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8 Août 2009
À L’ÉPREUVE DE LA DÉMOCRATIE : ÉCHEC DE LA
TRANSITION DÉMOCRATIQUE
La prise de pouvoir par Deby en décembre 1990 augure une ouverture politique qui a permis la création de plusieurs dizaines de partis politiques et d’associations
de la société civile.
La Conférence nationale souveraine (CNS) a dégagé les grandes lignes de la future Constitution de la République. L’élément majeur, dans le cas du Tchad, est la
limitation du mandat présidentiel à cinq ans, renouvelable une fois, permettant ainsi de rompre avec le pouvoir personnel et les cycles de violence.
Après l’adoption de la Constitution par référendum le 31 mars 1996, le peuple a été sollicité pour des élections présidentielle et législatives. À ce niveau, il faut déjà souligner les fraudes et
les manipulations qui ont permis à Deby d’être proclamé vainqueur à la suite d’un second tour.
Le rôle de la France dans ces fraudes et manipulations a été souligné et condamné par la majeure partie de la classe politique et de la société civile. En effet, un expert français, Jérôme Grand
d’Esnon, proche de Jacques Chirac, a été dépêché pour encadrer le processus électoral . Des doutes planaient déjà sur la volonté de Deby d’instaurer une vraie démocratie au Tchad. Deby a
bénéficié d’une occasion historique et d’un cadre favorable à la stabilisation du pays, mais hélas ! la dérive a commencé très vite : le système de prédation a été préservé, et aucune
démarche de véritable réconciliation n’a été menée au niveau des couches de la population. Bien au contraire, ce sont la cooptation et la répression qui ont prévalu.
On assiste alors à un isolement progressif de Deby du fait des tentatives d’écraser toute opposition politique, entraînant un monolithisme de fait, des errements
sur le plan sous-régional (Congo, RDC, RCA…), enfin le mépris proclamé de plus en plus face aux Tchadiens.
En se mettant au service des aventures militaires de la Françafrique, la manne pétrolière en sus, Deby croyait dompter ceux des Tchadiens qui oseraient suggérer un infléchissement de son pouvoir
vers plus de rationalité et de transparence.
La réédition à plus grande échelle des pratiques frauduleuses en 2001 et 2002 a totalement décrédibilisé le processus électoral, accentué les contradictions et
conduit beaucoup de Tchadiens à ne plus croire en une alternance pacifique. Dans un pays comme le Tchad, où la tradition de conquête de pouvoir par les armes est établie, on a assisté à un
renforcement des mouvements politico-militaires.
La volonté de Deby de se pérenniser au pouvoir par la modification de la Constitution pour lui permettre de se représenter à l’élection présidentielle en 2006 a
sonné le glas de son système, qui a commencé à se craqueler dans le cœur même. C’est ainsi que, depuis 2004, des tentatives de coups d’État, suivies de défections massives au sein de sa garde
présidentielle, l’ont isolé.
Source: Fondation Gabriel Peri