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14 Juin 2011
Ahmat Zéïdane Bichara/ prix Lorenzo Natali 2006-Regards d'Africains de France
Vaste question. Cependant, on peut d’ores et déjà affirmer que les choses s’annoncent assez délicates pour le régime tchadien. A une double condition que les insurgés libyens réussissent à faire partir Mouammar Khadafi d’une part: les occidentaux auront ainsi une main-mise totale sur le pétrole libyen et seront moins intéressés par celui du Tchad. De toutes les façons si l’on en croit les pétrochimistes européens, l'or noir tchadien serait de mauvaise qualité avec trop de souffre et donc trop de frais de raffinage. D’autre part la menace du pouvoir de Deby sera réelle si, et seulement si, ses opposants politiques, actuellement affaiblis et dispersés, telles des pintades de savanes africaines, arrivent à tisser dès aujourd’hui des relations politiques avec des futurs dirigeants de l’après-Khadafi avec des promesses et des engagements crédibles et bien ciblées. Un autre élément à prendre en compte, c'est bien les liens avec la France et peu importe les gagnants des présidentielles et législatives 2012.
Ce sont là les conditions sine qua non qui pourraient amener la France et l’Union européenne à tourner le dos au président tchadien. Alors que le président tchadien est toujours prêt à tripler les avantages dont bénéficient les puissances occidentales en général et particulièrement la France (N.D.R.L, surtout le parti de la majorité française aura besoin beaucoup d’argent pour la prochaine campagne présidentielle 2012) pourvu qu’on lui garantisse aussi longtemps que possible le pouvoir. Deby et Sarkozy se sont farouchement opposés sur les évènements en Libye. Idriss Dèby croyait obtenir aussi facilement pardon du locataire de l’Elysée soutien affiché d'Alassane Dramane Ouattara contre le camp Gbagbo avec l’envoi des moyens logistiques et militaires en Côte d’Ivoire ( en partie à partir de l’Aéroport Hassan Djamouss) De N’djaména pour faire passer clandestinement via Douala et Cotonou des centaines de conteneurs remplis des moyens loigistiques militaires et surtout des armes des grands combats) mettant ainsi fin au régime de son ex-adversaire politique Laurent Gbagbo. Mais les choses semblent se compliquer pour lui, car la présence des éléments de la garde présidentielle tchadienne pour la protection de Mouammar Khadafi coupe le sommeil de l’Elysée et de Quai-d’orsay. Pas plus d’un mois, le ministre tchadien des Affaires étrangères Moussa Faki a été convoqué d’urgence à Paris pour justifier les raisons de la présence des militaires tchadiens en Libye. Pour le moment aucun communiqué de presse n’a pas été publié au journal de la République française ou diffusé tout simplement à l’issue de cet entretien.
Des sources policières soutiennent que la France exige le retrait sans conditions des militaires tchadiens du territoire libyen si, et seulement si les autorités tchadiennes tiennent que l’état français soit toujours à leur côté en vue de matter des éventuelles révoltes qui menaceraient leur pouvoir. Cette embarassante situation place aujourd’hui Dèby entre le marteau et l’enclume, puisque de Mouammar khadafi, il a pu soutirer une colossale somme d’argent avec une promesse de soutien à vie du régime zaghawa quelque soit la personne qui gouvernera le Tchad avant et après-Dèby. Un proverbe français ne dit-il pas que « le malheur des uns, fait le bonheur des autres. » De la France tout le monde sait que si aujourd’hui le cœur du régime tchadien bat encore bien et fort, c’est grâce au soutien logistique et militaire qu’il a bénéficié des autorités françaises, alors qu’il n’existe aucun accord qui permet à la France de soutenir un régime sanguinaire et corrompu. Maintenant, entre l’arbre qui représente la France et l’écorce, la Libye de Khadafi, Deby réussira-t-il à placer son doigt afin de convaincre ses deux partenaires politiques ? Il est d’ailleurs attendu à Paris d’ici le début du mois d’août pour une tête-à-tête avec Nicolas Sarkozy, même si la source d’où nous provient l’information se réserve le droit de dévoiler la date exacte de la rencontre présidentielle entre les deux animaux politiques. On peut tout de même dire que Dèby a du pain sur la planche et sa gourmandise de vouloir toujours gagner d’argent sale lui brisera un jour ses reins.
Pourtant il est déjà devenu au bout d’une vingtaine d’année, parmi les hommes les plus riches de l’Afrique. Voilà ce qu’on peut retenir des malheureux événements qui se déroulent depuis plus de trois mois en Libye. Au Tchad et dans certains pays où l’on compte une forte communauté tchadienne opposée au régime de Dèby, tout le monde croit fermement que la fin du pouvoir de Khadafi serait également la fin de celui de Dèby. C’est un point de vue qu’il faut respecter.
On ne sait jamais, peut-être les choses se passeront comme ils rêvent. Ce qui est sûr, il n’ya pas de certitude en politique. Les religieux vous diront que seul Dieu décidera de la fin du pouvoir de Dèby. D’autres vous diront tant qu’il ne fait pas face à des opposants militaires organisés et bien équipés, le président tchadien mourra au pouvoir comme le défunt président ivoirien, feu Félix Houphouët- Boigny.