9 Avril 2012
Affaire Zagawa-Massa
Djafna Masana
C’est la suite de l’affaire Zagawa-Massa que tu as publiée et je t’en remercie beaucoup. En effet, depuis le 20 mars, date à laquelle les événements de Farcha
Coq-Ville se sont déroulés, rien n’a été fait ni au niveau de la justice, ni au niveau des parents de la victime. Le 21 mars, le Procureur de la République a entendu M. Ngarga et son fils.
Il a envoyé le dossier chez le juge d’instruction (malheureusement Zagawa) qui a pris leurs déclarations et les a envoyés à la Maison d’Arrêt d’Amssinéné. Un ou
deux jours après, le policier présumé auteur de l’acte était arrêté envoyé également à la Maison d’Arrêt. Depuis lors, ils croupissent en prison.
Toutes les tentatives de la Communauté Massa dans le sens de rapprochement ne serait-ce que pour présenter leurs condoléances à la famille du regretté n’aboutissent
pas ; les Zagawa leur disent qu’ils les appelleraient. Jusque-là, silence total. Entre temps,
- Les victimes croupissent en prison, toute la famille de Ngarga ainsi que celles de beaucoup des Massa habitant le quartier sont dans la nature, sans même le
minimum nécessaire pour leur survie ;
- Les malfrats, non contents de la liberté totale dont ils bénéficient, continuent, avec leurs parents, à menacer toute la communauté Massa dans son ensemble ;
et
- Tous les biens de Massa déplacés du quartier Coq-Ville font l’objet de pillage systématique par les Zagawa et les policiers du "dispositif sécuritaire mis en
place".
Selon les sources dignes de foi du milieu Massa, le comportement de la Communauté Massa observé jusque-là ne saurait être perçu comme auteur d’un quelconque crime ;
elle est doublement victime : i) victime des malfrats qui voulaient mettre fin à la vie de leur enfant et arracher sa moto et ii) victime des incendies et autres actes de vandalisme de la
communauté Zagawa à son endroit. Jusque-là, elle a observé un profil bas, mais ce n’est pas pour autant dire qu’elle est fautive. En ce moment, elle serait arrivée à la limite du supportable et
ne saurait demeurer longtemps dans cette posture. Elle se préparerait à organiser une sorte de légitime défense au cas où ce comportement des Zagawa continuerait. Aussi, tous les villages Massa
du terroir envisageraient d’organiser des chants de guère, signe de ras-le-bol pour les Zagawa. Le droit de manifester étant un principe constitutionnel, elle demanderait par ces manifestations,
la libération sans conditi on des ses enfants en prison, le dédommagement pour tout ce qu’elle a connu et l’arrestation des malfrats. Selon une source depuis Bongor, le sujet fait l’unanimité,
reste que la date et l’heure soient arrêtées. Cette activité serait répétitive jusqu’à ce qu’il y ait non seulement satisfaction des conditions posées, mais total changement de comportement
Zagawa. Le peuple Massa serait prêt à payer le pris.
Cette situation est d’autant plus inquiétante (même pour le régime), car ce mouvement risque d’être suivi par la quasi-totalité des communautés tchadiennes qui
vivent le calvaire de la minorité zagawa. Les Massa seraient beaucoup rapprochés en ce moment par beaucoup de communautés.
Les localités les plus prêtes seraient Kiyabé avec l’’affaire Gali et Abéché pour l’affaire Ibni, Oum-Hadjer pour affaire des marchandises à dédouaner, le pays
Moundang pour l’affaire Kebzabo et la liste est longue.
Vivement que les Massa ne cachent pas les choses, mais que cela soit su par l’ensemble des communautés ethniques pour une dynamique d’ensemble.