28 Août 2011
Mes chers compatriotes, chers amis, peuple du Tchad,
Je vous prends en témoins, dans le vif du sujet, au sujet de l’article d’un Chevalier de l’Apocalypse intitulé : Alerte : virus nazi au Tchad, publié en plein milieu du mois Saint de Ramadan, sur le Blog de Makaila !
Mes chers compatriotes, chers amis, peuple du Tchad,
Voilà, en effet, longtemps que nous attendons ce moment de délation de la part de ceux-là, des troubadours, des « karang-karang » et autres « bögöh-bôgöh » de la Nation. Après tant de dissimulations, d’écrits anonymes, non signés et ou signés de faux sobriquets, et autres cachoteries (qui continuent encore d’ailleurs) ; après donc tant de mensonges plats, d’hypocrisies abruptes et d’attaques incestueux de l’ombre, nous voici presque soulagés de constater enfin que les Chevaliers de l’Apocalypse, des opérateurs nocturnes de la basse besogne, tentent mollement de nous parler. Nous espérons qu’un jour ils auront le courage de leurs convictions et nous adresseront la parole à visage découvert, signée de vrais noms ! Si non, à quoi bon ? Nous espérons surtout qu’ils ont en leur possession des arguments valables à avancer. Si c’est le cas, qu’ils les mettent sur table à visages découverts ! Nous serons ainsi heureux d’en débattre avec eux dans la clameur du jour et non dans l’obscurité de fausses identités. Car nous pensons que, dans les affaires aussi importantes que celles ayant trait à l’avenir et à la vie de la nation, la franchise absolue, la rectitude morale et la probité intellectuelle doivent s’y imposer. Pas besoin de se cacher sous fausse identité et raconter des charabias sur le Net !
En attentant que ces Chevaliers de l’Apocalypse aient le courage d’hommes de convictions qu’ils paraissent nous le démontrer, nous nous réjouissons tout de même que certains d’entre eux aient pu avoir le courage de Röbonatt, le culot de Naodongar et l’audace de Banyo et de Bandoumel, de nous adresser la parole sur ce sujet, même anonymement !
Nous aimerions tout simplement instruire ces Chevaliers de l’Apocalypse du sud du Tchad que dans le contexte global actuel où le nouvel ordre international se mette progressivement en place ; et où le regard porté par le monde sur l’Afrique a, depuis, radicalement changé, aucun de nos actes (anodins ou pas), posés quelque part dans un coin de ce monde, ne passera inaperçu. Chaque bribe et parcelles de nos propos, même tenus dans le tréfonds de nos consciences imbues ou pas, sera examinée, analysée, tamisée, consignée et utilisée, le moment venu, pour être utilisée pour nous défendre ou nous accuser devant le tribunal de l’humanité. On comprend donc, dans ces conditions, l’importance de bien mesurer et soupeser la portée de nos propos et déclarations, écrits ou oraux, si anonymes soient-ils ! Car il est question de la problématique cruciale de la question nationale ; de la construction désespérée de ce qui devrait être la nation tchadienne, l’Etat tchadien, l’Etat moderne, démocratique, républicain et laïc du Tchad ; du comment mieux vivre ensemble ! Evitons les penchants moyenâgeux et les intentions de maki. Ce n’est plus le moment !
En effet, au Tchad, le moment n’est plus aux caprices des uns et à la naïveté des autres. Nous sommes à la croisée des chemins de notre histoire, incontournable ; à une étape cruciale et essentielle de la lutte pour la survie ; du combat pour la dignité humaine et des sacrifices pour l’existence et la préservation de notre identité culturelle. L’existence d’un peuple sur sa terre, celle que lui ont légué en héritage ses ancêtres. De la défense des libertés et droits fondamentaux des individus ; leurs droits à la vie, à la justice, à la dignité, au bonheur et au confort. Leurs libertés ; la liberté de conscience, celle de croire ou de ne pas croire ; la liberté de conscience et de parole, etc. Etant donné que tout peuple sur cette terre est une partie de l’humanité, et que l’humanité est une créature de Dieu, nous sommes confiants quant à notre devenir, parce qu’elle est entre les mains de Dieu à l’image duquel nous avons été créés. Nous sommes membres à part entière de cette humanité et de cette communauté internationale, celle-ci même reconnaît à tout peuple le droit légitime et inaliénable à son autodétermination.
A ce propos, nous avons été servis, ces derniers jours sur le net, de balourdises dignes d’un bon perroquet cornélien et autres jacasseries de bas esprits, comme si ses auteurs entendent nous fixer une ligne de conduite et ou nous donner de leçon en la matière ! L’objectif en background étant de dire, comme depuis toujours, que vous, « Sales Sara, soyez esclaves et taisez-vous» ! Heureusement que de telles balades d’esprits désœuvrés ne peuvent faire qu’éclater de rires leurs éventuels lecteurs ! Après tout, ne faut-il pas s’accorder, de temps en temps, des moments de détente et de relaxation des nerfs en ces temps caniculaires ?
Nous devons néanmoins réagir et mettre les points sur les « i ». Détrompez-vous, Messieurs les Chevaliers de l’Apocalypse ! Le sud du Tchad, contrairement à ce que vous croyez, ne se limite pas aux frontières géographiques des cinq préfectures de l’extrême sud du Tchad. Et ce sud-là est laïc. Il est peuplé d’animistes, de chrétiens et de musulmans depuis le temps de l’histoire ; depuis l’histoire du temps. Lisez « Djingué », l’histoire de la Sagaie de la famille ! Les « Kenga » sont nos cousins et les « baguirmiens », nos lointains et actuels parents!
Revenons-en au vif du sujet : « Alerte : le virus de nazi au Tchad » ! Un brin de la rigolade, une étreinte d’un apprenti prétendant à la sensation ; du resto de cœur, gratis ? En fait c’est un moment de détente (bienvenu) en ces temps de canicule, et il nous a été bonifié par un certain Belemgoto Macaoura (quelle bassesse !) qui nous offre, à l’occasion, un des plus époustouflants ! Cher Monsieur, ayez le courage d’assumer votre identité, du moins sur ce sujet délicat, au risque pour vous de ne plus être pris au sérieux par les tchadiennes et les tchadiens dont vous prétendez défendre l’unité contre leur gré ! Quelle bassesse !
En effet, ce Monsieur fait ainsi croire par sa sortie que, sauf pour le peuple Toubou qui a (selon vous) implicitement le droit de demander à faire usage de son droit à l’autodétermination sans que cela ne déclenche des réactions haineuses en chaine comme la vôtre (cf. Le Droit des Peuples à disposer d’eux-mêmes : Communiqué du Conseil National Toubous et ONG Tibesti, publié le vendredi 10 juin 2011 sur le site web Afrik.com à l’adresse : http://www.afrik.com/article23048.html), les autres tchadiens qui osent ainsi s’exprimer sont des « Nazis » ! Oui, pour Belemgoto Macaoura, ce grand défenseur anonyme de l’unité nationale devant l’Eternel, pour lui donc, tous ceux qui, notamment au sud du Tchad parlent d’autodétermination, d’indépendance politique, d’émancipation, de justice sociale, de dignité, de la défense des libertés et droits fondamentaux humains, tous ceux-là, surtout s’ils sont du Sud du Tchad, sont des « Nazis » (cf. Alerte : le virus nazi au Tchad :http://makaila.over-blog.com/article-alerte-le-virus-du-nazisme-au-tchad-81985120.html). L’objectif avoué de cette amusante sortie est clair: effrayer les couards sudistes tchadiens et attirer au passage l’attention des détenteurs de la bourse nationale sur lui. Pour cela, il fallait sortir de la grosse artillerie. Du moins quelque chose qui a tout l’air de relever du sensationnel : « Nazi »/ »Nazisme ». Et comme pour tous les autres mots se terminant en « isme », voilà du surgelé, prêt à servir sans effort intellectuel ! De la cuisine des paresseux sans recette culinaire, car on n’as pas le temps et surtout pas la force cognitive d’en consulter certains chapitres importants, et surtout de réfléchir par soi-même ! On reprend donc mécaniquement. Le but étant non pas d’apporter une contribution substantielle au douloureux débat actuel de la construction nationale, mais plutôt d’exister médiatiquement. Quels gâchis!
Voyez-vous, mes chers suggestifs compatriotes,
Primo : des « nazis » nous le sommes subitement devenus parce que nous avons parlé d’émancipation, d’autodétermination, d’indépendance, de liberté, de justice, de droit ! Ce que l’auteur de cette abjection ignore est que, c’est aussi Tchad même que, par un Communiqué de presse en date du 10 juin 2011, intitulé « Le Droit des Peuples à disposer d’eux-mêmes », un Conseil National Toubous et ONG Tibesti, a exprimer sa détermination à disposer de son droit légitime à l’autodétermination pour son peuple : le peuple Toubou. Ceux-là parce qu’ils sont du Nord du Tchad, ont le droit de s’exprimer et non les tchadiens du Sud. Le communiqué du Conseil National Toubous et ONG Tibesti n’a jamais jusqu’ici suscité d’aucune désapprobation, ni de réaction haineuse de genre de celui du Chevalier de l’Apocalypse. Eux, ne sont pas des Nazis aux yeux de Belemgoto Ma-mbbeurawa.
Secondo : le Timor oriental (15000 Km2) a demandé et obtenu le droit à un référendum sous l'égide de l'ONU en août 1999 et a acquis sa pleine indépendance en 2002. « Nazis », les Est-Timorais ne le sont pas aux yeux de Belemgoto Ma-mbbeurawa, eux qui avaient ainsi demandé et obtenu leur indépendance vis-à-vis de l’Indonésie. Aujourd’hui le Timor oriental est indépendant et sous administration transitoire de l’Organisation des Nations unies dont il est un Etat membre à part entière. Les timorais de l’Est ont fait usage de leur droit à l’autodétermination, tout comme les tchadiens du sud sont légitimés à le faire au regard de la situation intérieure du pays dont ils sont victimes : violations flagrantes et répétitives de la constitution issue de la conférence nationale souveraine par les plus hautes autorités du pays, sur ses points essentiels : laïcité, le code de la famille, limitation de fonctions présidentielles à deux mandats consécutifs, création d’une armée nationale, distributions équitables des ressources nationales, etc. Monsieur Belemgoto Ma-mbbeurawa vous vous êtes trompé de porte : les Nazis aujourd’hui au Tchad sont au sommet de l’Etat. Ils ne sont pas dans le peuple du bas que nous sommes.
Tertio : dans la soirée du 3 juin 2006, après 88 ans d’incorporation et de vie commune avec la Serbie, le Parlement du Monténégro a officiellement proclamé l’indépendance du pays et la dissolution de la communauté d’États de Serbie-et-Monténégro (qui avait été instaurée de façon transitoire en 2003 après la dissolution de la République fédérale de Yougoslavie). Le 22 juin 2006, le Monténégro devient le 56e État membre de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. Puis le 28 juin 2006, il est admis en tant que 192e État membre de l’Organisation des Nations unies. Les monténégrins sont-ils pour autant des « nazis » vis-à-vis de la Serbie et du reste de la population Serbe ?
Quarto : Le 17 février 2008, cent trente (130) ans après avoir été incorporé à tort dans le Royaume de Serbie, puis dans la République fédérale de la Yougoslavie, le parlement de la province serbe du Kosovo, réuni en session extraordinaire, a voté le texte le texte ci-après présenté par le premier ministre Hashim Thaçi proclamant l'indépendance du Kosovo : « Nous proclamons l’indépendance du Kosovo, État indépendant et démocratique [...] À partir de maintenant, le Kosovo a changé de position politique, nous sommes désormais un État indépendant, libre et souverain. ». « Nazis », les Kosovars le sont-ils, eux qui avaient unilatéralement proclamé leur indépendance, en se séparant du reste de la Serbie, après cent trente (130) ans de tentative de construction nationale qui semblait pourtant réussi avec le Maréchal Tito?
Quinto : les dissensions et difficultés de cohabitation entre le nord du Soudan, à majorité musulmane, et le sud à majorité chrétienne et animiste, sont apparues dès le lendemain de l'indépendance du Soudan anglo-égyptien proclamée en 1956. Il faut dire que le gouvernement central de Khartoum, à l’époque, revint sur les promesses d'autonomie au sein d'un État fédéral qu'il avait faite aux populations de la région du Sud au moment de l’indépendance. Une mutinerie d'officiers sudistes déclenchera la première guerre civile soudanaise de 1956 à 1972. Ce premier conflit prendra fin seulement à la suite des accords signés à Addis-Abeba en Éthiopie, qui accordera finalement au Sud Soudan un certain degré d'autonomie. Toutefois, en 1983, Gaafar Nimeiry au pouvoir depuis 1969, décide unilatéralement d'étendre au droit pénal, le domaine du droit musulman qui était cantonné depuis la colonisation au droit personnel. On a voulu ainsi soumettre des chrétiens et animistes du sud du pays à la « charia » qui est une procédure pénale en droit musulman, et donc de l’islam, à ceux qui n’ont pas choisi l’islam comme religion. Cet élément a été l'élément déclencheur de la seconde guerre civile qui embrasera le pays pendant 22 ans.
Après un conflit sanglant (2 millions de morts recensés) qui provoquera également le déplacement de 4 millions de civils et désorganisera la production vivrière au point de déclencher une terrible famine en 1998, un cessez-le-feu est signé entre les protagonistes en 2002, consolidé trois ans plus tard, le 9 janvier 2005, par un accord de paix signé à Naivasha, au Kenya. Cet accord de paix a accordé au Sud Soudan une large autonomie (pendant 6 ans), période au bout de laquelle les sud soudanais se sont prononcés, par un référendum d’autodétermination, sur leur avenir. Ce référendum sur leur indépendance s'est tenu du 9 au 15 janvier 2011. Le 9 juillet 2011 l’indépendance du Sud du Soudan fut proclamé. Le 14 juillet 2011, Monsieur Joseph Deiss (de nationalité Suisse), président de l'Assemblée des Nations unies a déclaré, après un vote par acclamation, que la République du Soudan du Sud est officiellement le 193e État membre de l'ONU. Le 27 juillet 2011, le nouvel État du Soudan du Sud devient le 54e pays membre de l'Union africaine.
« Nazis », les soudanais du Sud et tous ceux qui ont été engagés dans le processus de leur indépendance, le sont-ils ? Les sud-soudanais étaient-ils des « Nazis » en 1956, en 1972 et en 1983 ? Eux qui, face aux injustices et à l’arbitraire, ayant refusé de se soumettre à la charia, avaient demandé et obtenu leur indépendance, en se séparant du reste du Soudan ? En quoi la situation du Sud du Soudan diffère-t-elle de celle du Sud du Tchad d’aujourd’hui ?
Ailleurs, les ex Républiques soviétiques sont-elles des « Nazis », elles qui avaient demandé et obtenu leur indépendance, en se séparant du reste de la Russie ?
Les abkhazes vis-à-vis des géorgiens sont-ils des « Nazis » ? Eux qui avaient fait usage de leur droit à l’autodétermination en se séparant unilatéralement du reste de la République géorgienne ? Le 26 aôut 2011 l’Abkazie, cette république reconnue que par la seule Russie, organise des élections présidentielles libres pour désigner leur Président. Sont-ils pour autant des « Nazis » ? Les Bretons, les Corses (en France), les basques en Espagne sont-ils « Nazis » ?
Tous ces mouvements d’émancipation se sont opérés dès le lendemain de la fin de l’ordre politique international mis en place au sortir de la 2ème guerre mondiale. Ils se sont multipliés et accélérés au cours de la 1ère décennie de ce troisième millénaire. Cela n’a pour autant pas donné l’occasion aux opposants de ces mouvements séparatistes de les qualifier de « Nazis ».
Monsieur Belemgoto Macaoura, nous ignorons encore avec quelle partie (gauche ou droite) de votre cerveau vous utilisez pour la lecture de l’histoire politique du monde en ce début du troisième millénaire ! Nous vous laissons néanmoins l’entière responsabilité de vos propos. Quant à nous, nous n’allons pas nous verser dans l’oisiveté intellectuelle ni dans la violence gratuite, y compris verbale telle que vous nous avez distillée sur le Net ces derniers temps. Tant il est vrai que nous percevons la violence comme une fragilité de l’esprit humain. Elle n’est point notre tasse à thé !
Enfin, à tous ceux qui s’arrachent les cheveux et vocifèrent la haine intime contre nous, nous disons : ni nos adultes, ni nos enfants, ni nos filles, ni nos mères, ni nos époux et épouses, ni nous mêmes, ne sommes ceux du jadis. Nos parents, nous et nos filles et garçons, sommes tous (hier, maintenant et demain) des sujets de droit et avons donc le droit de nous exprimer pour défendre nos droits. L’Organisation des Nations Unies et l’Union Africaine reconnaissent toutes les deux à tous les peuples du monde (opprimés ou qui se sentent comme tels) le droit à l’autodétermination. Nous sommes des acteurs de premier ordre et actuels de l’histoire de notre pays, de l’histoire de cette partie du monde ! Nous sommes, par conséquent fondés, en cas de menace d’extinction sur notre existence, de nous défendre et d’appeler la communauté internationale au secours pour nous aider à organiser notre autodétermination ; à acquérir notre liberté, à recouvrer notre dignité. C’est ce que beaucoup de peuple ont fait avant nous, et c’est ce que nous faisons et allons faire, car il s’agit de notre propre avenir, de notre seule et unique existence, de l’avenir de nos enfants que nous ne voulons, pour rien au monde, éduquer enchaînés !
Une démarche respectant le droit international en la matière est engagée dans ce sens. Un referendum constitutionnel sur l’indépendance du Sud du Tchad sera organisé au Tchad, dans notre pays. Ce Sud du Tchad sera un Etat démocratique, Républicain, laïc et libre dans lequel vous trouverez sur une même table la bible et le coran dans de nombreuses familles. C’est cela l’essentiel pour nous. D’autres peuples dans d’autres coins du monde l’ont fait avant nous, pourquoi la communauté internationale nous dénierait-elle la justice et l’exercice d’un droit qu’elle reconnaît à tous les peuples de ce monde ?
Michelot Yogogombaye
Michelot Yogogombaye