4 Janvier 2012
Chers parents Moundang et Guidar,
A l’aube de cette nouvelle année 2012, qu’il me soit permis de vous présenter à tous mes vœux les meilleurs de santé, de prospérité et de paix, non pas comme un effet de mode mais parce que notre communauté en a grand besoin ! Puisse Le Seigneur qui nous a enseigné l’amour et le pardon guérir nos cœurs des blessures vives accusées au cours de l’année passée et en effacer les effets dès à présent !
Ne me prévalant pas d’une officine politique particulière et ayant été moi aussi, à un moment donné, à votre service au sein du gouvernement de la République, j’estime que je n’ai de problème avec personne (à ma connaissance) et que je puis donc élever ma petite voix pour interpeller la conscience de chacun et de chacune.
En effet, depuis que notre communauté a été entrainée, à l’instar des autres, dans les sentiers de la démocratisation plurielle, il y a eu malheureusement plus de heurts et de douleurs pour nous, du fait des hommes faillibles que nous sommes. Nous nous sommes écartés de nos valeurs séculaires de solidarité, de respect mutuel et du sens de la mesure au profit de l’intérêt personnel, de la manipulation froide et de la mesquinerie. Je ne viserai personne mais je sais formellement que ce jeu a été essayé par la plupart sur la scène publique locale, au point qu’au finish nous n’avions pas été capable de mener à terme une seule initiative à intérêt communautaire dans la bonne entente.
Aujourd’hui, l’actualité de notre région a défrayé la chronique et nous a tous secoué. Dans la gestion des affaires dites de “Mata- Léré“, nous avions mis à nu les pourritures qui couvaient déjà longtemps dans notre milieu devant l’opinion publique. Beaucoup, comme moi, ont dû réagir par principe et pour défendre des principes fondamentaux et non des individus. Il faut s’en arrêter à cela !
Les procédures malencontreusement engagées en justice et devant l’Assemblée Nationale ont montré leurs limites et causé du tort tant aux autorités qu’aux communautés et citoyens incriminés. Il faut maintenant tourner cette page dramatique et calmer les esprits, sans frustrer qui que ce soit. Il faut laisser la place à la réconciliation entre nous tous et au rétablissement de la sérénité pour la bonne gouvernance locale. Un adage dit bien que “seuls les imbéciles ne changent pas“. Il n’est pas besoin de jouer aux extrémistes de part et d’autre et de remplacer le dialogue fraternel par la bagarre. A ce stade là, nous ne serions plus dans le droit chemin.
Regardons à présent vers l’avenir et retenons les leçons du passé pour prévenir toute dérive probable. Ramenons le problème de Mata- Léré dans son vrai contexte, voire de l’insécurité dans notre région et mobilisons-nous tous pour enrayer ce phénomène, sans céder à la justice expéditive ni par l’administration, ni par la population. Si nous décidons de rester vigilants et mobilisés, comme ces dernières semaines, beaucoup de problèmes locaux connaîtront un début de solution heureuse. Par contre, si pour satisfaire au populisme aveugle ou céder à une quelconque manipulation feutrée, nous voulions encore tirer sur cette corde maudite, alors faisons-le chacun en son nom propre parce que certains ne se reconnaîtront pas dans des suites inconsidérées.
En clair, obligeons nos leaders locaux à une réconciliation publique qui n’entamera en rien la poursuite de leurs ambitions respectives, mais qui aura le grand mérite de soulager durablement toute la communauté régionale dans sa diversité culturelle, sociale et politique. Profitons de la pause actuelle pour tout faire ce qui est en notre pouvoir et que Dieu commande aux croyants, pour obtenir ce noble résultat !
Je n’entre pas dans les détails mais c’est le cri de cœur que je lance à tous les clans, aux jeunes, aux responsables des cultes locaux et traditionnels, au chef de race à N’Djamena et ses collaborateurs, sachant qu’il n’y a pas d’autres issues profitables pour nous tous que la réconciliation entre les frères. Que celui qui estime que je ne suis pas son frère rejette ma requête !
Je vous remercie !
Enoch DJONDANG
Membre de la Grande Communauté, Mayo-Kebbi