Ahmat Zéïdane Bichara/Regards d'Africains de France
Restera-t-il un territoire uni comme celui que nous
avons actuellement, malgré que le président soit dictateur et surtout incompétent à gérer de façon équitable les affaires de l’État ? Plongera-t-il dans une autre page noire des conflits
civils et militaires comme ceux que le peuple tchadien avait vécus dans les années antérieures ? Qui sera son successeur ? Aurions-nous un dirigeant du même clan que lui ou bien le
pouvoir tombera-t-il dans les mains d’une autre ethnie comme beaucoup espèrent voir aujourd’hui ? Tous les Tchadiens seront-ils toujours d’accord de voir un autre Zaghawa gouverné la nation
sans qu’aucune élection démocratique et libre soit organisée ? Ce qui va probablement se passer si les Tchadiens ne restent pas vigilants. Verrons-nous le Tchad se démembrer en petits États
comme le cas de la Somalie actuel avec un nord musulman et un sud chrétien ?
Le Tchad restera-t-il un état laïc ou bien
deviendra-t-il un état musulman ou chrétien ? Aurions un président neutre qui sera accepté de toutes les populations tchadiennes ? Verrions-nous naitre un État fédéral comme veut Ngarly
Yorongar, le fédéraliste ? Bref, que va-t-il se passer pour le Tchad de demain ? Certes, on peut toujours croire à cette hypothèse que l’avenir d’un pays et d’un peuple est aux mains de
Dieu. C’est un souhait que je soutiens vivement. Je ne présage rien de mauvais pour le Tchad, lorsque les lampes de ce régime actuel s’éteindront. Mais, cela n’empêche personne à se préoccuper de
l’avenir de son pays en posant des questions essentielles. Ne dit-on pas quelque part : « aide-toi et le ciel t’aidera. » Quand on sait bien que chaque Tchadien porte dans son cœur
des grosses boules de colère et haine à l’égard de Dèby et de son clan, y compris tous ceux et celles qui partagent actuellement les jus de toutes les richesses du Tchad. Et tout le monde sait
également quand un pays est brisé par tant d’années de rancunes, de violences, d’injustices, de viols et de détournements de toutes les ressources, d’incapacités notoires dans toute
l’administration et sur l’ensemble du territoire, l’alternance du pouvoir a de la peine à se passer d’une main à une autre sans bain de sang. Sauf, si tous les Tchadiens, y compris ceux de la
diaspora se montrent à la hauteur de toutes les difficultés qu’ils auront à l’avenir en s’armant d’un courage de fer pour oublier en un laps de temps tout ce qu’ils ont vécu comme souffrance et
humiliation pendant le règne de Dèby. Peut-être là, nous verrons naitre une autre nation solide avec un regard neuf et une vision sans haine et sans représailles. À l’issue d’un pardon national à
tous ceux qui ont commis des actes inhumains depuis le régime d’Hissein Habré jusqu’à celui d’Idriss Dèby. Et c’est peut-être, en ce moment là que se déroulera des élections démocratiques sans
bourrage des urnes pour trouver un président qui sera à la mesure de l’étendue du territoire tchadien. Malheureusement un tel bel avenir sera très difficile pour le Tchad de demain.
Des élections libres comme celles qui se sont
déroulées au Sénégal, en France, au Libéria ou au Ghana seront-elles possibles au Tchad ? Dieu, seul sait ? En effet, en lisant les publications quotidiennes en provenance du Tchad sur
le blog de Makaila, on a l’impression que le pouvoir actuel est arrivé à briser les liens normaux qu’entretiennent les frères et sœurs, les amis, les collègues d’un même ministère ou d’une même
institution, les responsables entre eux ou avec leurs agents respectifs. Dèby a injecté dans le cœur de chaque tchadien le poison de la haine et de la division.Tout est basé dans la peur et les
rancunes, courbette, indignité, lâcheté, mesquinerie, petitesse, trivialité, insultes ou naturellement l’envie de nuire à l’autre qui n’est pas de ma famille ou qui ne pense pas comme moi. À
l’égard de celui ou celle qui convoite mon poste de responsabilité ou celui qui est naturellement bien formé et plus diplômé que moi, etc. Pourquoi voyons-nous la responsabilité comme un
but ? N’est-elle pas simplement un moyen d’aider les autres ? Jusqu’à quand vivrons-nous une telle bassesse humaine ? Croyez-vous que c’est avec un tel comportement de peu de foi
qu’une vraie nation se créée et un pays se développe ? Ne pourrions-nous pas chercher un autre modèle de vie pour le Tchad afin que cesse justement ce désordre politique ressemblant à celui
des êtres sauvages d’une forêt équatoriale quelconque ? Pourquoi sommes-nous arrivés à ce niveau ? Pendant que les autres Tchadiens s’entredéchirent et se tuent, son clan ou sa
société à lui se construit en s’armant des méthodes solides. Ils s’enrichissent, se marient, mettent au monde beaucoup d’enfants pour assurer la continuité de leur ethnie.À chacun de faire sa
propre réflexion.