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28 Janvier 2013
Mahamout Adam Béchir, ancien Ambassadeur du Tchad corrompu par la société canadienne
Corruption à grande échelle : Une société pétrolière Canadienne arrose la famille de Deby (Traduction non officielle)
La société pétrolière de Calgary (Canada) a plaidé coupable et payé 10,3 M $ pour avoir soudoyé l’Ambassadeur du Tchad aux USA et Canada pour 2 millions de dollars
Calgary - Il s’agit de deux faces de la même Société, selon l'avocat Kristine Robidoux.
D’une la société Griffiths, après avoir constaté l’étendue de ses propres fautes, a mené une enquête approfondie et rapidement rendu ses conclusions au parquet au Canada et aux États-Unis.
Puis il y a l'autre face de Griffiths Energy International Inc. (GEI).
Dans la journée du mardi 22 janvier, l'entreprise a plaidé coupable à une accusation de corruption en vertu de la loi canadienne en la matière. Elle admet avoir payé 2 millions de dollars à des fonctionnaires tchadiens pour obtenir un avantage dans deux blocs d'exploration dans ce pays africain riche en pétrole.
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Le montant est "pas négligeable" mais la direction actuelle de l'entreprise est d'accord l'infraction est grave, l'avocat de Mme Griffiths Robidoux a déclaré à un tribunal de Calgary, mardi.
L'entreprise de Calgary a été fondée par le légendaire cow-boy de la finance, Brad Griffiths, qui est décédé dans un accident de bateau dans les cotes d’Ontario en 2011, quelques mois seulement après que sa société ait soudoyé l'ambassadeur du Tchad.
Quelques jours à peine avant la mort de son fondateur, GEI a commencé à placer une nouvelle équipe à la tête de l’entreprise une nouvelle équipe de direction dans l’intention de rendre l’entreprise publique. Il a été ainsi prévu l’une introduction de l’entreprise en bourse le 31 décembre 2011. Mais tout en menant sa diligence raisonnable, les gestionnaires ont relevé des irrégularités frappantes dans les contrats négociés au Tchad et a lancé une enquête interne qui a duré cinq mois et a coûté 5 millions de dollars. Comme les preuves sont devenues plus accablantes, l'introduction en bourse a été abandonnée, ce qui coûte à la société un montant supplémentaire de 1,8 millions d'euros.
Le procureur fédéral dans un accord à venir a obtenu de l'entreprise, la mise à la disposition de l’enquête la base des données internes, des informations pertinentes relatives aux e-mails et des mémos. GEI a même aidé la police à comprendre la dynamique de l'industrie pétrolière en général, et la nature du travail au Tchad, en particulier.
«Nous avons livré à la justice tout ce qu’il faut comme documentation, nous nous sommes organisés et prêts pour faire face aux poursuites en cours, » a déclaré, Mme Robidoux. Elle a ajouté que GEI avait appris la leçon et a apporté des modifications dans sa législation pour s'assurer que la société ne s'engage plus dans une nouvelle semblable entreprise. "Il y a une volonté de faire les choses différemment par rapport à ce qui se faisait précédemment", a t-elle dit.
Selon un exposé conjoint des faits présenté au tribunal, M. Griffiths et ses partenaires commerciaux, ses frères et Parvez Naeem Tyab, cherchaient à avoir l'accès au pétrole du Tchad dès 2008. Depuis cette année Cette année, les partenaires étaient en contact avec l'ambassadeur du Tchad au Canada, Mahmoud Adam Béchir, qui a vécu à Washington, DC, à l'époque, il était également le représentant du Tchad aux États-Unis, au Brésil, à l'Argentine et au Cuba.
M. Tyab s’était rendue au Tchad en 2009 et a offert une prime de signature de 2 millions $ pour sécuriser l'accès aux champs pétrolifères en Borogop, Doseo et le lac Tchad. Cependant, le Ministère tchadien a rejeté cette offre, affirmant que le bonus était trop faible. En Juin de la même année, M. Griffiths a adressé une lettre d’excuse au ministre pour cette offre jugée trop modeste et a suggéré un bonus de 10 millions de dollars.
Plus tard à la même année, indique un communiqué, M. Tyab a offert des honoraires de consultation de 2 millions $ à une société détenue par l'ambassadeur, enregistrée dans l'état du Maryland et a appelé «Ambassade du Tchad LLC» pour fournir «consultation, de la logistique, de l'exploitation et d'autres assistance en ce qui concerne la mise en œuvre d'huile GEI et du gaz. " Les avocats de GEI ont averti M. Tyab qu'il serait illégal pour GEI à faire une telle offre à l'ambassadeur, et dès lors l’accord fut annulé. A la place, un autre contrat, presque identique au premier a été établi entre l'entreprise canadienne et le « Tchad Oil Consulting LLC, » qui était détenue par Nouracham Niam, l’épouse de l'ambassadeur.
Il a été également offert la possibilité d’acheter en priorité, dès l’ouverture de l’entreprise GEI au public, à Mme Niam et aux autres membres du personnel de l’Ambassade du Tchad pour un montant de quatre millions d'euros à un coût unitaire de 0.001 $.
Le Tchad est considéré comme l'un des pays les plus corrompus et pauvres dans le monde.
Ironiquement, en 2010, le pays a fait des changements considérables à son régime fiscal sur le pétrole, ce qui a rendu impossible pour une seule personne de pouvoir diriger seule une société et sécuriser les avoirs de ses champs pétroliers sur place.
Même si GEI admet avoir tenté de s'assurer de l’appui de l'ambassadeur, il a affirmé - et la Couronne a accepté - que l’Ambassadeur ne fût pas en mesure de le faire.
«Ces gens ne sont pas fous," interrompit le juge Scott Brooker, au cours de la procédure judiciaire. "Pourquoi auraient-ils offert de payer 2 millions de dollars s'il n'y avait pas quelques indications qu'il y aurait une certaine utilité dans tout cela?"
Mme Robidoux a répondu que la société pensait que l'ambassadeur a eu une certaine influence. « Peut-être pas tant que l'ambassadeur, mais avec une autre relation, « a laissé entendre le juge ; "Oui, monsieur", répondit Mme Robidoux.
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GEI a obtenu le contrat en Janvier 2011 avec la promesse d'une prime à la signature de 40 millions de dollars. En Février de la même année année, 2 millions de dollars ont été remis à la société appartenant à l'épouse de l'ambassadeur tchadien.
Au cours de l'été 2011, GEI embauché une nouvelle équipe dirigeante, et a fait un ménage qui a commencé environ deux semaines avant la mort de M. Griffiths.
À l'automne de la même année, GEI a signalé des irrégularités à la GRC, au département américain de la justice, aux procureurs fédéraux au Canada et à la Justice de l'Alberta. Ces accusations ont été rendues publiques la semaine dernière.
(Original en anglais.)
National Post (Canada)