7 Octobre 2008
Espérons qu’une fois de plus, l’espoir de nombreuses familles sénégalaises et des africains en général ne s’enrhume dans une opération de zèle dont l’issue est connue d’avance par ceux qui l’initient. Les plus sceptiques que j’ai interrogés me disent sans tergiverser que “c’est du feu de paille tout cela”, “un air du déjà vu” et la réponse la plus anecdotique mais non moins symbolique est ” Croyez-vous que Wade puisse contrarier son chef ?”. Le chef ici est le président français Nicolas Sarkozy.
Cette dernière interrogation porte la marque des stigmates que portent les africains et symbolise les rapports entre l’Afrique francophone et la France tout en exprimant le pessimisme qui habite chaque africain lorsqu’il s’agit de la défense de son droit face à l’empire colonial. Cette remarque interrogative n’a t-elle pas sa justification dans les agissements de certains et plus précisément ceux des dirigeants africains francophones qui continuent en plein 21 siècle à se conduire en bourreaux pour le compte de leurs ventres et des intérêts de l’hexagone ?
La dernière poltronnerie de Idriss Déby dans l’affaire de Zoé reste encore présente dans les mémoires et pousse non pas au pessimisme mais au réalisme affiché par certains sénégalais qui n’attendent rien du procès que leurs autorités ont engagé à l’endroit des autorités françaises dans les incendies meurtriers et lynchages qui ont touché les populations africaines à Paris il y a 3 ans. Car si la France a toujours été frileuse à assumer ses actes (génocide au Cameroun, le massacre de Thiaroye etc…), elle est aidée en cela par ses jokers placés ci et là dans les états francophones en se révélant comme le premier obstacle à la révélation de la vérité. En d’autres termes, Abdoulaye Wade ne sera t-il pas le premier frein à la révélation de la vérité comme Idriss Déby l’a été dans l’affaire de l’arche de Zoé ?
Dans son souci de ne jamais faire face à ses responsabilités dès qu’il s’agit de l’Afrique, la France s’est spécialisée dans la forfanterie et le zèle. Le juge de Evry en lançant un mandat international le 13 septembre dernier contre 9 autorités sénégalaises suite au naufrage du “Joola” a, à l’image du juge Bruguière dans le génocide rwandais, voulu faire la démonstration du mépris que la France affiche à l’endroit de l’Afrique et de l’impunité de ses actes d’une part et d’autre part, comme le rappelle Me Ousmane Sèye, faire du zèle :”d’une preuve de zèle de certains juges français pour se faire sortir de l’anonymat “. Ceci, dit-il ” depuis qu’ils sont, de plus en plus, médiatisés “. Ce que confirment les propos Me El Hadji Diouf: “ … ce juge se croit en territoire conquis “. Puisque, explique-t-il, ” la responsabilité pénale est personnelle et individuelle », avant d’ajouter pour préciser que ” le Sénégal n’a pas de contentieux avec la France, mais avec un “petit juge français ” et que la nouvelle loi sur la compétence universelle va permettre de poursuivre des actes commis sur des Sénégalais, partout ailleurs, dans le monde“. Bonne nouvelle ! Mais quelle est sa résistance face aux coups de boutoir des Idriss Déby, Abdoulaye Wade et consorts ? Le procès qui s’est ouvert au Sénégal aujourd’hui est un test grandeur nature et permettra de savoir si l’exemple du Sénégal fera école.
Toute la peur des familles sénégalaises est de voir le premier des leurs faire son Idriss Déby en empêchant la justice suivre son cours de manière sereine en lui glissant des peaux de banane sur le chemin qui mène à la vérité.