Retour de La Haye et de la Cour pénale internationale (CPI), où, raide comme la justice, le Congolais Jean-Pierre Bemba a comparu pendant
quatre jours, du matin au soir, dans une salle d’audience décorée façon chalet Ikea : les bureaux des avocats et des magistrats, les murs, les portes, tout dans ce bocal (une vitre sépare
la salle du public) est en bois clair. Pour réchauffer le cœur inquiet des bougres accusés de génocide, de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité (les trois champs de compétence de la
Cour) ?
De l’extérieur, la CPI ressemble plutôt à une multinationale (d’ailleurs, c’était autrefois le siège de KPN, un opérateur télécoms) : une dizaine d’étages, une
allure de paquebot, de grandes vitres réfléchissantes pour un soleil trop rare. Autour, du vent, une quatre voies très passante, une gare et, à une centaine de mètres, le tout aussi impersonnel
Mövenpick Hotel (interdit de fumer dans les chambres). Seule touche d’exotisme batave, des vélos qui agressent d’un coup de sonnette le passant ayant osé effleurer la piste cyclable.
On l’aura senti, la CPI est hébergée dans un décor sans âme ni symboles. Mais finalement, quoi de mieux que ce nid anonyme et neutre pour une instance de justice internationale, censée appartenir
à tous les États qui l’ont reconnue, être impartiale, au-delà des intérêts nationaux et de la diplomatie ?
Marianne Meunier
Journaliste à Jeune Afrique depuis novembre 2005.
Elle suit plus particulièrement l’actualité de la
Mauritanie et du Nigeria.