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2 Mars 2010
A la fin de la première partie de cet article, j’avais promis de revenir sur le sujet dans quelques instants. Mais malheureusement, je n’ai pas pu honorer cet engagement pour des raisons organiques, et donc tout à fait indépendantes de ma volonté (il faudrait mieux de ne pas chercher à les connaitre). Et pourtant, il faudrait toujours honorer une promesse, mais, croyez-moi, c’est sans réel enthousiasme parce que en relisant le texte du camarade Beremadji, j’ai compris que le but qu’il recherchait c’est la diversion et la division, et surtout une haine primitive contre certaines communautés tchadiennes, et, par conséquent je ne devrais pas être entrainé sur ce terrain-là.
Mais comme il y a l’autre voix dans mon intérieur qui m’exige d’honorer mon engagement, je m’exécute, mais en
choisissant la voie médiane c'est-à-dire continuer l’analyse du texte de notre compatriote en « abrégeant » ma critique au maximum pour économiser et mon temps et le
votre.
Et donc, pour revenir au sujet de l’article en question, je dois dire que mon enfant ainé est né à Bongor. N’eut été mon rappel à N’Djamena, il serait, aujourd’hui, un parfait massaphone. Je dis bien massaphone et non massayisant. Parce qu’il aurait appris la langue massa spontanément, par ses copains ; dans la rue, au marché, son milieu naturel. Et certainement il aurait appris aussi d’autres langues de l’ex-mayokebi comme le mondang, le toupouri et tant d’autres. C’est aussi le cas d’au moins deux générations ressortissants d’autres régions du Tchad qui sont aujourd’hui des très parfaits saraphones pour avoir été nés et grandit à Sarh ou à Moundou avec toutes les particularités de cette langue, le Ngambaye et le madjingaye, (qu’on m’évite les détailsit)
Mais enfin…pourquoi devrais-je à chaque fois renter dans des détails somme toute inutiles alors qu’il me faudrait écrire tout juste une phrase pour que je sois compris par mon camarade de lutte. Je « me » réponds : c’est parce que, usant de la crédulité des tchadiens, il chercherait, sans doute, à insinuer quelque chose pour divertir les lecteurs à partir d’un seul mot « happé » de mon texte. C’est le propre de tout populiste de s’accrocher à un seul mot pour dénigrer. Mais passons !
Beremadji Félix dit « La langue arabe est parlée, écrite et lue par la grande majorité du Nord (ce qui est vrai). Le fait a été reconnu par le premier Président tchadien, » arrêtons-nous un peu ici et observons l’amalgame malsain. Nous avons en face de nous toute la dualité de ce citoyen. Relisons une fois de plus, je vous en pris, chers compatriotes, la phrase de notre cher Beremadji et retenons bien ce qui a été écrit. Selon ses propre dires, l’arabe est une réalité nationale puisqu’elle (la langue arabe) « est parlée, écrite et lue par la grande majorité du Nord » le nord du Tchad bien entendu. Pourquoi alors critiquer Deby pour avoir reconnu cette réalité-là ? Que cherche-t-il à travers son discours dont il se force à lui donner un contenu alors qu’il se contredit lui-même presque à chaque ligne?
Tout homme au coefficient intellectuel moyen, remarquerait que l’auteur a lui-même vidé son papier de sa
substance, puisque notre éditorialiste reconnait que les ex-chefs d’Etats, Tombalbaye et Habré, avaient agit par réalisme politique.
Concernant l’ex-président, Hussein Habré, il écrit « Le fait est à mettre à l’actif de l’ex président Habré, alors Premier Ministre. Pour quels motifs ? … C’est la reconnaissance
d’une réalité ou pour des intentions politiciennes, c’est selon» » allez-y comprendre quelque chose ! « Le fait est à mettre à l’actif de l’ex président Habré, alors Premier
Ministre…» On comprend facilement que notre cher éditorialiste a voulu ôté à Habré la positivité de son acte en incluant dans sa phrase « des intentions
politiciennes ». Mais passons encore !
L’une des incohérences et non de moindre est lorsque l’éditorialiste utilise le terme « imposer »en parlant de la langue arabe au Tchad. On impose quelque chose qui n’est pas du terroir, qui n’est pas national ; et cela ne s’applique pas à la langue arabe, n’en déplaise à Beremadji. Il faudrait dire « appliquer » et non « imposer », M Beremadji ! Si demain Deby ou n’importe quel autre président tchadien déciderait que l’une de nos langues tchadiennes soit officielle, parleront nous d’ « imposition » ? En ce qui me concerne et en ce qui concerne tout citoyen sachant faire la distinction, il serait question d’ « application ». Une langue du pays, ça ne s’ « impose » pas, mais ça s’ « applique ». La nuance est de taille. Parlons terre à terre pour que tu comprennes. Laisse-moi te dire une chose : le Sara (une langue régionale) le beri, le dazaga, le kanebou, le maba et tant d’autres, sont des langues tchadiennes. Nous n’avons pas besoin de les imposer mais de les appliquer.
Par contre, c’est le français qui nous a été imposé d’abord par les colons et ensuite par les dirigeants du pays. A l’indépendance, combien furent ceux qui parlaient français M Beremadji, toi qui tentes de se faire passer pour un historien ? Pratiquement, aucun ministre n’a son BEPC. Imagine, soixante ans de colonisation française, mais aucun homme politique n’a un BEPC. A part, ou presque, l’écrivain, Joseph Brahim Seid.
Par ce melting-pot dissertationnel, cette façon de mélanger le oui et le non, il apparait que l’éditorialiste voudrait visiblement ressembler à Georges Jaques Danton. A cette différence près que Danton que Lénine qualifiait de grand maitre de la tactique révolutionnaire, fut un homme dont le souci n’était pas de diviser les différentes tendances révolutionnaires (la révolution française), mais il se contorsionnait pour rapprocher des points de vue contradictoires pour éviter l’échec à la révolution. Danton fut un grand tribun argumentateur et patriote quoique ses conviction quant à la gestion de la révolution étaient opposées à celles du celui qu’on surnommait l’ « incorruptible », son adversaire politique et en même temps son camarade de lutte, Robespierre. Pardon, il n’est pas question ici de parler de la révolution française. Toutes mes excuses !
Bref, Beremadji Félix, à qui je reconnais le droit de s’opposer au bilinguisme, a le devoir de se garder de créer la zizanie au sein du peuple tchadien en insinuant, très maladroitement d’ailleurs, des formules qui incite à la haine.
Bref, je crois qu’il y’a pas de nécessité de continuer à décortiquer l’article du camarade Beremadji de peur que, dans ma lancée, j’en ferais un livre. Mais avant de tourner cette page, j’aimerais savoir ce que Beremadji Félix voudrait dire par « fibre très sensible et qui est le facteur principal de division entre les tchadiens. » de quels tchadiens voudrait-il parler ? De tous les tchadiens, dans leur ensemble ou bien il a sa propre catégorisation de « tchadiens ? » de toutes les manières, sans lui prêter des intentions, nous allons considérer qu’il parle de tous les tchadiens. Et dans ce cas-là, « l’arabe qui est le facteur principal de division entre les tchadiens» a « divisé » selon Beremadji:
-Tombalbaye et son opposition créant ainsi la révolte de Fort-Lamy du 16 septembre 1963,
- les CCFAN de Habré et le général Malloum à N’Djamena dont la guerre civile de 1979,
- le groupe de Habré et celui de Goukouni (guerre de neuf mois),
L’arabe a aussi « divisé » les dirigeants du comité permanent au sud du pays (dirigé par Kamougué Abdelkader) entrainant les conséquences que l’on sait. Ils ne sont pas entendus sur la question de l’arabe !
- la mésentente entre les dirigeants du CDR, Rakhis Manani et Acheikh Ibni oumar, c’est toujours autour de la langue arabe.
- le Martyr Dr Outel Bono, assassiné en France et Bichara Digui, Maitre Bihedi à N’Djamena ; tous les assassinats politiques ainsi que les batailles rangées entre éleveurs et agriculteurs, et même la récente bataille rangée entre les deux tribus arabes wallad rachid et Khouzam à Amza-afay c’est toujours autour de la langue arabe.
Bref, les dissensions au sein de la résistance nationale les 2 et 3 février à N’Djamena, après avoir renversé le régime de Deby, dissensions qui ont conduit à l’évacuation de N’Djamena par les rebelles presque sans combat, tout cela c’est autour de la langue arabe ?
Et last but not least, l’arabe a particulièrement « divisé » le groupe de Beremadji et celui de Deby de manière aussi nette que ce n’est pas demain qu’ils oublieront leur différent.
De ce qui précède, il est clair que l’arabe est « le facteur principal de division entre les tchadiens».
Source : www.alhifrig.com