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22 Février 2008
Coordination des Partis politiques
pour la Défense de la Constitution
(CPDC)
N’Djamena, le 13 février 2008
A
Son Excellence Monsieur le Président Abou DIOUF,
Secrétaire Général de l’Organisation Internationale
de la Francophonie (OIF),
à
PARIS (France)
Objet : La crise politique au Tchad
Excellence, Monsieur le Président,
Depuis plusieurs années, la Coordination des Partis politiques pour la Défense de la Constitution (CPDC) n’a de cesse sollicité tous les partenaires de notre pays le Tchad, plus particulièrement les grandes institutions internationales dont la prestigieuse Organisation que vous dirigez, pour qu’ils usent de leur influence afin d’aider les Tchadiens à retrouver le chemin de la paix, de la stabilité et du développement.
C’est ainsi que nous avons salué les efforts de l’Union européenne qui a permis la conclusion de l’Accord politique du 13 août 2007 en vue du renforcement du processus démocratique au Tchad, entre la majorité présidentielle et l’opposition démocratique.
Outre les nombreux mémorandums et correspondances, notre coalition a rencontré toutes les missions de la communauté internationale, qu’elles soient techniques ou politiques, souvent à notre demande et quand les émissaires en avaient la possibilité.
Dans chacune de nos adresses, nous avons souligné le caractère multidimensionnel de la crise et la nécessité d’un dialogue constructif entre toutes les parties prenantes, afin de définir un consensus pertinent permettant la construction d’un Etat, un Etat véritablement de droit, de renforcer les libertés et la démocratie, et de promouvoir la bonne gouvernance.
La rencontre que nous avons eue avec les émissaires de l’Organisation Internationale de la Francophonie chargés d’évaluer les perspectives électorales entre dans ce cadre.
Nous avons noté que cette mission a conclu qu’ l’OIF ne devrait pas envoyer des observateurs pour l’élection présidentielle de 2006. Elle a eu amplement raison car ce fut plus qu’une mascarade.
Cependant, la communauté internationale, tout en admettant la pertinence de nos analyses et propositions, s’est laissée abuser par les thèses de ceux qui affichent une politique de soutien inconditionnel et sans faille au pouvoir en place tout en sachant ses options militaristes et ses dérives anti-démocratiques.
Le soutien de ces forces et groupes d’intérêts a conduit à l’enlisement dans la crise avec pour conséquences :
- le délitement de l’Etat ;
- le déni du Droit et de la Justice ;
- la généralisation de la prédation ;
- la confiscation des libertés publiques, les arrestations et les assassinats politiques extrajudiciaires, etc.
toutes choses qui constituent par ailleurs une violation du consensus national issu de la Conférence Nationale Souveraine.
Aujourd’hui, le Tchad a un pied dans le précipice :
- la rébellion loin d’être écrasée s’étend, après le Nord-Est et l’Est, de nombreuses régions du centre, du sud-est etc.
- les efforts des forces démocratiques et de la communauté internationale en
vue de la relance du processus démocratique sont en passe d’être réduits à
néant ;
- la guerre au Darfour redouble d’intensité avec son cortège d’atrocités ;
- les crises humanitaires font tâche d’huile, atteignant des zones jusque-là épargnées.
L’Accord du 13 août 2007 doit être sauvé dans sa logique et dans sa dynamique. La CPDC reste convaincue de sa pertinence.
C’est en connaissance de cause que nous avons insisté pour que l’OIF fasse partie du Comité de Suivi et d’Appui, en qualité de Facilitateur. Rôle évidemment actif, et nous avons pu apprécier la contribution de ses représentants lors des travaux dudit Comité.
L’Organisation Internationale de la Francophonie ne devrait pas contempler le développement de cette catastrophe à grande échelle.
Le déploiement des troupes de l’Eufor ne peut produire des effets positifs que dans un climat de paix et de sécurité, de renforcement du processus démocratique et de la construction de l’Etat de droit respectueux des principes de bonne gouvernance.
La mission de l’Eufor devrait considérer concomitamment les trois volets de la crise, à savoir les volets sécuritaire, humanitaire et politique.
Dans cette perspective, l’OIF et l’ensemble de la communauté internationale ne devraient pas adopter des positions déséquilibrées. Les déclarations et résolutions de soutien, sans nuance et sans perspectives claires et pertinentes, n’incitent pas le régime en place à s’engager dans une démarche positive.
Aussi, des signaux forts devraient-ils être adressés en direction du gouvernement tchadien afin de parvenir à :
1- La libération immédiate et inconditionnelle des Chefs des partis politiques kidnappés par la Garde présidentielle et détenus illégalement et la cessation de la traque aux leaders d’opinion.
2- La proclamation d’un cessez-le-feu immédiat et sans condition.
3- La mise en place d’un processus de dialogue politique afin de définir des mécanismes consensuels susceptibles de ramener une paix durable et de restaurer l’Etat.
Signataires de l’Accord du 13 août 2007 et convaincus de la justesse de sa logique, les partis politiques membres de la CPDC réitèrent leur engagement à la recherche de la paix durable au Tchad et dans la sous région et réaffirment leur disponibilité à apporter leurs contributions déterminées à tous les efforts nationaux et internationaux pertinents.
Dans l’attente d’une prompte réaction de votre part vu l’urgence de la situation, nous vous prions de croire, Monsieur le Président, à l’assurance de notre déférente considération.
Le Porte parole Adjoint,
HAMIT MAHAMAT DAHALOB