cette fois-ci, une voix masculine.
— Brahim Yadah ?
— Ministre, aujourd’hui, tu ne reconnais pas ma voix ?
— Si, Brahim, répond Me Padaré tout heureux.
Brahim Yadah, comptable au Ministère du pétrole, est un des partisans de Me Padaré dans sa lutte contre Kebzabo.
— Brahim, qu’as-tu fait de la liste des gens que je t’ai remise pour le féticheur de Zaloumi ? demande Me Padaré.
Zaloumi est un village à une vingtaine de kilomètres de Léré, au sud.
— Ministre, dès mon retour de Zaloumi, je t’ai transmis cette liste et les 200 000 F CFA en te relatant que ce féticheur m’a dit.
— Qu’est-ce qu’il t’a dit ?
— Qu’il était pro Kebzabo donc mal placé pour t’aider à éliminer, par envoûtement, cet endurci et ses adeptes. Je te rappelle que sur cette liste, outre Kebzabo que tu as placé en tête des gens à éliminer par fétichisme, figuraient Mahamat Wanon, Clément et Honoré Moundou, Kanabé,… Je te rappelle aussi que le féticheur-là a menacé de venir témoigner contre nous si ces gens venaient à déposer une plainte contre nous...
Me Padaré raccroche sans crier gare. Il boit encore sa liqueur, s’assied et prend la tête dans les mains. Là, les images des municipalités à Léré défilent : Me Padaré était chez lui, en train de remplir les bulletins quand a surgi un manœuvre de Wachi, son maçon, beau-frère de Dr Patalé, le candidat de l’UNDR dont le siège à l’assemblée nationale a été arraché pour être confié à Habiba Sahoulba. Confus, Me Padaré a tenté de corrompre ce gars qui l’a surpris dans cet acte indigne d’un avocat, avec 100.000 F CFA, en vain. Wachi s’est retrouvé en taule, pendant quelques heures.