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Makaila, plume combattante et indépendante

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Tchad: conférence de presse de M.M.Saleh, Kamougué et Yorongar

 

ELECTION PRESIDENTIELLE DU 24 AVRIL 2011

                 CONFERENCE DE PRESSE

 Organisée par MM. Kamougue, Yorongar et Kebzabo

 

DECLARATION PRELIMINAIRE

 

Mesdames et Messieurs les journalistes,

A leur corps défendant et malgré le soutien massif dont ils bénéficient de la part des populations tchadiennes de toutes les régions du pays, après mûre réflexion, MM. Kamougué Wadal Abdelkader, Ngarléjy Yorongar et Kebzabo Saleh ont décidé, en toute responsabilité, de suspendre leur participation à l’élection présidentielle du 24 avril 2011. Ce faisant, ils demandent solennellement à leurs compatriotes de ne pas se rendre aux urnes pour avaliser cette grande mascarade électorale, si cette décision devait être maintenue.

Depuis le fiasco étalé lors des élections législatives du 13 février 2011, il était évident que le pouvoir MPS n’est pas prêt à assumer l’évolution démocratique dans notre pays. Le désordre électoral législatif et les fraudes massives et grotesques qui l’ont caractérisé ont jeté les prémices du cirque préparé par le MPS à l’occasion des prochaines présidentielles.

Conscients de cet état, cinq candidats ont déposé à la CENI, le 3 mars 2011, une requête relevant les irrégularités et manquements des élections législatives, et en ont tiré cinq préalables légitimes. Ils ont eu deux entretiens approfondis avec la CENI qui n’a fourni aucun argument plausible pouvant les convaincre de la sincérité des prochaines élections. Au contraire, les candidats ont noté que la CENI, sans doute manipulée, a poursuivi sa fuite en avant dans ses incohérences en cherchant à imposer aux candidats une logique insensée. Il en est ainsi de la carte d’électeur, de la CENI et de ses démembrements intérieurs et extérieurs et  de la préparation des matériels de vote sur lesquels les candidats n’ont pas obtenu de satisfaction, la CENI se contentant de simples affirmations.

En ce qui concerne particulièrement la carte d’électeur, aucun candidat sérieux ne peut accepter d’aller à la prochaine présidentielle tant qu’elle ne sera pas réimprimée. Il en circule en effet des centaines de milliers dont une bonne partie s’est retrouvée dans des circuits commerciaux. Il est donc illusoire de croire que la CENI, incapable d’assurer un déroulement dans les normes des législatives, se déclare en mesure d’apporter des garanties à l’organisation d’une élection présidentielle acceptable. L’absence dans les bureaux de vote d’une encre indélébile prouve à suffisance l’incapacité ou la mauvaise foi de la CENI.

Il faut ajouter que les deux rencontres avec le Président de la République n’ont pas apporté de solution tangible à la question de l’intrusion de l’Administration dans les affaires politiques. Comme toute réponse, l’on a plutôt noté l’amplification du phénomène : presque tous les membres du gouvernement et les hauts fonctionnaires ont déserté leurs bureaux, emportant les véhicules de l’Etat, pour aller battre campagne dans leurs régions, au profit du candidat Idriss Déby. Pour rester dans l’air du temps, les chefs de canton ont enjoint à leurs chefs de village de faire voter pour le candidat du MPS. Ainsi, tous les textes en vigueur ont été ostensiblement violés, avec la complicité bienveillante du candidat Déby qui veut sournoisement convaincre ses concurrents de vouloir d’une élection transparente.

D’autre part, les candidats émettent des doutes sérieux sur l’impartialité du Conseil Constitutionnel qui, dans sa décision du 2 mars 2011, a éliminé des candidats sur des raisons subjectives, fallacieuses et politiques, de manière à favoriser le candidat Idriss Déby Itno. Un facteur aggravant est intervenu hier soir, avec l’annonce des résultats des législatives par le Conseil Constitutionnel qui a fait preuve, là aussi, d’un parti pris pour le moins surprenant pour cette haute juridiction censée dire le droit. Quand on sait que c’est cette institution qui gère l’élection présidentielle, les candidats sont fondés à penser qu’elle est mise en place pour entériner et avaliser les fraudes grossières dont le dispositif est déjà en place.

Les candidats à l’élection présidentielle d’avril 2011 prennent à témoin l’opinion nationale et internationale qu’ils sont uniquement soucieux d’une élection organisée dans un minimum de règles de l’art pour que le renforcement du processus démocratique se poursuive, dans l’esprit et la lettre de l’Accord Politique du 13 août 2007. Le candidat Idriss Déby Itno, faute d’une élection crédible qui le mettrait en minorité, a choisi l’étalage insolent de l’argent d’origine douteuse pour parvenir à ses fins par l’achat des consciences.

Les candidats en appellent au patriotisme des Tchadiens et les invitent à boycotter massivement la fraude historique du 24 avril 2011 pour manifester leur rejet d’un système de vingt ans dont le seul bilan est la gestion patrimoniale calamiteuse qui a relégué le Tchad au dernier rang des pays les plus pauvres et corrompus, malgré les immenses richesses exploitées ces dernières années.

                                                                                               N’Djaména le 22 mars 2011.

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