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17 Avril 2008
Au Tchad, depuis quelques années, la géopolitique, s’est imposée comme critère déterminant d’attribution aux postes à responsabilité des cadres dans l’administration publique. Du coup, les compétences et le mérite ont laissé place à l’appartenance communautaire pour postuler ou briguer de hautes fonctions.
Sous le régne d’ Idriss Deby, le repli identitaire s’est érigé comme moyen d’ascension sociale des administrateurs Tchadiens nommés généralement sur des considérations politiques, autres affinités ethniques et régionales.
Cette situation a crée autant de frustrations dans le pays où les personnes issues des minorités sont souvent lésées et ne peuvent accéder aux postes de leurs choix, même si elles regorgent des potentialités intellectuelles.
Pendant longtemps, on a fait inculquer aux Tchadiens faussement à l’idée que si le Président de la République est du nord, son Premier ministre devra être du sud. Cette repartition de fait, des fonctions de responsables dans la gestion des affaires publiques, s’est établie comme un moyen d’équilibre à l’échelle nationale.
Mais, il convient de se rappeler qu’en 2000, un effort encourageant a été franchi avec la nomination de M.Moussa Fakih comme Premier ministre. De même qu’aujourd’hui, celle de M.Youssouf Saleh Abbas, sort du cadre de la géopolitique qui perd du terrain dans la sphère politique tchadienne.
Nul ne peut douter certes des compétences de cet homme et de ses qualités intégres,
mais, force est de constater que nous sommes fortement préoccupés par sa désignation au poste de Premier ministre au moment où tout le monde ne s’y attendait pas.
Toutefois, plusieurs indicateurs fondent nos inquiétudes relatives aux derniers événements
militaires de Ndjaména qui ont été, à notre humble avis, les facteurs déclencheurs ayant obligé
Idriss Deby de recentrer le débat politique dans le Ouaddaï où est originaire, Youssouf Saleh Abbas, et/ où les corégionnaires sont nombreux dans des mouvements armés hostils au régime tchadien.
Selon, plusieurs observateurs, la nomination de M.Youssouf Saleh Abbas répond donc aux vœux d’Idriss Deby de calmer les esprits surchauffés de ses ressortissants suite à la disparition du Dr Ibn Oumar Mahamat Saleh dont le sort n’est toujours pas élucidé.
Néanmoins, pour le nouveau Premier ministre, la tâche s’annoncer ardente et et lourde de responsabilités. Interrogé sur Rfi, il a affirmé, s’investir pour la lumière sur cette affaire du Dr Ibn Oumar Mahamat Saleh qui est une personne qui lui est chère et proche.
C’est à ce niveau où nous pensons aux risques de confrontations entre lui et son promoteur Idriss Deby qui refuse de gré de situer la responsabilité sur le cas du leader de Parti pour la Démocratie et les Libertés (PLD).
Les ressortissants à l’instar des autres communautés tchadiennes martyrisées par le régime d’Idriss Deby vont-ils céder au marchandage politique d’Idriss Deby et sacrifier un des leurs pour un maudit poste à responsabilité qu’est la primature ? Deby cherche-t-il à
encore à diviser le Ouaddaï à des fins politiques ? A toutes ces questions, nous dirons simplement l’avenir nous
dira.
Mais, une chose apparaît évidente, les Tchadiens désabusés, ne peuvent plus être indéfiniment dupés par un seul homme qui les harangue à longueur de
journée et les fait tourner à rond de façon permanente.
Par Makaila Nguebla