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Makaila, plume combattante et indépendante

Makaila.fr est un site d’informations indépendant et d’actualités sur le Tchad, l’Afrique et le Monde. Il traite des sujets variés entre autres: la politique, les droits humains, les libertés, le social, l’économique,la culture etc.

Disparition de Ibn et Ngarléjy, la CPDC face à Sarkozy

Coordination des Partis politiques

pour la Défense de la Constitution

                   (CPDC)

 

                                                                         N’Djamena, le 19 février 2008

 

                                                                                 A

 

                                                  Son Excellence Monsieur le Président de

                                                  La République Française,

 

                                                                   PARIS (France)

 

Objet : La crise politique au Tchad

 

Excellence, Monsieur le Président,

 

Comme vous le savez, en début de soirée le dimanche 03 février 2008, après que les combats entre les forces gouvernementale et les forces de la rébellion eurent cessé à N’Djamena, la Sécurité Présidentielle a procédé à des enlèvements, notamment dans les rangs de l’opposition démocratique.

 

Si certains leaders visés ont pu échapper par un concours de circonstances, trois chefs de partis politiques ont été kidnappés :

 

1-    Monsieur Lol Mahamat Choua, ancien Président de la République, Président du Groupe parlementaire de son parti (le RDP) et Président du Comité de Suivi et d’Appui de l’Accord politique du 13 août 2007, a été kidnappé aux environs de 17h30 chez lui, en présence des membres de sa famille. Brutalisé,  il a même été empêché de se chausser.

 

2-    Monsieur Ibni Oumar Mahamat Saleh, Ancien Ministre, Secrétaire Général du PLD et Porte parole de notre coalition, la CPDC, a été kidnappé à 19h30, alors qu’il était dans son salon avec des membres de sa famille.

 

3-    Monsieur Yorongar N’Garléjy, Président du parti FAR et Député fédéraliste, a été kidnappé lui aussi à son domicile, bastonné devant son épouse elle-même rouée de coups et des membres de sa famille, par des éléments de la Garde présidentielle passés par-dessus les murs de son domicile.

 

Les circonstances de ces enlèvements ainsi que les tentatives d’enlèvement sont celles d’un kidnapping, d’une opération extrajudiciaire digne d’une République qu’on ne saurait qualifier.

 

Après avoir dit que ces personnalités étaient appréhendées parce qu’elles « avaient constitué un Comité d’accueil pour les rebelles », puis nié les avoir arrêtées, avant de reconnaître qu’elles sont aux mains de ses forces, le gouvernement tente aujourd’hui de dire que ces leaders ont été fait prisonniers pendant les combats.

 

Ces contradictions et contrevérités sont éloquentes et édifiantes. Elles confirment que le seul tort de l’opposition démocratique est de se démarquer des options militaristes, des propos bellicistes, pour exhorter toutes les parties tchadiennes et la communauté internationale à une solution politique dans la logique de l’Accord politique 13 août 2007.

 

On ne peut prétendre renforcer le processus démocratique d’un côté, opérer des enlèvements des responsables de l’opposition démocratique et instaurer le régime de la pensée unique de l’autre.

 

Les partis politiques membres de la CPDC estiment qu’il n’ y aura pas de solution militaire à cette crise. Toute solution durable réside dans la mise en œuvre sans arrière-pensée des différents accords, plus particulièrement de l’Accord politique du 13 août 2007 conclu sous l’égide de l’Union européenne.

 

Les effets attendus de l’Eufor sont illusoires sans la restauration de la paix et de la sécurité, sans la construction d’un véritable Etat de droit, la promotion de la démocratie et de la bonne gouvernance.

 

La responsabilité de la France, dont le rôle est déterminant  sur le plan diplomatique et sur le plan militaire, est engagée dans l’enlisement dans la chaos ou dans la sortie de crise.

 

Aussi, voudrions-nous demander à Votre Excellence, après la correspondance  que nous avons adressée en date du 13 courant à Monsieur Bernard KOUCHNER, Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération, d’user de votre influence avérée pour :

 

1-    Faire libérer sans délais et sans conditions les responsables politiques enlevés manu militari dans leurs domiciles, sous les yeux de leurs enfants et épouses.

 

2-    Assurer la sécurité et la liberté des responsables politiques et de la société civile afin qu’ils poursuivent leurs activités citoyennes au service de la paix et du développement.

 

3-    Prendre toutes les mesures et entreprendre les démarches appropriées pour contraindre les acteurs de cette crise à une solution politique consensuelle.

 

Faute de quoi le Tchad, voire toute la sous région, sombrera dans la guerre et le chaos ; et  les efforts des forces démocratiques tchadiennes et de la communauté internationale, visant la paix, la sécurité et la stabilité au Tchad et dans la sous région, seront réduits à néant.

 

Le Tchad et les Tchadiens attendent beaucoup de la France, et de Votre Excellence en particulier. La lassitude et le désespoir gagnent toutes les couches. Il nous paraît urgent de faire en sorte qu’ils n’atteignent des seuils irrattrapables ; il est plus que temps d’agir pour inverser la tendance.

 

Les régimes passent, les peuples demeurent. Il y a le Tchad éternel, celui des populations prises en otages et le Tchad des seigneurs de la guerre, drapés d’un vernis de légalité ou non.

 

Comme par le passé, la Coordination des partis politiques pour la Défense de la Constitution exprime sa totale disponibilité à faire part à Votre Excellence de ses propositions concrètes de schémas de sortie de crise, si vous lui en donnez l’opportunité, que ce soit au Tchad ou en France.

 

Escomptant  sur votre dynamisme et votre volontarisme dans la prise à bras-le-corps des problèmes aussi complexes soient-ils, nous vous prions d’agréer, Excellence Monsieur le Président de la République Française, à l’assurance de notre déférente considération.

 

 

 

                                         Le Porte parole Adjoint,

 

 

 

                                        HAMIT MAHAMAT DAHALOB

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