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Makaila, plume combattante et indépendante

Makaila.fr est un site d’informations indépendant et d’actualités sur le Tchad, l’Afrique et le Monde. Il traite des sujets variés entre autres: la politique, les droits humains, les libertés, le social, l’économique,la culture etc.

Moundou: discours inaugural du Président de l'UNDR

Le texte inaugural du discours du Président National de l'UNDR, Chef de file de l'opposition Tchadienne, le Député Saleh Kebzabo.

Ve CONGRÈS

11, 12, 13 AVRIL 2014

MOUNDOU

 

DISCOURS D’OUVERTURE

DU PRÉSIDENT NATIONAL

 

Monsieur le Gouverneur du Logone Occidental,

Monsieur le Maire de la Ville de Moundou,

Messieurs les Chefs de Partis Politiques Tchadiens et Africains,

Messieurs les Représentants des Partis Politiques Tchadiens et Africains,

Messieurs les Représentants de la Société Civile,

Messieurs les Chefs Traditionnels,

Camarades Membres du Bureau Exécutif,

Camarades Députés,

Camarades Conseillers Nationaux,

Camarades Membres de l’UFR, de l’UJR et du Comité des Sages,

Camarades Membres des Comités Régionaux, Préfectoraux et locaux,

Camarades Membres des Comités de Soutien,

Camarades Militantes et Militants,

Mesdames et Messieurs,

 

Camarades militantes et militantes, Mesdames et Messieurs,

 

Depuis le dernier congrès de Gounou-Gaya en mai 2009, le Parti a enregistré la perte de plusieurs de ses militants, et non des moindres. Je ne vais pas les citer, de peur d’en oublier. Ici, à Moundou, l’artisan de l’implantation de l’UNDR au Logone, l’orateur talentueux qui savait dire la vérité, notre camarade Djastengar Teltengar s’en est allé l’année dernière. Nous ne les oublions pas. Que Dieu les accueille dans le meilleur de Ses Paradis (minute de silence).

 

Camarades militantes et militantes, Mesdames et Messieurs,

 

Moundou, capitale du Logone occidental et du pays ngambaye, nous ouvre aujourd’hui ses portes et accueille chaleureusement le Ve Congrès de l’UNDR.  Au sortir du IVe Congrès à Gounou-Gaya, nous avions choisi de mettre les villes en compétition pour l’accueil du suivant et c’est Moundou qui l’a emporté !

 

Nous voici donc à Moundou, capitale économique du Tchad et cœur et poumon de l’opposition politique depuis l’époque coloniale. La deuxième ville du Tchad qui nous offre son hospitalité était d’abord connue sous le nom YEREKOL, un petit poste de commandement colonial qui servait de relai entre Laï et Mbaibokoum, créé en 1923 par un sergent français. Mais c’est à partir de 1950 que Moundou connait véritablement son essor qui ne pâtira même pas des évènements de 1979 qui en feront d’ailleurs la deuxième capitale politique du Tchad, la capitale du sud en l’occurrence. Aujourd’hui, Moundou compte plus de cent mille habitants où cohabitent toutes les communautés nationales qui tirent profit, directement ou indirectement, de ses industries : COTONTCHAD avec sa direction générale, son usine d’égrenage du coton et l’huilerie-savonnerie, la manufacture de cigarette et les brasseries du Logone

 

Moundou capitale de l’opposition, dis-je. C’est que le peuple ngambaye, en matière de contestations et de révoltes, a une histoire. Le pays où nous nous trouvons a une tradition guerrière contre les envahisseurs islamistes peuls, contraints de battre en retraite après la défaite mémorable de la bataille de Mabo, il y a un siècle et demi. Moundou et sa région ont la réputation d’être « rebelles », les administrateurs coloniaux considéraient sa population comme particulièrement « retorse » et « têtue ». En effet, avant de s’imposer, la colonisation française a dû faire face à une forte résistance des populations de la région. Par exemple, les soulèvements de Bebalem en 1952 ont été réprimés par la barbarie, bilan : des centaines de morts. Bebalem n’oubliera jamais ses martyrs. La colonisation a fait d’autres martyrs inoubliables : TANDJIGDJE, déporté au Congo avant d’être ramené en 1944 ;  BANDOUMAL, déporté dans la forêt proche de Mbainamar ; GAMANDOULI, décédé il y a seulement trois ans et, enfin, le seul survivant de ces évènements est MBOURANDE, âgé de plus de cent ans ! En matière de rébellion, celle des FARF (Forces Armées de la République Fédérale), sous  l’actuel régime du MPS, a été sévèrement réprimée, entraînant la mort de son chef Laokein BARDE et des dizaines de ses partisans.

 

Sous le premier régime après l’indépendance, le président François Ngarta Tombalbaye devait gérer  des mouvements de contestation politique, à commencer au sein de son propre parti, le Parti Progressiste Tchadien/Rassemblement Démocratique Africain (PPT-RDA), dont Moundou était un bastion imprenable. Face à des dissensions internes au sein du parti et aux velléités de soulèvements, le président Tombalbaye a utilisé la vieille recette du « diviser pour mieux régner » : en janvier 1962, le département du Logone a été éclaté au profit du Logone occidental (Moundou), du Logone oriental (Doba) et de la Tandjilé (Laï).

 

Monsieur le Maire, merci donc de nous recevoir dans cette belle ville qui continuera à se développer, notamment avec les instituts et l’Université, et bravo. Je sais combien les habitants de cette ville sont attachés à votre personne en qui ils voient un libérateur qui ne décevra pas leur attente. La confiance qu’ils vous portent est attestée par les résultats des dernières élections communales : la liste que vous avez conduite sous le label du « Cheval blanc » en alliance avec l’UNDR l’a emporté avec plus de 75% des voix, laissant le MPS très loin dans un nuage de poussière. Nous ferons encore mieux aux prochaines communales, Inch’Allah.

 

Camarades, en votre nom à vous tous, je voudrais tout particulièrement souhaiter une bienvenue chaleureuse, fraternelle et amicale à chacun des délégués des partis amis tchadiens et africains, qui ont répondu à notre invitation et qui rehaussent ainsi les assises du Ve Congrès de l’UNDR. Votre présence à nos côtés revêt une double signification : une marque importante de camaraderie et d’amitié ; mais aussi de solidarité dans une Afrique de plus en plus marquée par des replis égoïstes, voire communautaires. Comment ne pas apprécier à sa juste valeur la présence  ici à Moundou, de nos amis venus d’autres pays, malgré la distance qui sépare nos pays ? Vous êtes tous venus de loin, parfois de très loin, par avion, puis par la route, pour partager un moment éminemment important dans la vie d’un parti politique.

 

Certains d’entre vous, sinon tous, effectuent leur premier séjour au Tchad : soyez les bienvenus et soyez en remerciés et félicités. Notre pays, dans la mémoire collective africaine, est perçu comme un pays en guerre permanente depuis son indépendance. C’est une image qui n’est pas totalement fausse, pourtant cela n’a pas freiné votre élan de curiosité et de camaraderie. J’espère que vous garderez de ce voyage un souvenir inaltérable grâce à l’esprit de générosité et de parfait accueil des Tchadiennes et Tchadiens, représentés ici par les militantes et militants de l’UNDR. Je souhaite que le temps que vous passerez dans notre pays, à Moundou ou à N’Djaména, vous laisse l’opportunité d’assouvir votre curiosité en découvrant le pays et ses habitants.

 

Cependant, je sais, mes chers amis, que notre programme est très dense, puisque nous avons convenu de mener des réflexions, en marge de ce Congrès, sur l’Association des Partis Politiques d’Afrique Centrale, entamées ils y a deux ans à Yaoundé, l‘idée panafricaine entamée en décembre dernier à Niamey, et le Réseau de la Gauche Africaine peu connu dans notre sous-région. C’est dire si ce temps partagé ensemble va être riche en échanges, en réflexions, en débats et j’en suis ravi. C’est ici le lieu d’en appeler à une solidarité plus agissante entre les partis politiques africains de gauche, se réclamant de l’idéologie social-démocrate. Nous devons échanger davantage entre nous, nous visiter mutuellement pour nous connaitre, nous épauler fortement pour apporter de l’aide à un camarade ou un parti qui en a besoin, organiser régulièrement des fora régionaux… C’est cela qui nous interpelle et que nous devons entreprendre sans délai. Nous devons nous assumer et le faire sans complexe. A cet égard, nous sommes ravis et fiers de votre présence, car c’est la première fois, au Tchad au moins, qu’un parti politique peut se targuer d’une participation aussi nombreuse de partis étrangers à son congrès.

 

Enfin chers amis, je suis sûr qu’en venant au Tchad, vous vous demandiez dans quel état se trouvait ce pays, qui il y a six ans encore, connaissait une guerre fratricide en pleine capitale. Rassurez-vous : vous ne verrez rien. Toutes les traces ont été soigneusement effacées comme si les supprimer de nos paysages pouvait les effacer de notre mémoire et de l’histoire de notre pays. Le régime, avec ses talents de prestidigitateur, a tout rasé, tout reconstruit : de belles avenues, de beaux immeubles et de belles routes aux alentours des quartiers jouxtant l’aéroport, pour tromper les visiteurs. Mais, au-delà de ce décor, la réalité est toute autre. C’est cette réalité que je vais m’efforcer d’exposer tout au long de mon propos.

 

Camarades militantes et militants,

 

Il y a exactement cinq ans nous étions réunis à Gounou-Gaya. Nous avons donc respecté notre engagement de tenir notre Congrès tous les cinq ans. Les assises de ce Ve Congrès vont donc nous offrir l’opportunité d’ausculter notre parti et de jeter les bases de l’avenir dans la perspective d’une conquête certaine du pouvoir en 2016. Mais avant cela, je dois vous rappeler que nous fêterons demain le vingt-deuxième anniversaire de l’UNDR. Vingt-deux ans, camarades, oui, voilà vingt-deux ans que le Parti existe et qu’il participe activement à l’animation de la vie politique tchadienne. La célébration du vingt-unième anniversaire l’an dernier à Haraze,  à plus de mille kilomètres de N’Djaména, a provoqué une débandade dans les rangs du MPS, surpris par nos capacités de mobilisation et de mobilité.

 

Depuis la création du parti en 1992, nous avons participé à toutes les échéances électorales : municipales, législatives et présidentielles, excepté les deux dernières élections présidentielles et le référendum pirate de 2006. En effet, ensemble avec nos partenaires de la CPDC et de l’opposition, nous avons fermement refusé de cautionner ces mascarades électorales et nous avons eu raison. Nous n’avons pas oublié, par exemple, que les cartes d’électeurs se vendaient par milliers à N’Djaména, et que les votes multiples étaient la règle.

 

Pour participer aux élections, nous exigeons certes la transparence, mais nous devons nous y préparer sérieusement, nous-mêmes. Les résolutions du dernier congrès instruisaient le Bureau exécutif de poursuivre l’implantation et la structuration du parti sur l’ensemble du territoire. Malgré l’étendue de notre pays, nous avons réalisé cette exigence et, aujourd’hui, l’UNDR est présente dans presque tout le pays. Le rapport du 1er vice-président nous édifiera sur ce point. Nous sommes fiers du travail accompli qui devra certes être complété, mais qui doit surtout se poursuivre par un travail de formation des militants de base. Nous y sommes et je suis en mesure de vous annoncer que, cette année, nous ouvrirons une Ecole des Cadres du Parti qui formera les militants et en fera des combattants intrépides dans la défense du Parti. Ils seront surtout des combattants anti-fraude qui nous assureront les victoires électorales. La fraude et le tripatouillage électoral, c’est fini camarades ! Vous serez dans les bureaux de vote durant toutes les opérations, et vous serez renforcés par d’autres militants lors du dépouillement. Notre consigne est claire : face aux tentatives de fraude ou aux fraudes avérées, il ne sert à rien de laisser faire pour ensuite aller au contentieux électoral. Prenez vos responsabilités et réglez le problème sur place !

 

C’est pour cela que je mets en garde les spécialistes en fraude électorale du MPS en leur disant que plus rien ne se passera comme avant, parce que nos militants, en tandem avec ceux de l’opposition, s’y opposeront de toutes leurs forces et leur engagement en la matière sera sans faille. La mise en œuvre de la biométrie n’est certes pas une panacée, mais elle contribuera à n’en pas douter, à une meilleure transparence électorale. Nous réitérons notre appel à la CENI à remplir sa mission en toute responsabilité et qu’elle refuse de se laisser manipuler. Cette attitude la grandira.

 

Nous n’accepterons jamais que telle entreprise locale, parce qu’elle a été créée à cet effet et qu’elle confectionne illégalement le passeport, la carte d’identité, la carte de séjour et le permis de conduire, puisse en aucune façon se voir attribuer le marché de la biométrie électorale. La communauté internationale doit nous apporter son assistance de bout en bout du processus, jusqu’à l’appel à la concurrence internationale. Là-dessus, croyez-moi, nous serons intraitables.

 

Camarades militantes et militants, Mesdames et Messieurs,

 

Un pays ne peut se développer sans une vision forte pour son avenir. Un pays ne peut se développer dans l’archaïsme, les idées passéistes et une volonté constante d’entretenir les divisions. Le nôtre ne saurait faire exception à ces principes, d’où ce que j’appellerais – dans le contexte actuel – « l’impossible développement du Tchad ». En effet : comment notre pays peut-il se développer dans un contexte de mauvaise gouvernance généralisée et chronique ?

 

Nous le savons tous, l’Etat est une fiction et devient de plus en plus informel. Les principes qui régissent le fonctionnement d’un Etat de droit sont quotidiennement foulés au pied. Un exemple parmi tant d’autres, les douanes. La majorité des directeurs généraux qui se sont succédé depuis vingt-trois ans sont des illettrés, donc sans aucune attache avec le corps ; ils sont nommés pour leur appartenance à l’ethnie au pouvoir, et se servent en détournant quotidiennement les recettes.

 

Dans la Fonction publique, les recrutements, quand ils ne sont pas complaisants, sont payants. Il n’y a aucune planification des ressources humaines, aucune règle de gestion des carrières, moyennant quoi, on prime la médiocrité au détriment de l’excellence.

 

Nous mettrons fin à ce désordre généralisé entretenu en redonnant à l’Etat toutes ses prérogatives, en remettant les fonctionnaires au travail et en mettant l’accent sur l’Etat de droit. Le passe-droit, la concussion et les conflits d’intérêt cesseront. Les pratiques mafieuses laisseront la place à la transparence et au respect des règles. Tous les dossiers des fonctionnaires seront réétudiés afin d’établir l’authenticité des diplômes et l’entrée à la Fonction publique se fera par un concours rigoureux et objectif, dans toutes les spécialités, sur la base de besoins soigneusement établis. L’assainissement dans ce domaine aura bel et bien lieu. Toutes les instances de bonne gouvernance seront réactivées.

 

Camarades militantes et militants,

 

La pratique politique de ces vingt-trois dernières années est marquée par la volonté d’imposer le parti au pouvoir comme un parti-Etat. Le jeu politique consiste à marginaliser systématiquement l’opposition pour laisser le terrain au seul MPS. Nos militants sont traqués et vivent sous la menace constante de la hiérarchie dans l’administration centrale et territoriale. Nos sympathisants sont victimes d’intimidations de la part de l’Administration en dépit du caractère apolitique qu’elle est censée recouvrir. Toute une série de stratégies sont déployées pour décourager le militantisme dans l’opposition (favoritisme, corruption, nominations/récompenses, etc.). Les cadres de l’opposition sont systématiquement écartés des responsabilités d’Etat, tandis que certains militants du pouvoir – parfois même illettrés – sont aux responsabilisés. Les exemples sont légion.

 

C’est dans cette volonté d’hégémonie que le découpage administratif s’opère, sur des bases totalement fantaisistes, comme en témoigne, par exemple, l’attribution de nombreux sièges de députés à des régions très peu peuplées au détriment des autres. La récente grille des salaires des agents de l’Administration territoriale procède de la même logique. On a augmenté les salaires des agents de commandement afin de s’assurer leur dévotion au parti au pouvoir, pendant les élections par exemple. Les  chefs traditionnels ont aussi bénéficié d’un important relèvement salarial : l’enveloppe budgétaire annuelle des seuls chefs traditionnels s’élève à huit milliards de francs, compte non tenu des « gentillesses » du Président qui leur offre de temps en temps des véhicules tout terrain !

 

Nous nous engageons à pratiquer une démocratie ouverte où chaque citoyen pourra militer librement dans le parti politique de son choix. L’Administration sera totalement dépolitisée de manière à permettre une libre et saine concurrence des partis politiques. Ceux-ci bénéficieront de subventions et de financement des élections sur des bases claires fixées par la loi.

 

En outre, comment taire les manœuvres désespérées actuelles du pouvoir pour verrouiller le processus électoral à venir ?

 

Camarades, l’Accord politique du 13 aout 2007 n’est plus qu’un vague souvenir. Il a été remplacé par l’Accord du 2 avril 2013 qui marque la volonté du président Idriss Déby Itno d’avoir un organe réputé être consensuel sous ses ordres, en l’occurrence le Cadre National de Dialogue Politique (CNDP). Or, celui-ci n’a rien de consensuel, puisque les principales composantes de l’opposition n’y sont pas ; en plus d’être non crédible, il est donc illégitime. Dès lors, le CNDP, au service du chef de l’Etat qui en est le véritable gourou, est une coquille vide qui ne peut pas engager la classe politique dans son ensemble. Le Tchad est un pays fragile qui demande à être gouverné dans l’unité, la vérité et la transparence. Les manœuvres constantes visant à diviser les Tchadiens doivent cesser. Aussi, organiserons-nous immédiatement des journées nationales de dialogue politique ouvertes à toutes les composantes pour revenir au consensus et mettre sur pied un organe dont les prérogatives seront acceptées par tous. Il en sortira alors un véritable organe de dialogue qui sera au centre de toutes les décisions politiques.

 

La mauvaise gouvernance est la caractéristique principale de ce régime. Les détournements de deniers publics sont devenus un sport national, banalisé, voire encouragé. Le Tchad est un pays de pillages où la corruption est structurelle : le chef de l’Etat lui-même a reconnu que « plus de 30% du budget de l’Etat passe dans les poches des corrompus ». Les règles de gestion publique ne sont pas respectées et l’impunité est érigée en système. Toutes les mesures annoncées avec fracas pour lutter contre ces pratiques n’ont donné aucun résultat tangible. Les auteurs des crimes économiques vaquent normalement à leurs entreprises sous l’œil bienveillant du pouvoir.

 

Le Tchad figurera dans le peloton de tête des pays africains, sinon du monde, en matière de lutte contre la corruption. Nous nous engageons fermement à la remise en ordre dans la gestion des finances publiques, à l’assainissement, à la poursuite des coupables devant les tribunaux, et je puis vous assurer que le cap sera maintenu. Nous nous doterons d’outils permettant de s’en assurer.

 

En matière de liberté de la presse, les médias publics, radio et télévision, sont au service exclusif du parti au pouvoir, par un traitement inéquitable de l’information, l’opposition y est ostracisée. Faut-il le rappeler ? Les medias publics sont financés par une redevance payée par les citoyens qui attendent légitimement d’eux une couverture non partisane de l’information et une production de qualité.

 

La presse privée est, elle, l’objet de menaces et de poursuites judiciaires pour l’obliger à renoncer à son indépendance. Les deux dernières années ont été édifiantes en matière d’atteintes à la liberté de la presse : des journalistes et directeurs de journaux ont été poursuivis en justice et parfois même emprisonnés. Trop c’est trop ! On ne peut pas se targuer d’être un pays démocratique et se comporter de la sorte.

 

Afin de permettre aux médias publics de remplir efficacement leur mission de service public, nous supprimerons le ministère de la Communication pour responsabiliser davantage les organes de régulation et les cadres professionnels qui existent. L’ONRTV (Office National de Radiodiffusion Télévision) rénové aura les moyens matériels et intellectuels, ainsi qu’un environnement politique propice, pour remplir sa mission dans la transparence et l’équité. Les stations régionales de radio et de télévision travailleront dans de meilleures conditions. L’ONRTV sera dirigé par un conseil d’administration indépendant ayant un cahier de charges et un mandat précis et sera contrôlé par les professionnels et la société civile. Nous pousserons la décentralisation des stations de radio publique en en créant dans toutes les grandes villes.

 

La presse privée, écrite et audio-visuelle, bénéficiera d’une subvention plus importante afin de s’assumer pleinement, sur des bases convenues d’un commun accord entre la profession et l’organe de régulation. Nous favoriserons la création de journaux et de stations de radio et de télévision privés en tenant compte des missions qu’ils doivent accomplir dans le cadre d’une démocratie transparente. Nous engagerons les procédures nécessaires pour ratifier la Convention de Florence afin d’alléger les charges de la presse par la défiscalisation de certains consommables dont les prix élevés grèvent les budgets des journaux et des radios.

 

Camarades, en ce qui concerne l’Etat, malade de mauvais traitements et de pratiques condamnables, il sera profondément remanié pour répondre aux exigences de la démocratie et du développement. La Constitution sera soumise à une profonde relecture, pour tenir compte de la ferme volonté de renforcer la démocratie. Pour une opérationnalité rapide, le Gouvernement, dont l’équipe sera réduite, entreprendra immédiatement les réformes urgentes dans l’administration centrale et territoriale, ainsi que dans l’armée.

 

Deux domaines nous tiennent particulièrement à cœur : la Justice et la Décentralisation.

 

En matière de justice, nous assurerons la séparation des pouvoirs afin de garantir véritablement son indépendance et nous veillerons à ce qu’elle soit rendue dans l’équité. Elle sera expurgée des maux qui la minent actuellement et qui expliquent le manque de confiance des citoyens dans cette institution. Nous mettrons tout en œuvre pour enrayer la corruption qui la gangrène. Le corps des juges de paix sera supprimé et sera remplacé par la justice d’instruction et, au niveau supérieur, il sera créé un Conseil d’Etat et une Cour de Cassation, en lieu et place de l’actuelle Cour Suprême qui a montré ses limites. Le Conseil Supérieur de la Magistrature jouera pleinement son rôle, les magistrats s’organiseront librement dans la défense de leurs intérêts. Les professions libérales – avocats, notaires et huissiers – s’exerceront en toute liberté dans le cadre d’une loi rénovée et progressiste.

 

S’agissant de la décentralisation telle qu’elle est appliquée, il convient de corriger cette vaste « fumisterie » qui a été mise en place sans vision politique, de manière brouillonne, dans le seul but de faire plaisir aux partenaires extérieurs qui l’exigeaient. Il s’agit d’abord de revoir l’architecture de l’Etat hérité de la colonisation. Nous assistons au démantèlement de l’Etat depuis vingt-trois ans, sans que l’on nous propose une autre solution. Le désordre instauré au nom de la décentralisation en est la parfaite illustration. Nos populations, lassées par les pratiques d’un pouvoir intolérant, aspirent, certes, à se prendre en charge, mais il ne faut pas faire de cette politique un slogan vide de sens et se lancer dans une aventure sans lendemain. Sous le régime du MPS, le nombre de départements de l’administration territoriale est passé de quatorze à soixante-dix, tandis que celui des sous-préfectures est passé de cinquante-quatre à près de trois cents. Pourquoi cette explosion ? Il n’y a aucune explication rationnelle, sinon qu’elle permet au pouvoir-MPS d’élargir sa capacité clientélaire. In fine, la décentralisation a généré un désordre généralisé auquel il sera difficile de remédier, surtout si l’on ajoute aux entités territoriales citées plus haut la création de plus de 600 cantons et sultanats. Le pire étant sans doute que le pouvoir croit avoir réussi une prouesse !

 

Pour réorganiser l’Etat, nous commencerons par une déconcentration effective des services centraux, en utilisant le plus possible les technologies modernes de communication. Ainsi, l’informatisation de l’appareil d’Etat figure dans nos priorités. Tous les services des ressources humaines et financières, par exemple, seront déconcentrés.

 

Nous organiserons une large campagne d’information, de sensibilisation et de concertation pour que le concept de décentralisation soit bien compris, assimilé et assumé par les populations. On ne peut faire l’économie de cette étape très importante pour l’évolution de notre pays. Tous les Tchadiens doivent se l’approprier et absolument en comprendre les tenants et les aboutissants. Aussi, nous semble-t-il plus judicieux de commencer par la gestion des villes, d’abord celles de plus de 30 000 habitants, ensuite par tranche de 10 000, jusqu’aux villes de moins de 5 000 habitants, afin que le processus soit bien maitrisé. Des élections communales transparentes seront organisées pour que les villes soient gérées par des personnes qui ont la confiance des populations et non par des élus « décrétés ». C’est alors que l’on pourra, toujours par étape, organiser les communautés territoriales décentralisées, avec une forte implication de l’Etat dans l’accompagnement financier du processus. Nous pensons raisonnablement parachever la décentralisation sur une période de dix à quinze ans.

 

Enfin, une bonne refonte de l’Etat passe la pratique du bilinguisme qu’il faut promouvoir immédiatement. Très peu de pays au monde possèdent deux langues officielles. Nous en avons deux, l’arabe et le français, et devrions le considérer comme une chance pour le développement culturel, économique et social du pays. Pour notre part, c’est ainsi que nous le prenons et nous nous engageons à accélérer la pratique du bilinguisme. A l’école d’abord, où l’apprentissage dans les deux langues sera obligatoire. Tous les médias publics et privés devront obligatoirement utiliser les deux langues et assureront l’apprentissage à leurs usagers.

 

Le bilinguisme dans l’administration s’imposera à tous et les fonctionnaires suivront des cours intensifs d’arabe et/ou de français. Des primes d’encouragement seront accordées aux meilleurs apprenants pour les stimuler

 

Camarades, une autre hypothèque dont nous hériterons est l’armée. L’armée républicaine tchadienne n’existe pratiquement plus depuis près de trente ans. En effet, c’est l’armée nationale qui a eu à pâtir des différentes convulsions qu’a connues l’Etat, en particulier depuis 1979. Elle a éclaté en fractions politiques, régionales, voire tribales. Cette culture est encore vivace aujourd’hui, ce qui met la question de l’armée au centre des préoccupations. Depuis qu’il a pris le pouvoir par les armes en 1990, le président Idriss Déby Itno a gardé la même logique : faire de l’armée une milice au service de son régime. Toutes les tentatives de la réformer ont essuyé un revers cuisant et, comme en témoignent sa visibilité et sa triste réputation, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, elle n’est toujours pas républicaine. C’est une armée à la pyramide inversée, dans laquelle les gradés sont plus nombreux que les hommes de troupe et où les généraux se comptent par centaines.

 

Une profonde réforme de l’armée est une exigence démocratique et nationale. L’armée tchadienne de demain sera une armée détribalisée, disciplinée et républicaine, où les recrutements se feront sur la base du volontariat et de l’aptitude et sur la base d’un quota régional. L’on dit souvent que l’armée est une bombe ingérable que Déby a mise en place. Faux ! Nous répondons que l’armée tchadienne de demain ne sera ni à l’image d’un clan ou d’une tribu, ni d’une région, elle sera tout simplement une armée nationale moderne dont les effectifs seront réduits de façon drastique. Enfin, l’armée future participera à tous les secteurs de développement économique et social du pays. Un Conseil National de Défense et de Sécurité sera créé pour suivre la mise en œuvre de la réforme de l’armée qui sera effective en cinq ans.

 

 

Camarades militantes et militants,

 

Le Tchad souffre énormément de la mise en coupe réglée par une minorité qui a pris en otage la majorité de notre peuple. Nous ne le dirons jamais assez, le pouvoir personnel est le plus vil, le plus cynique, le plus abject et le plus inique de toutes les formes de pouvoir. La mauvaise gestion, les détournements massifs, la corruption, le népotisme et l’impunité ont paralysé le fonctionnement du pays et gravement hypothéqué l’avenir. Ce ne sont pas les quelques réalisations d’infrastructures – de qualité par ailleurs douteuse – dans quelques quartiers de la capitale et certaines régions privilégiées qui peuvent masquer cette réalité et nous faire accepter l’inacceptable. Le Tchad est pays en panne, il est sur cale. Fidèle à son option sectariste, le président Idriss Déby Itno s’occupe particulièrement de sa terre natale. Amdjarass, naguère hameau de quelques dizaines d’âmes, a été successivement transformé en moins de dix ans en village, canton, sultanat (il en est le sultan), sous-préfecture, département puis en région ! Il faut croire qu’il a arraché le pouvoir pour en faire profiter prioritairement les siens. Pouvait-il d’ailleurs en être autrement alors que le pays est géré comme une affaire privée et dans l’improvisation la plus totale ? Dans tous les domaines, le constat d’échec est patent.

 

Pendant qu’il s’attelle à développer sa région, le président Idriss Déby Itno fait étalage de son injustice caractérisée par un phénomène destructeur pour des familles entières. Depuis 2008 au moins, dans la capitale, les déguerpissements se multiplient la plupart du temps dans des quartiers spontanés – mais pas seulement – sans considération de la législation et de la procédure légale. Dans leur grande majorité, les familles victimes – dès lors sans-abri – ne se voient ni proposer de solution de relogement ni indemnisation. Dans les régions rurales, le pendant de ce phénomène est bien entendu l’accaparement des terres, qui a gagné en acuité depuis l’exploitation pétrolière. Si l’on n’y prend pas garde, la caste des « nouveaux riches » va s’approprier toutes les terres fertiles et viables du pays et faire main basse sur les villes. Les premières victimes de ce double phénomène sont les plus démunis, considérés comme surnuméraires dans leur propre pays.

 

Camarades militantes et militants,

 

Le système éducatif tchadien est en complète déliquescence. Pourtant, le Tchad a suffisamment de moyens pour réaliser des infrastructures de qualité afin de former ses enfants dans des conditions décentes. Au lieu de cela, nos enfants suivent les cours dans des salles de classe en paille qu’il faut renouveler chaque année, assis à même le sol. Situation on ne peu plus paradoxale : dans la région pétrolifère, l’on trouve encore des salles de classe qui ne sont même pas en paille, mais… en tiges de sésame. Cela n’existe nulle part ailleurs !

 

La qualité de l’enseignement elle-même est suffisamment décriée pour être relevée. La démonstration en est faite chaque année avec la cohorte croissante d’élèves échouant au baccalauréat. Ce que l’on ne dit pas, et que le gouvernement cache soigneusement, c’est le taux de déperdition à la fin des cycles primaires et secondaires et la faiblesse de la formation technique et professionnelle.

 

Les universités et instituts universitaires sont créés à la hâte, sans étude préalable et dans l’improvisation la plus totale. Le gouvernement crée des institutions avant de penser aux infrastructures et aux enseignants, dès lors insuffisants en nombre et en qualité. Le choix délibéré d’opérer dans la médiocrité dans un domaine où l’on devrait être guidé par l’excellence – car il s’agit de former les cadres et dirigeants de demain – suscite de nombreuses questions. Des études approfondies seront diligentées pour établir un diagnostic sérieux des maux qui minent le système éducatif tchadien afin de trouver les solutions qui s’imposent.

 

  • L’une des priorités est de définir une nouvelle carte scolaire objective afin de déterminer les besoins réels en termes de création d’établissements scolaires, secondaires et supérieurs. En un an, il n’y aura plus aucun établissement en paille ou en matériaux provisoires sur toute l’étendue du territoire ;
  • Des écoles normales seront ouvertes dans tous les chefs-lieux des régions et les départements qui en auront la capacité. Le recrutement d’enseignants du primaire sera accéléré pendant cinq ans au rythme de 3 000 nouveaux maîtres par an de manière à rompre avec les classes surchargées et en conséquence à améliorer la qualité de l’enseignement. Tous les enseignants formés seront immédiatement intégrés dans la Fonction publique. Une politique analogue sera appliquée au niveau secondaire, en mettant l’accent sur la formation des enseignants ;
  • Au niveau supérieur, nous procéderons à une refondation de l’université afin d’assurer à nos étudiantes et étudiants de bonnes conditions d’études et de leur permettre d’obtenir des diplômes de qualité ;
  • Une remise en ordre sera effectuée dans l’enseignement privé pour que les normes exigées soient scrupuleusement respectées, et les établissements qui seront agréés seront soutenus par des subventions conséquentes ou la prise en charge des enseignants, dans des conditions à déterminer.
  • Un accent particulier sera mis sur la recherche : des moyens conséquents lui seront consacrés.
  • L’éducation étant une priorité, nous réaffirmons les options suivantes :
  • L’école sera obligatoire et gratuite de 6 à 16 ans, pour les garçons et pour les filles ;
  • L’Etat encouragera et soutiendra l’enseignement privé préélémentaire en fonction des situations ;
  • L’informatique sera introduite dès l’école primaire par la mise à la disposition de matériels didactiques en nombre suffisant pour les enfants. A la sortie de ce cycle, chaque enfant devra avoir une bonne culture informatique ;
  • La lutte contre l’illettrisme sera immédiatement engagée par l’ouverture intensive de cours d’alphabétisation en arabe et en français, à l’intention des adultes de moins de 50 ans. L’objectif recherché est de réduire au moins de 90% le taux d’analphabétisme dans une période de dix ans.

 

Camarades, il convient d’insister sur notre jeunesse. Il ne sert à rien de la former pour l’abandonner ensuite. Au niveau du secondaire, nous mettrons l’accent sur la formation professionnelle en créant des écoles professionnelles dans plusieurs régions du pays. L’Etat accompagnera les jeunes dans la recherche d’emploi ou leur octroiera des micro-crédits pour financer les initiatives personnelles viables.

 

Au niveau supérieur, l’Etat sera irremplaçable comme pourvoyeur d’emplois. Mais il ne sera pas le seul. Nous mettrons tout en œuvre pour aider les jeunes diplômés à monter et gérer des entreprises dans tous les domaines productifs, par le biais d’une Agence nationale créée à cet effet. Ce faisant, l’implication des jeunes entrepreneurs dans le secteur privé sera une réalité, et ils participeront activement à la création d’emplois et de richesses.

 

Nous n’allons pas clore ce chapitre consacré à la jeunesse sans évoquer les sports et les loisirs. Nous nous rappelons tous que les jeunes athlètes tchadiens brillaient sur tous les stades africains dans les années soixante. Ce n’est plus le cas depuis ces quarante dernières années, parce que les pouvoirs successifs brillent plus dans les slogans que dans une politique sportive réelle, qui n’existe d’ailleurs pas. Le pouvoir actuel en particulier a abandonné ce domaine et se livre, comme il sait le faire, à de l’à peu près ! Aucune vision ni dans les infrastructures, ni dans les choix stratégiques.

 

La première mesure consistera à réintroduire la pratique du sport dans les cycles primaires et secondaires comme disciplines obligatoires. Des compétitions seront organisées toute l’année et dans toutes les disciplines. Nous sommes convaincus qu’une telle option encouragera les vocations et une génération de champions renaîtra pour défendre nos couleurs. Mais nous devons affirmer nettement notre option pour l’athlétisme, pour des raisons évidentes de coût et de prédisposition des jeunes. Je suis sûr qu’en cinq ans, on reparlera de nouveau du Tchad grâce à ses champions.

 

Bien entendu, la formation reste fondamentale. Les spécialistes de l’éducation physique et sportive seront formés dans des écoles efficientes qui seront créées à travers le pays ou à l’étranger.

 

Dans le domaine de la culture, nous allons nous réapproprier la richesse de notre culture nationale. Des disciplines comme la musique, les arts plastiques, la sculpture, notamment, seront introduites dans le programme de l’enseignement. Elles contribueront à l’éveil des enfants qui pourront aussi y trouver des opportunités d’orientation professionnelle. La culture, ce n’est pas seulement chanter et danser, c’est aussi réfléchir et créer. Nous entendons ainsi promouvoir activement ce secteur en soutenant la création artistique dans tous les domaines. Pour une meilleure visibilité de nos cultures réhabilitées, il sera organisé des festivals, tous les deux dans les régions de façon rotative pour faire connaître la variété de nos talents culturels. Nous le ferons dès la deuxième année de gestion du pouvoir.

 

Dans le monde moderne, la base de la culture est dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Voilà trois ans que la fibre optique est à N’Djaména et depuis trois, le gouvernement tourne en rond, ne sachant par quel bout se l’approprier. Nous serons en mesure de développer cette technologie afin de vulgariser l’internet par sa qualité, sa vitesse, son accessibilité et son prix. Notre jeunesse attend cette opportunité impatiemment.

 

Camarades militantes et militants,

 

D’autres domaines aussi déterminants que la santé, le secteur rural, les infrastructures figurent parmi nos préoccupations. En ce qui concerne la santé, le Tchad a perdu beaucoup de temps parce que notre gouvernement n’a jamais su énoncer clairement ses choix. Les nôtres sont simples : une population à l’abri, soignée et prise en charge par un système d’assurance maladie universelle. Nous rétablirons ainsi l’égalité entre les citoyens, pour que les plus démunis ne meurent plus faute de moyens. Comme dans les autres domaines, un accent particulier sera mis sur la formation, de la formation générale à celle des spécialistes. Des infrastructures sanitaires adéquates seront construites sur la base d’une planification rigoureuse. De véritables hôpitaux de référence seront créés à Faya, Abéché, Mongo, Moundou et Sarh, en plus de N’Djaména. Nous prendrons toutes les dispositions pour que les ratios universellement admis soient appliqués.

 

A l’instar d’autres pays, nous revaloriserons la pharmacopée et la médecine traditionnelle, en mettant en œuvre une politique volontariste de recherche dans le souci de normaliser les acquis. De la même façon, une politique du médicament plus rigoureuse permettra un meilleur contrôle afin d’arrêter les entrées de médicaments contrefaits qui exposent, comme on le constate aujourd’hui, les populations, surtout les plus démunies.

 

Camarades militantes et militants,

 

L’énergie et l’eau seront au centre de nos préoccupations. Notre pays, faut-il le rappeler ?, vit une crise énergétique quasi permanente depuis la prise du pouvoir par le MPS en 1990 ; crise auto-entretenue qui a permis d’ériger des fortunes colossales, grâce à des marchés faramineux de carburant offerts aux hommes du régime, au détriment de la population et du développement. Saura-t-on jamais combien de dizaines de milliards de francs sont parties en fumée ? Au regard des intérêts en jeu, rien ne viendra entraver cette crise, malgré les promesses annuelles rituelles du chef de l’Etat. Tout est concentré sur N’Djaména tandis que le reste du pays est abandonné. Et pourtant, nous savons tous que des solutions existent. L’interconnexion avec des pays voisins est une solution précieuse pourtant constamment rejetée par le gouvernement, sous le prétexte fallacieux de souveraineté. Quelle cécité ! En attendant, c’est le développement du pays qui en pâtit, car sans énergie, on ne peut prétendre au développement. D’autres solutions peuvent être mises en œuvre, notamment les centrales thermiques à gaz, sans compter les énergies renouvelables que nous offrent le soleil et le vent, que nous exploiterons dans le cadre d’un vaste programme d’électrification rurale. Ce programme touchera, sur une période de quinze ans, tous les villages ayant une population comprise entre 500 et 5 000 habitants. Ainsi, à l’horizon 2030, tous les foyers tchadiens pourraient être électrifiés.

 

S’agissant de l’eau, il est scandaleux que dans notre pays, aujourd’hui encore, des compatriotes n’aient pas accès à l’eau potable et aient à boire l’eau des mares, se la disputant parfois avec les animaux. Nous ne pouvons plus supporter cette situation. Un vaste plan d’accès à l’eau potable, en ville comme à la campagne, sera mis en place. Des dizaines de milliards de francs se sont évaporées dans la nature sous prétexte de construire des forages qui n’existent pas. Nous savons comment faire et quels moyens déployer pour trouver l’eau là où elle se trouve et où l’on en a besoin. De l’eau pour l’Homme, mais aussi pour les animaux. Nous savons que les éleveurs parcourent des centaines de kilomètres chaque année à la recherche d’eau, aussi allons-nous atténuer leurs souffrances et celles de leurs animaux en aménageant des espaces adéquats. De l'eau pour l’Homme, de l’eau pour l’animal, mais aussi pour l’agriculture. Notre pays est certes réputé déficitaire en eau de pluie, mais il est en même temps celui qui ne sait pas en profiter. En effet, des milliards de mètres cubes d’eau de ruissellement sont perdus chaque année, alors que nous savons qu’en en captant tout simplement le dixième, nous pouvons aménager des terres pour l’agriculture et l’aquaculture.

 

Le secteur rural, nous l’avons toujours dit, fera partie de nos priorités. C’est pour cela que nous insistons sur un développement autocentré d’où les campagnes ne seront pas exclues, bien au contraire. Nous l’avons vu plus haut, nous alphabétiserons les adultes dont plus de 80% sont des ruraux. Nous électrifierons les villages qui seront pourvus en eau. Dès lors, nos éleveurs et nos agriculteurs, encadrés et soutenus par l’Etat, évolueront de manière efficiente pour augmenter sensiblement leurs revenus et partant leur production, ce qui garantira l’autosuffisance alimentaire du pays. La famine – ce spectre qui plane au-dessus de nos têtes chaque année – est une honte : le Tchad dispose de toutes les potentialités pour nourrir quantitativement et qualitativement ses populations, et il peut même se permettre d’exporter des surplus importants dans les pays voisins, voire plus loin.

 

La mécanisation agricole imposée depuis quelques années est une catastrophe écologique qui aura des retombées négatives dans la durée. Il y aura lieu d’y réfléchir et de la stopper là où elle crée des ravages. Notre choix est fondamentalement différent car la mécanisation n’est pas une panacée. Nous allons doter les 500 000 familles de paysans de charrues et d’animaux d’attelage qui assureront la révolution dans nos campagnes. C’est de cela que nos paysans ont besoin et non de milliers de tracteurs qui sont le résultat d’une politique à courte vue. La gestion de la culture du coton sera remise en cause afin d’être une activité réellement rentable pour le producteur.

 

S’agissant de l’élevage, nous savons que tous les plans concoctés et mis en œuvre depuis une trentaine d’années n’ont eu aucun impact : les éleveurs sont toujours aussi pauvres et le cheptel n’a connu aucune amélioration significative. Notre objectif est double : améliorer le niveau de vie de l’éleveur qui doit pouvoir vivre mieux et aisément des produits de son élevage, par un changement de mentalité dans le concept même de l’élevage, et opter pour un élevage intensif ou semi-intensif plus rentable. Nous devons, au terme de dix ans, réduire sensiblement le nomadisme qui ne profite à personne : ni à l’homme, ni à l’animal et encore moins à l’Etat. Des solutions existent et elles seront mises en œuvre.

 

Les conflits éleveurs/agriculteurs ne seront qu’un triste souvenir. Nous le savons, les conflits actuels sont soigneusement entretenus par les faux éleveurs que sont les militaires et les administrateurs subitement devenus des éleveurs et qui trouvent dans cette pratique une source d’enrichissement. En un an nous y mettrons fin.

 

Camarades militantes et militants,

 

L’entrée du Tchad dans l’économie pétrolière a suscité bien des convoitises, renforçant encore la gabegie et les détournements massifs en tous genres. Après un peu plus de dix ans d’exploitation pétrolière, on se demande encore où sont les centaines de milliards de francs engrangés – d’autant que dans les régions pétrolifères les populations vivent moins bien qu’avant le début de l’exploitation. Je vous rappelle que le budget du Tchad tournait autour de 120 milliards de francs avant l’exploitation du pétrole, et qu’il caracole autour de 1 500 milliards de francs depuis. Vous vous souvenez de la fourberie gouvernementale avant le pétrole, qui a consisté à se présenter en meilleur élève lors des négociations avec le consortium et la Banque mondiale. J’en sais un petit bout, puisque j’ai fait un passage furtif en 1998 au ministère des Mines, de l’Energie et du Pétrole. Dès que le pétrole a commencé à couler dans les pipelines, le président Déby s’est rétracté pour remettre en cause l’accord signé avec la Banque mondiale, sommée de se retirer du processus, ce qu’elle fit. La suite, on la connait : détournements colossaux, renonciation au développement que le pétrole devait assurer, achats surdimensionnés d’armes de guerre sophistiquées pour mater les rébellions et assouvir les velléités démesurées de domination sous-régionale.

 

C’est avec les revenus du pétrole que le président Idriss Déby Itno a développé une politique extérieure militariste aux conséquences meurtrières, comme en RCA ou au Darfour. Nous avons soutenu l’intervention, légitime pour nous, au Mali, alors que là aussi il s’agissait simplement de calculs purement personnels pour se réhabiliter auprès des pays européens, France en tête. Le prix de ce retour en grâce: la mort d’une quarantaine de jeunes Tchadiens, des dizaines de blessés et des pertes financières qui ne seront jamais connues.

 

Mais c’est en RCA que la situation est plus catastrophique encore pour nous. Après avoir lamentablement échoué dans ses desseins hégémoniques de contrôler ce pays voisin, Idriss Déby Itno s’est rendu à l’évidence : à tort ou à raison, manipulés ou pas, certains Centrafricains ont cette réaction barbare et inhumaine faite de haine viscérale contre les « musulmans », c’est-à-dire les personnes originaires du Tchad. Là aussi les pertes humaines et matérielles sont incommensurables pour nos compatriotes et aucun bilan, même partiel, n’a été établi. Nous attendons du Président tchadien une véritable solution de sortie de crise du bourbier centrafricain. Qui paiera la lourde facture des pertes subies et quand ? Dieu seul le sait.

 

En réaction aux critiques de plus en plus vives et à l’immense impopularité de nos soldats auprès de nombre de Centrafricains, le président Déby a annoncé le retrait unilatéral de la MISCA. N’est-ce pas tard ? La RCA et le Tchad ont beaucoup en commun, qu’une politique faite de mépris et de dédain a compromis. Nous sommes pour la création d’une commission d’enquête internationale  pour établir les faits en RCA. Nous espérons vivement que la levée de l’hypothèque tchadienne puisse favoriser le retour au calme et à la paix sans laquelle rien de durable ne peut être entrepris. Nous lançons un appel pressant aux frères et aux sœurs centrafricains pour qu’ils se ressaisissent et cessent de s’entretuer. La présence militaire étrangère a mal rempli sa mission, depuis l’apparition des anti-balaka le 5 décembre 2013. Nous sommes surpris par la capacité militaire de cette milice qui doit bénéficier, à n’en point douter, de soutiens multiformes de l’étranger. Prions tous pour que Dieu sauve la RCA !

 

Camarades militantes et militants,

 

Revenons à notre propos sur les revenus pétroliers. Ainsi, ils constituent plus une source d’enrichissement personnel qu’une possibilité de développement. L’hémorragie doit s’arrêter et elle s’arrêtera ! Nous l’avons dit plus haut, de véritables infrastructures seront créées dans des domaines aussi divers que l’administration, la santé, l’éducation, l’agriculture, l’élevage et l’énergie. Sans compter le secteur des transports qui est une priorité pour un pays comme le nôtre. La route, pour nous, doit jouer plusieurs rôles. Elle est d’abord un facteur d’unité nationale par le brassage des populations qu’elle permet. Elle est aussi, évidemment, un facteur déterminant de développement. Nous allons mettre l’accent, prioritairement, sur les routes et les pistes rurales pour que les déplacements des paysans et des éleveurs soient facilités. Un programme national cohérent sera concomitamment mis en œuvre pour le bitumage des routes nationales et des bretelles devant relier le Tchad aux pays voisins. Nous serons en mesure de bitumer un millier de kilomètres de routes par an, soit le tiers de ce que le gouvernement du MPS a réalisé en vingt-trois ans !

 

Nous devons nous inscrire en faux contre les projets fumeux et dispendieux de notre gouvernement. Par manque d’imagination et de vision, le président Idriss Déby Itno a annoncé bruyamment la construction d’un nouvel aéroport international à cinquante kilomètres de N’Djaména, de lignes de chemin de fer devant nous relier au Cameroun, au Soudan et au Nigéria, sans aucune étude préalable. Comme d’habitude. Des centaines de milliards de francs devaient financer ce que nous avons qualifié en son temps de « folie des grandeurs d’un nain ». Fort heureusement, quand les partenaires ont étudié ces projets, ils ont découvert le pot aux roses : un prêt chinois non concessionnel de trois milliards de dollars devait les financer. Un prêt qui n’a jamais été entériné par l’Assemblée nationale, évidemment. Il a été annulé, fort heureusement, sous la pression des bailleurs de fonds.

 

Les ressources provenant de l’extraction du pétrole sont par définition périssables. Or, malgré des centaines de milliards qu’elles génèrent, nos finances publiques offrent un sombre tableau : les salaires sont payés difficilement, la dette intérieure est gelée, les multiples chantiers lancés sans préparation sont à l’arrêt, la crise de l’énergie perdure, etc. Le prochain sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine, qui sera accueilli en grande pompe l’année prochaine, nous laissera quantité d’hôtels et de villas de luxe sur les bras… au grand dam des partenaires qui ne savent plus que faire pour nous amener au point d’achèvement de l’initiative PPTE (pays pauvres très endettés), le Tchad étant le seul pays au monde à ne l’avoir pas atteint !

 

 

Camarades militantes et militants, Mesdames et Messieurs,

 

Après ce long développement – non exhaustif – de notre vision politique, économique et sociale, je vous invite à ouvrir une fenêtre sur l’extérieur. Je commencerai par poser la question que tous les Africains se posent : où en est l’unité africaine ? Notre option panafricaine est inébranlable. Nous croyons dans l’unité africaine parce que c’est la seule solution d’avenir pour notre continent. Cette thèse est assez connue pour être développée ici. Il convient de saluer les petites avancées des pays d’Afrique de l’Ouest et de l’Est qui ont pris la bonne direction. Quid de l’Afrique centrale ? Force est de reconnaître que notre sous-région refuse l’intégration. Est-il exagéré de dire que l’ex-Afrique Equatoriale Française était plus intégrée qu’elle ne l’est aujourd’hui en matière de santé publique, d’enseignement supérieur, de routes et de chemins de fer, d’énergie, etc. ? Le Congo, le Gabon, la RCA et le Tchad, puis le Cameroun, au moment de l’Union douanière équatoriale, coopéraient dans le sens de l’intégration. Pourtant, aujourd’hui, les constats sont tristes. Par exemple, le passeport communautaire est mort-né, puisque la Guinée et le Gabon ont décidé de maintenir le visa préalable d’entrée. Aucun de nos chefs d’Etat n’a de réelle volonté d’avancer vers l’intégration. C’est pour cela que je suggère que nous, acteurs politiques de la sous-région, déclenchions sans délai un vaste mouvement populaire pour forcer nos gouvernements à sortir de la situation actuelle. Oui, chers amis, nous devons engager ce mouvement salvateur pour nos populations qui n’attendent que cela pour accélérer le développement. Chacun de nous pris individuellement est riche de son sol et de son sous-sol. Ensemble, nous serons encore plus riches et plus forts. Je vous invite donc à prendre des initiatives concrètes ici, à Moundou.

 

La situation sécuritaire en Afrique est des plus mauvaises : la RD-Congo, l’Ouganda, la Somalie, le Soudan et le Sud Soudan, la RCA, le Nigeria, le Mali, l’Egypte, la Libye notamment connaissent des convulsions qui peuvent hypothéquer leur avenir. Des pays comme le Tchad sont apparemment calmes alors qu’ils sont de véritables poudrières qui peuvent exploser à tout moment. J’entends ici et là que les pays africains doivent créer des forces armées africaines afin d’assurer la sécurité dans les pays en crise, ce qui en réalité reviendrait à créer « une armée du syndicat des chefs d’Etat » pour se protéger mutuellement. Il s’agit là d’un renversement des causes et des effets : il semble plus facile à un certains nombres de régimes de proposer cette solution plutôt que de garantir une pratique démocratique claire, des élections transparentes, la fin de l’impunité et une bonne gouvernance. C’est à cela que nous devons nous atteler ensemble.

 

Camarades militantes et militants,

 

Notre Ve Congrès offre, à n’en pas douter, des perspectives de prise de pouvoir certaines. Mais cela ne se fera pas en dormant ou par de simples discours. Car notre adversaire, lui, ne dort pas. Voyez comment, dans la perspective des élections de 2016, le président Déby élabore divers scénarii pour se maintenir au pouvoir. Prenez l’exemple de l’Accord du 13 avril 2007, jadis salué par tout le monde, y compris par lui-même, et dont il s’évertue aujourd’hui à effacer toute trace. Il a conçu seul, et mis en place seul, un nouvel accord le 2 avril 2013, comme nous l’avons brièvement évoqué plus tôt. La cérémonie de signature au forceps de cet accord a été une véritable comédie de mauvais goût puisqu’il voulait que ses partenaires signent sans le lire !!! C’est ainsi qu’il a monté une équipe de la majorité et de “l’opposition” – son opposition –, encadrée par des « facilitateurs » qui lui sont dévoués, pour nous servir cette mauvaise sauce et nous demander de l’avaler. L’opposition ne mange pas de cette sauce, M. Déby, elle a refusé de signer et ne le fera pas, même sous la menace.

 

C’est ainsi qu’est né un Cadre National de Dialogue Politique qui est bien encadré par Déby lui-même, il n’a de national que le nom et ne mène aucun dialogue politique. Tel quel, le CNDP n’est qu’un Cadre Nouveau Dépendant du Patron ! Non, l’opposition ne mangera pas de ce pain-là, M. Déby. L’opposition ne se livrera pas à sa propre perte, car c’est le calcul sordide de M. Déby dont nous savons, et il le sait lui-même plus que tout autre, qu’il n’a jamais légalement gagné aucune élection dans ce pays. Toutes ces manœuvres tendent à perfectionner sa machine de fraude en super-machine de fraude. Depuis 2011, la carte d’identité, la carte de séjour et le permis de conduire, après le passeport qui était cédé à des Soudanais des années plus tôt avant de nous revenir, ont été confiés à une société privée appartenant à des proches du Président. Et comme le ridicule ne tue pas, on voudrait nous faire avaler une nouvelle grosse couleuvre : confier à la même société la confection des cartes d’électeurs biométriques ! Rien de moins !

 

Non, Monsieur Déby, trop, c’est trop !!! La couleuvre étant restée dans ses mains, il ne sait plus comment s’en débarrasser. Il gesticule, convoque la Coordination des partis politiques pour la défense de la Constitution (CPDC) pour la sommer d’intégrer le CNDP, la menaçant d’exclure ses membres de la CENI si elle n’obtempère pas. La CPDC tient bon et refuse de se soumettre, et elle a raison, car le président Déby veut mettre en route sa machine à frauder de 2016 dès maintenant. Vous écoutez les responsables du MPS qui répètent la même rengaine qu’il y cinq ans : la biométrie coûte trop cher et sa mise en œuvre va faire reculer les échéances électorales. Mais fichtre ! Où était donc le gouvernement depuis cinq ans pour ne pas respecter cet engagement politique majeur et non négociable qu’est la biométrie ? Pourquoi avoir attendu les bras croisés pour pleurnicher que nous n’en aurons pas le temps ? Le but de la manœuvre est clair : aller aux prochaines élections avec des cartes d’électeurs éditées sur des imprimantes de bureau.

 

Pour notre part, nous réitérons que ce sujet n’est plus d’actualité et que la biométrie est un acquis désormais irréversible. L’Etat doit dégager les moyens conséquents, parce qu’il en a, afin de permettre à la CENI de s’atteler à sa mission d’organisation et de distribution de la carte d’électeur. Et je suis sûr que si cela se faisait dès maintenant, nous serions en mesure de tenir les élections législatives l’année prochaine et les présidentielles l’année suivante.

 

C’est le lieu de dénoncer, une nouvelle fois, la fraude électorale érigée en système dans notre pays. Partout dans mes contacts directs avec nos compatriotes, je leur demande de s’assumer totalement et de s’impliquer entièrement dans les affaires électorales. Certaines circonscriptions l’ont démontré récemment, les électeurs peuvent imposer la transparence lorsque le vol est patent. Je dis au pouvoir-MPS que le peuple tchadien désormais mûr et aguerri n’acceptera plus aucun tripatouillage aux futures élections. Chaque bureau de vote, chaque village, chaque quartier doit s’assumer et ne pas appeler la hiérarchie pour pleurnicher. Agissez sur place, exigez l’application de la Loi, rien que la Loi, toute la Loi. Réagissez et imposez-vous si la Loi n’est pas respectée ou si on veut lui tordre le cou. Nous serons toujours à vos côtés.

 

Une chose est de dire que l’on veut des élections libres et transparentes, une autre est de l’imposer. C’est ici que je lance un appel à mes amis de l’opposition pour que l’unité d’action toujours prônée soit plus que jamais une réalité. Unis, nous sommes plus forts et nous pourrons affronter toutes les adversités. Nous avons une grande expérience de l’opposition solitaire improductive où chacun de nous a laissé des plumes. Depuis 2005, année de la création de la CPDC, près de vingt partis cheminent ensemble et c’est la première fois que nous vivons cette expérience sur une telle durée. Lors des dernières élections législatives et communales, nous nous sommes essayés à des listes communes avec les résultats mitigés que nous connaissons. C’est justement cela que nous devons exploiter pour en tirer les leçons aux élections de 2015 et 2016. Nos seuls mots d’ordre seront : listes communes, candidatures communes et unité d’action. Alors, mettons-nous au travail dès maintenant en nominant dans les démembrements de la CENI aujourd’hui, et dans les bureaux de vote demain, les meilleurs de nos militants pour que notre victoire ne nous soit plus volée. J’en profite pour dire à mes amis de la CPDC qu’ils doivent aller plus loin, en matière de regroupement, et passer à une autre vitesse pour se souder encore davantage.

 

 

Camarades militantes et militants,

 

A l’UNDR, nous avons vécu toutes les épreuves sous ce régime. Du jeu clair au faux jeu en passant par les crocs en jambe, puis la menace directe et les tentatives d’élimination physique, les procès en tous genres, les offres d’alliance... Nous sommes passés par toutes ces étapes et nous sommes toujours là, pliant comme le roseau qui ne rompt jamais, et durs comme un roc, à l’image de notre calebasse blindée toujours présente à jamais. C’est à vous, militantes et militants que je m’adresse. Quand nos invités nous auront quittés après nous avoir galvanisés par leurs discours engagés et engageants, nous allons nous retrouver pour explorer le chemin parcouru depuis le IVe Congrès de Gounou-Gaya en 2009. Chaque Comité régional ou départemental viendra livrer son rapport, sans complaisance aucune, afin de nous permettre de redresser la barre et de relancer notre barque commune. Nos échecs d’hier constituent nos réussites de demain. Qui aurait parié sur nous aux élections législatives de 2011 ? L’UNDR s’est hissée au premier rang de l’opposition avec dix députés, mais qui ignore que nous avons battu le MPS à Am Timan, Abéché, Bongor, Fianga ou Gounou Gaya ? Peut-on oublier qu’à Léré c’est la Cour Suprême qui nous a arraché un siège pour l’octroyer au MPS ?

 

Oui, camarades, c’est forts de tout cela que nous disons que nous repartirons de Moundou encore plus forts pour conquérir sans coup férir le pouvoir, aujourd’hui vacillant. Comment le MPS et Idriss Déby Itno pourraient-ils gagner encore une élection, même en se livrant à leur jeu favori, la fraude ? Ils n’en ont plus ni la force, ni la capacité, il ne leur reste plus que l’achat des consciences. Les revenus du pétrole, qui prennent toutes les directions sauf les bonnes, vont-ils encore inonder nos rues pour enivrer nos compatriotes et acheter leurs votes ? Non, Monsieur Déby, les élections prochaines ne seront pas comme les précédentes. Le peuple est mûr, il a tiré les leçons du passé et n’est pas prêt à avaliser les fraudes. Les militantes et les militants de l’UNDR seront à l’avant-garde du combat électoral pour inviter leurs camarades de l’opposition à se battre ensemble, pour savourer ensemble les fruits d’une victoire commune qui seront d’autant plus délicieux que nous les consommerons ensemble.

 

Camarades, c’est parce le parti est fort et qu’il s’apprête à conquérir le pouvoir que nous devons poursuivre plus ouvertement le débat de l’alternance en notre sein. Ces dernières années, le Bureau exécutif s’est ouvert à plus de 30% aux jeunes. Le mouvement doit se poursuivre car nous accueillons tous les jours de nouveaux militants, en majorité jeunes. Cela veut dire que le parti a une capacité d’attirer et d’inspirer confiance. Cette potentialité de renouvellement est un gage de réussite et d’avenir, nous devons l’exploiter et en débattre durant ce congrès. L’UNDR montrera ainsi sa capacité d’innovation et de renouvellement, en mettant en pratique l’alternance au niveau de ses dirigeants. Personnellement, je m’y prépare depuis longtemps, et je rappelle que nous avons abordé ce sujet au congrès de Bongor, en 1998 ( ?), timidement c’est vrai, mais aujourd’hui ce n’est pas un sujet tabou. Je me fais le porte-parole de la vieille garde pour dire que tous mes amis sont dans le même état d’esprit et vous invitent à engager ce débat.

 

Camarades militantes et militants,

 

L’heure du changement au Tchad a sonné. Finis le tribalisme, le népotisme, la concussion, la gabegie, la mal gouvernance endémique, les crimes impunis, les pillages, le pilotage à vue érigé en système de gouvernement, l’Etat informel, les gouvernements parallèles, la gestion patrimoniale, la République en otage, l’enrichissement sans cause, l’armée tribale… et j’en passe ! Oui, fini tout cela parce que les Tchadiennes et les Tchadiens ont décidé de tourner définitivement cette page douloureuse de leur histoire et ensemble ils posent la même question : Que pourrait faire Idriss Deby Itno pour le Tchad en 2016 qu’il n’a pas su faire en vingt-six ans ?

 

Je vous convie à lancer, au sortir de ce Congrès, de concert avec tous les camarades de l’opposition et les patriotes engagés, un vaste mouvement national de contestation d’une candidature éventuelle de Déby en 2016 :

 

 

PLUS JAMAIS DEBY, CA SUFFIT !

 

 

Oui, camarades, en avant, tous unis, nous gagnerons !

 

 

Vive l’UNDR !

VIVE LA CPDC ! VIVE L’OPPOSITION !

VIVE LE TCHAD !

Moundou: discours inaugural du Président de l'UNDR
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