19 Juin 2010
Au Tchad, le prix du sac de 100 kilos de maïs a ainsi doublé pour atteindre 22.000 francs CFA, soit 41 euros. Pareillement, les cours du riz, du sorgho et du millet ont flambé dans toute la région.
Dans les villages des régions les plus affectées, les écoles ferment car les familles émigrent vers les villes, en quête de nourriture. Les cours du bétail plongent parce ce que les éleveurs bradent leurs animaux pour pouvoir acheter de quoi nourrir leur familles.
Les organisations humanitaires ont tiré la sonnette d'alarme il y a déjà plusieurs mois, mais il ne resterait plus désormais que quelques semaines pour éviter une crise alimentaire majeure au Sahel.
Même si l'aide nécessaire parvenait maintenant dans cette ceinture de pays riverains du Sahara, les problèmes logistiques sont tels que des centaines de milliers d'enfants seront de toute façon exposés à une famine fatale, notament au Niger et au Tchad.
"Le problème est que l'on est déjà trop en retard. Si on obtient les fonds aujourd'hui, on ne pourra acheminer les vivres sur place avant deux ou trois mois", souligne Malik Allaouna, directeur des urgences de l'ONG Save the Children pour l'Afrique occidentale et centrale.
C'est le début de la "maigre saison", la bataille annuelle pour survivre après l'épuisement des stocks alimentaires et avant la nouvelle récolte. Depuis des millénaires, tel est le lot de la plupart des humains. Mais aujourd'hui c'est surtout celui de millions d'Africains.
L'absence de pluie l'an dernier dans la bande du Sahel, qui court de la Mauritanie à l'ouest, au Soudan à l'est, pourrait se solder par un catastrophe humanitaire aussi grave qu'en 2005. Les images télévisées des enfants faméliques avaient alors ému le monde, mais trop tard.
Si aucun bilan définitif n'a jamais été avancé, l'Unicef a estimé que, au plus fort de la crise de 2005, plus de trois millions et demi de personnes ont été exposés à la famine ou à la malnutrition, au Niger seulement.
EXODE VERS LES VILLES
Depuis octobre 2009, tout indiquait l'imminence d'une nouvelle crise alimentaire et l'inadéquation de la réponse des organisations humanitaires, malgré l'expérience désastreuse de 2005.
Les pénuries de denrées de base sur les marchés locaux ont entraîné une flambée des prix qui a frappé des millions de foyers sahéliens vivant avec moins d'un dollar par jour.
Au Tchad, le prix du sac de 100 kilos de maïs a ainsi doublé pour atteindre 22.000 francs CFA, soit 41 euros. Pareillement, les cours du riz, du sorgho et du millet ont flambé dans toute la région.
Dans les villages des régions les plus affectées, les écoles ferment car les familles émigrent vers les villes, en quête de nourriture. Les cours du bétail plongent parce ce que les éleveurs bradent leurs animaux pour pouvoir acheter de quoi nourrir leur familles.
Les Nations unies et d'autres organisations évaluent à dix millions le nombre de personnes menacées par la famine, mais la réponse des donateurs, dont beaucoup ont largement mis la main au portefeuille après le séisme de cet année en Haïti, se fait attendre.
Le Bureau des Nations unies pour la coordination des Affaires humanitaires estime que seulement 57% des 191 millions de dollars d'aide d'urgence indispensable pour le Niger étaient couverts à la mi-juin. Pour le Tchad, il manque encore un tiers des 65 millions de dollars réclamés par le Programme alimentaire mondial (Pam).
"On n'a généralement pas assez de fonds pour assurer une distribution des vivres à temps", explique Bruno Jochum, directeur des opérations de Médecins sans frontières (MSF).
VAINCRE LA MALNUTRITION EN DEUX GENERATIONS?
L'Unicef s'attend déjà à soigner 859.000 enfants sahéliens de moins de cinq ans pour malnutrition aiguë, un état où l'enfant risque la maladie ou la mort.
Si la situation au Niger est mauvaise, elle est, pour beaucoup, bien pire au Tchad, où moins d'organisations humanitaires travaillent sur le terrain, et où l'aide d'urgence peut parfois mettre jusqu'à cinq mois à parvenir de Libye, au nord, ou du Cameroun, au sud.
Le directeur des opérations du Pam au Tchad, Jean-Luc Siblot, note que les organisations d'aide ont concentré jusqu'à présent leurs efforts dans la région frontalière du Soudan, dans l'Est, alors que la crise alimentaire est plus sérieuse dans l'Ouest.
La crise de 2005 avait entraîné un engagement à la vigilance concrétisé par la mise sur pied par l'Onu d'un Fonds central de réponse d'urgence doté de 500 millions de dollars. Celui-ci a annoncé mercredi le déblocage d'une aide extraordinaire de 14 millions de dollars pour le Niger.
La mise au point de rations alimentaires d'urgence de 500 calories suscite une confiance croissante dans la capacité du monde à prévenir des famines de masse. Josette Sheerna, directrice exécutive du Pam, a même estimé ce mois-ci que la malnutrition serait vaincue en l'espace de deux générations.
Mais pour Bruno Jochum, de MSF, le système mondial d'assistance ne fonctionne pleinement que s'il est confronté à des "situations critiques" comme celles provoquées par la diffusion d'images télévisées d'enfants nigériens mourant de faim.
"C'est cela qui provoque la plupart des interventions", déplore-t-il.
(Avec Abdoulaye Massalatchi à Niamey; Moumine Ngarmbassa à N'Djamena et Laurent Prieur à Nouakchott; Marc Delteil pour le service français, édité par Jean-Philippe Lefief)
Au Tchad, le prix du sac de 100 kilos de maïs a ainsi doublé pour atteindre 22.000 francs CFA, soit 41 euros. Pareillement, les cours du riz, du sorgho et du millet ont flambé dans toute la région.
Dans les villages des régions les plus affectées, les écoles ferment car les familles émigrent vers les villes, en quête de nourriture. Les cours du bétail plongent parce ce que les éleveurs bradent leurs animaux pour pouvoir acheter de quoi nourrir leur familles.