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17 Février 2012
LA NOUVELLE VIE DU PLAN OMEGA, UNE MYSTIFICATION
Dans la première semaine de sa campagne électorale, superbe dans l’art de se jouer de l’imaginaire populaire et évoquant la crise qui secoue le monde, Maitre Abdoulaye WADE proclame, à brûle – pourpoint et subrepticement, qu’il avait découvert pour le Sénégal la solution : le plan OMEGA .Et, éclatant les contenus de celui-ci, il cite dans ses réalisations la case des tout-petits, les universités ,les lycées et les infrastructures .Pourquoi, pour appuyer son « weddi gis bokku ci », WADE a-t-il besoin de convoquer le plan OMEGA et non le NEPAD ?
De toute évidence, sans préjuger des réponses de ses concurrents, on peut s’autoriser à revisiter l’objectif et quelques modalités de ce plan.
Il faut rappeler, dés l’entame, que le plan OMEGA avait été fusionné avec le MAP du président T BEKKI afin de produire le NEPAD. Celui-ci, non seulement ne relève pas de la paternité exclusive de WADE mais il est de plus en plus critiqué et démythifié. Cela expliquerait-il que WADE ait choisi dans sa stratégie de communication de ressusciter le plan OMEGA ? Pourtant, celui –ci comporte les tares de celui-là .En effet, selon son auteur, l’objectif du plan OMEGA « est de procéder à l’évaluation des besoins du continent de façon à combler les disparités fondamentales par rapport aux pays développés qui constituent nos handicaps majeurs et d’en trouver le financement dans les meilleures conditions ».
Cet objectif admet comme modèle les « pays développés » et vise à les rattraper. Il est adossé à une conception philosophique et politique « américano- européocentriste ».
De plus, les finalités veulent « insérer l’Afrique dans le commerce mondial ».Et, cette vision linéaire occulte les processus historiques d’accumulation des richesses dans les « pays développés » et leur répartition.
Il faut, tout de suite, atténuer le paradigme basé sur une certaine marginalisation de l’Afrique car la concentration de la richesse dans les pays du Nord découle dans une large mesure du pillage des richesses et de la force de travail de l’Afrique.
Par ailleurs, dans ces pays du Nord les richesses se trouvent entre les mains d’une minorité . Ce qui est souvent occulté dans les théories dominantes .Peut être, les adversaires de WADE nous édifieront sur leurs postures sur cette question.
Le plan OMEGA, qui plus est, en élevant les «pays développés » au rang de modèle n’anticipe ni ne rend compte de la crise du système capitaliste international qui révèle aussi une crise de la civilisation occidentale qui l’a engendré. Dés lors, il est clair que le plan OMEGA est une soumission à l’ordre de la finance internationale, des entreprises multinationales et des gouvernements qui les défendent .Et, sur ce plan, loin de poser une rupture WADE est un continuateur des présidents SENGHOR et DIOUF.
Du reste, les financements faciles prévus par le plan OMEGA avec des délais de remboursement de 50 ans et des taux d’intérêts faibles voire zéro ne sont pas conformes à la complexité de la réalité actuelle .Et, de toute façon, dans l’expérience du Sénégal, il reste à relever que l’effacement d’une proportion importante de la dette multilatérale consécutive au sommet de Gleaneagles (2006) n’a pas empêché à celle-ci de retrouver presque son niveau de 2000 en moins de 10 ans.
De toute évidence, le renchérissement du coût des denrées de base, le chômage massif et la paupérisation démontrent que le plan OMEGA ne suffit pas à produire une meilleure répartition de la richesse sociale au profit du peuple sénégalais.
Par conséquent, les effets de manche de WADE et ses manipulations calculées de l’imaginaire ne peuvent ni changer ni cacher la réalité. Celle-ci, dans le fond, se décline dans les termes de la continuation du pillage des richesses des peuples sénégalais et africains par les firmes multinationales, l’oligarchie financière internationale, les gouvernements du Nord et ceux d’Afrique qui se sucrent des prébendes occasionnées.
Alioune DIOP
Président du CIMAC (Comité d’Initiative
pour une Mobilisation
Alternative et Citoyenne)
76 680 08 23