2 Février 2008
e régime tchadien d'Idriss Déby semblait plus menacé que jamais, vendredi soir, à l'issue d'une cinquième journée de progression d'une colonne rebelle venue du Soudan
jusqu'aux portes de N'Djamena.
Selon le site de la revue d'économie africaine Marchés tropicaux, le président Déby s'est retranché vendredi soir dans le palais présidentiel après avoir quitté la zone de
combats, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale. La présence du chef de l'Etat au palais a été confirmée en soirée à l'AFP par un responsable de la présidence, après que des informations
divergentes sur son sort ont circulé.
Au-dehors, les habitants de la capitale attendaient, fébriles, une confrontation majeure. D'après l'AFP, les rues, quadrillées par un imposant dispositif militaire et constamment survolées par des hélicoptères tchadiens, étaient désertes.
Les réseaux de téléphonie mobile ont été coupés. L'aéroport a été fermé et les vols internationaux à destination de la capitale annulés.
Selon plusieurs observateurs, la motivation des troupes gouvernementales à défendre le régime constitue désormais une inconnue de taille.
L'ATTITUDE DE PARIS EN QUESTION
Cette puissante offensive rebelle, manifestement soutenue par le Soudan, coïncide avec le lancement d'une force européenne (Eufor) censée venir protéger les réfugiés soudanais du Darfour voisin, ainsi que les déplacés tchadiens et centrafricains, dans l'est du Tchad et le nord-est de la Centrafrique.
Vendredi, l'envoi d'une soixantaine de soldats européens a été différé en raison de l'instabilité du pays. Or le succès de ce déploiement est important pour Paris, dont les soldats sont représentés en nombre au sein de la force (près de 50% des effectifs) et qui s'est fortement impliqué dans le dossier, malgré des relations actuellement tendues avec le Tchad.
La survie du régime de M. Déby est en partie liée à l'attitude de Paris et de son contingent militaire au Tchad, la France ayant déjà sauvé le régime tchadien, notamment en 2006.
Alors que l'avancée des rebelles avait été suivie pas à pas par les autorités, qui bénéficient des renseignements aériens collectés par les avions du dispositif français Epervier, les rebelles avaient semblé plus difficiles à localiser à mesure qu'ils approchaient de la capitale. Certains responsables tchadiens ont même soupçonné la France de "cacher" certains renseignements.
Paris a fait connaître son intention de s'en tenir à "un soutien logistique" et "une aide en matière de renseignement" à l'ANT. Un porte-parole rebelle a toutefois demandé "un geste de neutralité de la France".