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29 Mai 2012
Il est temps d’arrêter le Président Abdoulaye Wade.
Depuis sa défaite au second qui frise la honte, pour n’avoir même pas eu 35% de l’électorat, en tant que Président sortant qui a forcé sa candidature, soutenu en cela par des complicités que l’histoire retiendra pour toujours, chaque jour, nous constatons que Wade est un très mauvais perdant.
Les faits parlent d’eux-mêmes. Tous les jours, Wade et ce qu’il lui en reste de courtisans confirment toutes les raisons qui ont amené le peuple sénégalais à se débarrasser de ce régime de l’arrogance, de la cupidité, de la corruption, de l’enrichissement illicite, du népotisme et du clanisme, en somme un régime de voyous décidés à s’accaparer des richesses de notre pays, y compris les richesses foncières. Abdoulaye est un très mauvais perdant si l’on tient compte de son âge et de son parcours.
Pour rappel, en pleine campagne du second tour, Wade a laissé entendre ces mots :
«Je ne terminerai pas les chantiers de Matam et du Fouta si vous votez pour Macky Sall.. »
Et auparavant, il a essayé de jouer sur la fibre éthique en évoquant honteusement un vote ethnique ici et là. Les confréries ont eu leurs parts des jeux machiavéliques de Wade. Au cours de cette même campagne, il ajouta stoïquement Oui, « j’ai nourri les rebelles » ! Cela au moment où les braves soldats de l’armée sénégalaise en Casamance manquaient de tout. Jugez – en.
Le clou de cette phase de campagne sera sans doute lorsque Wade nous dit que « les fonctionnaires ne seront pas payés dans les deux mois à venir si je ne suis pas élu » ; avant d’ajouter que « je suis seul à pouvoir terminer les chantiers » ; comme si ce n’était pas alors des chantiers d’Etat.
Mais le plus troublant c’est quand M Wade, qui a reçu une raclée du peuple continue à narguer son successeur allant même jusqu’à verser dans ce qui pourrait être qualifié d’atteinte à la sécurité de l’Etat. Comment est –ce qu’un chef d’Etat défait peut –il proférer des menaces à contre son successeur ? Comment un chef d’Etat défait, peut-il se permettre de convoquer la prise pour soit disant se laver à eau pure, et tenir le procès de son règne, à l’insu des avocats du peuple et du président du tribunal ? Suite à cette conférence de presse de trop, avec les propos désobligeants qu’il y a tenus, il est temps d’arrêter le Président Wade, qui ne voit pas encore comme un citoyen ordinaire, mais qui pense qu’il est encore au pouvoir. Nous allons essayer une lecture citoyenne des propos de Wade durant ce point de presse qui a l’allure d’une fuite en avant, d’un auto- audit, sous d’un ton de menaces et d’intimidation. Revenons à la chronologie de votre point de presse où vous nous dites :
« Pourquoi vous avez décidé de rompre le silence. »
Lorsque je suis sorti du palis, j’ai été traité de tous les noms : Mais, ce n’est point vos successeur Macky qui vous a traité de tous les noms. Monsieur le Président, jamais dans l’histoire politique du Sénégal, un régime n’a été autant suspecté de corruption, de malversation, de détournement, de surfacturation, en somme de mal gouvernance dans le vrai sens du mot. Et de ces suspicions, personne ne peut empêcher à la presse sénégalaise de chercher d’en savoir, ici et là, en interrogeant des acteurs, des citoyens, des décideurs du moment ou du passé, dans l’objectif d’avoir des confirmations, ou des infirmations. La suspicion est tellement forte et vive qu’un jour, un de vos proches collaborateurs dira à ces frères que « si on perd les élections, nous irons tous en prison. » Cette phrase raisonne encore dans nos oreilles. Alors, qui vous traite alors de tous les noms ? Et pendant que toutes ces suspicions se font et se défont, alors vient s’ajouter lors de votre déménagement des informations relatives à des meubles, à des voitures, à des caméras de la RTS, à des tapis qui auraient disparus. De ce fait, le peuple ne peut que demander des comptes à qui de droit. Rappelez-vous que lorsque vous aviez succédé au Président Diouf, on parlait des cafards du Palais, mais personne n’avait évoqué de meubles et de caméras emportés. Aussi, la famille Diouf et son parti n’ont jamais pipé mot sur ces propos d’alors. Donc, si votre régime a laissé entrevoir des comportements qui ont crée ici et là des suspicions, c’est bien à vous-même et à vos proches collaborateurs qu’il faut en vouloir. Car ku boot bukki, xaj mbawla. Alors, si le peuple sénégalais n’a pas exigé tout de suite une enquête, une campagne de restitution ou au moins de clarification des supputations, alors, vous aussi, vous ne devriez parler.
« Sur les 600 voitures disparues »
Monsieur le Président, vous dites que c’est bien pour vous et votre parti. Mais, croyez –vous que c’est normal que vous négociez en tant que Chef de l’Etat, un parc de 600 voitures au moment où des Contrôleurs du travail, et d’autres agents de l’Etat, des Commissariats de police cherchent vainement un véhicule en bon état pour exercer leur fonction administrative, et intervenir dans de bonnes conditions là où on a besoin d’eux ? Même si à cause de votre position de chef d’Etat, un partenaire, un pays ami vous offrait autant de voiture pour le PDS, la décence voudrait que ces voitures reviennent à l’Etat, ou que les 2/3 lui reviennent, car s’il s’agissait seulement de Abdoulaye Wade SG du PDS, qui vous offrirait autant de voitures ? En 2000, lorsqu’il s’agissait de campagne, aviez –vous reçu autant de voitures de quelqu’un ? Si même on vous concédait que ces voitures vous appartiennent, pourquoi, les a-t-on garées au siège du PDS, pour aussi déclencher la procédure d’immatriculation et éviter ainsi tout amalgame entre les biens de l’Etat et ceux de votre parti ? Vous parlez de lenteur administrative dans la procédure d’immatriculation, mais tout le monde sait que si votre parti voulait faire enregistrer 1000 voitures avant les élections, il pouvait le faire et cela serait un élément de bonne gouvernance. Vous dites qu’en 2000, vous n’avez trouvé que 6 voitures. Hé bien, nous avions entendu la phrase célèbre des CD d’un de vos anciens collaborateurs, lors de votre bataille de partage de butin, quand vous disiez que « vos problèmes d’argent sont terminés.. » Vous auriez dû nous informer que vous n’avez trouvé que 6 voitures. Et comme dans cette foulée, vous nous aviez aussi dit que l’avion de commandement, la Pointe de Sangomar a été réfectionné sans aucun sous de l’Etat, alors qu’au bout du compte, il est prouvé que beaucoup de milliards y ont été dépensés par le Sénégal, alors comment pouvons-nous croire que les 600 voitures appartiennent au PDS ? Comment pouvons –nous croire que ce n’est pas un Waxx waxéét de plus ? En gros, ces voitures sont sénégalaises, et le resteront jusqu’à la preuve du contraire, jusqu’à l’extinction du soleil, pour parler comme l’autre.
« Les transferts d’argent, 400 milliards »
Vous dites que c’est ridicule et absurde de parler de transfert d’argent. Mais dans la minute qui suit vous admettez que pour les taxes d’aéroport, pour se faire payer, les sociétés qui avaient le financement de Dias, pouvaient ouvrir des comptes à l’extérieur pour rentrer dans leurs fonds.
Monsieur le Président, si ces financements étaient des dettes, pourquoi, n’ont-ils pas suivi la voie normale du trésor, et que le payement aussi se fasse par cette piste du trésor avec le service de la dette ? Personne n’est dupe, des régimes africains ont transféré des sommes importantes vers des pays du Golfe et de l’Europe. De Mobutu à Ben ALI, en passant par ABACHA, etc., nous avons vu des restitutions de fonds par des pays avec la mobilisation de mouvements sociaux qui ont aidé à débusquer ces sommes qui étaient dans des paradis fiscaux. Là aussi, vous n’avez convaincu personne. Et la suspicion que votre régime a développée, reste plus que vivace.
« Les Audits et le bruit qui l’accompagne »
Vous dites que : « je suis d’accord avec les audits. On ne peut pas auditer un président de la République, mais, moi, je suis volontaire. Il n’y a rien à auditer. On ne verra rien, car je n’ai pas d’argent ni ici, ni en Europe, ni aux Etats Unis, ni ailleurs. » Monsieur le Président, les audits qui sont à faire, ne le sont pas contre vous, ni pour vous. Un audit c’est bien pour une gestion, une opération, une entreprise, un programme/ projet. Et ne vise de prime à bord, personne en particulier. Lorsque vous êtes arrivés au pouvoir en 2000, vous aviez audité la gestion du pays, et aviez mis des gens en prison, enrôler d’autres dans votre parti dans des conditions que tout le monde savait. Alors le bruit qui accompagne les audits à faire est lié au degré de suspicion qui a gangréné votre règne. Le peuple veut savoir comment certaines personnes se sont enrichies. Et là aussi, ce n’est pas la faute à Macky Sall, ni à Mme Tall, ni au Gouvernement de M Abdoul Mbaye. Il faut s’en prendre à ceux –là qui prédisait la prison à leurs frères si vous perdez les élections. Et comme vous les avez honteusement perdu, alors bonjour le bruit. Pire encore, parlant de ces bruits et les suspicions, vous nous dites qu’il faut se rappeler de Tanor Dieng et de Moustapha Niasse, à qui deux vous cherchez encore des casseroles. Non, personne ne peur distraire le peuple en voulant lui dire « dou mann reek », (suis pas le seul). Là, c’est comme dit le proverbe, « Ku duggu ci waagne bi, ngané turuma gnéék bi. (Qui est rentré dans la cuisine et toi tu réponds que ce n’est pas moi qui ai versé la sauce).
Si vous aviez des choses contre ces deux, pourquoi à votre arrivée au pouvoir vous ne l’avez pas réglée dans le cadre des audits ? Monsieur le Président, vous ajoutez que : « je demande à Macky de mettre sur pied un jury d’honneur ». Est –il possible de parler d’honneur dans un régime de Waxx Waxéét ? Non, vraiment non, laissez Macky en paix. Il n’y aura pas de jury d’honneur, mais le peuple mettra plutôt en place un Jury Citoyen pour accompagner les juridictions compétentes et le Gouvernement dans la récupération des biens mal acquis si les suspicions se confirment. Et rassurez –vous que ce jury citoyen, qui a permis ailleurs de rapatrier des fonds de Abacha ancien Président du Nigéria, de Mobutu, et récemment de Ben Ali et Moubarack, ce jury Citoyen sera là aux côtés des autorités compétentes pour traquer ces biens financiers, fonciers, et matériels, afin de les restituer au Sénégal.
« La responsabilité de Karim dans la gestion de son Ministère et de l’ANOCI »
Vous allez vite en besogne, M le Président, et vous voulez laver à grande eau votre fils, en organisant déjà l’audit de sa gestion de fonds publics dans un procès où vous êtes le président du tribunal, l’avocat, et le père de l’accusé. Non, pas possible, même si vous avez souvent pu être le chauffeur, le coxeur, l’apprenti et le policier en faction. Et comme certains de vos anciens ex camarades de Book Guiss Guiss, l’ont brillamment dit, si vous avez pris la décision d’associer votre famille dans la gestion des affaires publiques, il faut avoir le courage et l’honnêteté de les voir dans les audits qui seront faits. Lorsque Diouf a quitté le pouvoir, personne n’a mêlé son fils Pedro à des audits. On se rappelle encore tout le bruit qui a été lorsqu’il a été envisagé de convoquer votre fils à l’Assemblée pour parler de l’ANOCI.
Le Président Sall a vécu cette situation de la façon la plus humiliante, il était banni, traqué, et exclus sans aucune forme de dignité du PDS et de l’Assemblée nationale. Mais lui, aussi n’a –t-il pas de père ? PAIX à son âme, ce père !! Alors, les audits incluront la gestion de votre fils, même si déjà vous nous dites que c’est Baldé qui gérait les choses. Je sais qu’il répondra, ce cousin peulh.
« Affaire Viviane Wade contre Antenna »
Voilà ce que vous dites à ce propos, juste une membrane de phrase. « Il n’y pas longtemps, la presse a présenté Mme Wade comme une personne qui aurait pris de l’argent d’une Fondation suisse. Mais, réellement, vous pensez que çà me fait plaisir de voir çà… On m’apprend que le Ministre de la justice a saisi le Procureur de la République… Macky me connait et il a été pendant longtemps mon premier Ministre, il a milité dans mon parti pendant des années… Il y a des choses que je ne peux pas accepter… Ah , Monsieur le Président, looy daw bay daanou. Vous faites dans des menaces à un chef d’Etat, et cela peut s’appeler « menaces à un Président, et poursuivi par la justice. Bon mais, on vous comprend, avec la panique, la peur qui vous hantent vous et vos proches. Si un citoyen fait des choses qui méritent qu’il soit convoqué par le Procureur, alors il doit être convoqué, même si ce citoyen s’appelle Mme Wade, ou Mme Mbagbo. Mais , nous n’en sommes pas encore là. Mme le Ministre de la justice dit n’avoir jamais saisi le Procureur dans l’affaire opposant votre épouse à la Fondation suisse. Mais ce qui est troublant c’est que vous nous dites que vous avez payé tout en sachant que vous avez raison dans cette affaire ; c’est pour avoir la paix que vous avez débloqué presque un milliard pour régler le problème. Ah, Président Wade, vous parlez de paix, donc subitement vous avez peur du bruit de la presse, dans une affaire dont vous êtes sûrs de détenir la vérité. Il y a seulement quatre mois, alors que le pays vivait des moments de bruits, de mort d’homme à la place de l’Obélisque et dans certaines villes de l’intérieur, vous parliez de « brise d’air ». Khana tey ngéena ragal Thiow ?
Enfin, vous terminez par ceci : « Je ne m’installerai nulle part ailleurs qu’au Sénégal et je prendrai ma retraite politique en 2017. » Personne ne vous interdit de nous installer au Sénégal, et de continuer à militer dans ton parti. Mais, par contre, si on vous reconnait le statut d’ancien chef d’Etat, avec toutes les faveurs qui l’accompagnent, alors, vous avez l’obligation de vous abstenir sur la gestion et la conduite des affaires de l’Etat. A défaut de vous taire, vous serez traité comme tout opposant, qui prend la parole et se prononce sur les affaires publiques. Et vous dites que vous connaissez des choses, oui, c’est évident qu’un chef d’Etat connaît forcément des choses ; mais aussi ses collaborateurs, ces partenaires au développement, les pays amis connaissent aussi des choses. Et toutes les choses d’Etat ne sont à mettre sur la place publique. Et c’est pour ne pas en arriver là, que nous disons, qu’il est bel et bien temps d’arrêter le Président Wade dans ses tentatives de menaces, d’intimidation, de calomnies comme ce qui s’est passé sur le président du Sénat, qui a eu le seul tort de dire que je confectionne une liste parallèle avec des camarades de parti. Président Wade, restez au Sénégal, mais respecter l’Etat, et le nouveau pouvoir qui a la charge de conduire les choses. A défaut, il sera sans doute utile de vous faire taire avant qu’on en arrive à une situation de haute trahison de l’Etat. Car « Mag bu xamul surna, loxoom dénn koy japp ». (Un vieux qui ne sait dire, je me suis rassasié, on lui retient la main autour du bol). Espérons que nous n’en arriverons pas à çà. Restons donc, et laissez le nouveau pouvoir faire son travail, mais aussi laissez aux citoyens le droit de s’interroger, de chercher à savoir et à éclaircir les choses qui se sont passées durant 12 années sous votre magistère. Fraternellement.
Mamadou Diouf /Buur Siin. Dakar Liberté. Membre du Forum social Mondial