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Makaila, plume combattante et indépendante

Makaila.fr est un site d’informations indépendant et d’actualités sur le Tchad, l’Afrique et le Monde. Il traite des sujets variés entre autres: la politique, les droits humains, les libertés, le social, l’économique,la culture etc.

Faisons un effort pour réunir Deby et Béchir à l’endroit qu’ils méritent !

deby2-ad5f8Le Président de l’ANR, Mahamat Abbo Sileck a déposé une plainte contre le Président du Soudan, Salah Gosh, le Chef des Services Secrets de l’époque, Mahamat Nour Abdelkerim, Abdoulaye, Mustapha et quelques autres pour tortures et actes de barbarie devant les tribunaux français.


Il faut du courage pour s’attaquer à un Président en exercice. Mais il faut aussi avoir une solide expertise juridique. Plusieurs ONG, pourtant dirigées par des avocats de renom n’y sont pas arrivées, on s’en est aperçu par exemple dans l’affaire des biens mal acquis ou les plaintes contre Sassou, Obiang et Bongo n’ont pas été examinées par la justice française.

Or, depuis quelques jours, la doyenne des juges d’instruction a jugé le dossier de l’ANR suffisamment sérieux pour désigner un juge d’instruction et affecter une brigade de gendarmerie à la recherche des accusés.


Cette juge, car il s’agit d’une femme, nous la désignerons sous le nom de Mme C. afin de préserver son anonymat, s’est immédiatement mise au travail avec ardeur.

Les accusés ont été identifiés, leurs photos sont disponibles dans les lieux appropriés et on leur mettra la main au collet si on les attrape ou s’il leur vient l’étrange idée de voyager en France. C’est une bonne chose car de nombreux Tchadiens ont été abusés par les agissements douteux de certains des accusés.


On se souvient que Sileck avait aussi déposé une plainte auprès de la CPI à l’encontre des mêmes personnes. Cette plainte dûment enregistrée par la Haute Cour se trouve, ipso facto, singulièrement renforcée par la décision de la justice française. De nombreuses ONG ont fait de leur volonté de s’associer à cette plainte. Elles souhaitent que les nombreux prisonniers détenus sans preuves par les Soudanais ( dont une partie n’ont fait que critiquer les opposants/businessmen) soient libérés. Surtoutles ONG veulent que les horreurs perpétrées dans la région soient punies. Du reste la diplomatie française a été mise à contribution pour que la CPI fasse diligence et ouvre rapidement droit aux demandes du plaignant, le sieur Mahamat Abbo Sileck.


Tout cela se met en action parce qu’un homme seul se dresse contre le Président Soudanais dont les services sont au premier chef responsables des échecs répétés de la rébellion tchadienne. A chaque fois les Services Soudanais éliminent les opposants tchadiens qui sont capables et honnêtes. En revanche, ils imposent aux rebelles des chefs corrompus et incompétents avec  qui ils se partagent des centaines de millions de dollars.


Une telle attitude est non seulement moralement condamnable mais elle aboutit à maintenir le monstre Deby au pouvoir. Deby est le massacreur et le pilleur du Tchad, mais c’est aussi le pire ennemi du Soudan. Il veut la création d’un Etat zaghawa transfrontalier et il sert ainsi, avec voracité, la volonté occidentale de démembrement du Soudan.

Par cupidité, par bêtise, par paresse intellectuelle, les Soudanais mènent une politique suicidaire. Après tout, c’est leur droit mais on est pas obligé de l’accepter quand ça nous affecte. L’ANR n’a rien contre le peuple soudanais, peuple ami et peuple frère. Mais l’ANR combat une politique désastreuse qui se fait au détriment du Tchad et va à l’encontre des intérêts soudanais.

Voila pourquoi nous nous opposons à ceux qui mènent cette politique funeste.


Cependant cela ne nous empêche nullement de combattre Deby. Nous n’aimons pas l’idée de lancer une guerre frontale contre le monstre. Nous répugnons à faire couler le sang tchadien et nous préférons les actions ciblées. En 2008 nous avons failli capturer Deby et il n’a du son salut qu’au sacrifice de ses gardes du corps et notamment de son aide de camp. Nous l’avions publié et, bien entendu, cela a été passé sous silence. Mais cet incident est bien la preuve qu’on peut atteindre le tyran à moindre coup.


Il existe une autre façon de le punir, il faut l’amener devant les tribunaux. Depuis des années, La Commission de l’ANR sur les tortures et les actes de guerre, travaille avec sérieux.            Les témoignages sont difficiles à obtenir car Deby et la France à fric ( voir l’affaire Ibni) font bloc, détruisent les preuves, menacent les familles, etc…


Toutefois nous fournissons avec patience documents et preuves à qui de droit. Le moment viendra ou l’ANR possédera suffisamment d’éléments pour faire inculper le monstre.

C’est d’ailleurs le message que nous souhaitons faire passer à tous : Il existe mille moyens de combattre efficacement Deby. Chacun doit utiliser tous les moyens, même modestes dont il dispose, pour lutter à tout moment contre le tyran et nous finirons par l’abattre.

Il faut constamment garder courage et se battre avec l’ANR, le parti du renouveau !

 

anr.tchad@gmail.com

 

Faisons un effort pour réunir Deby et Béchir à l’endroit qu’ils méritent !

 

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<br /> Que fait la France en Afrique ?<br /> La Françafrique, ou la face cachée de la politique française en Afrique<br /> <br /> Guerres civiles, dictatures, pauvreté, analphabétisme, malnutrition... La situation catastrophique de l'Afrique francophone soulève de nombreuses questions. Pourquoi tant de misère dans des pays si<br /> riches en matières premières ? A qui profite l'argent du pétrole, de l'uranium, du bois, des minerais ? Comment expliquer la présence permanente de l'Armée française dans ses anciennes colonies ?<br /> Pour quelles raisons le gouvernement français reçoit-il, avec tous les honneurs de la République, des dirigeants africains parvenus au pouvoir par des coups d'Etat ou des élections truquées ?<br /> <br /> <br />
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A
<br /> L'Afrique est-elle si importante pour la France ?<br /> La France, économiquement, n'a pas besoin de l'Afrique.<br /> Nicolas Sarkozy en visite au Mali, Le Figaro, 19 mai 2006<br /> L'Afrique francophone est d'une importance majeure pour les entreprises<br /> françaises. En 2003, le solde (bénéfices) du commerce extérieur de la France en<br /> Afrique était de 3,2 milliards d'euros, soit l'équivalent du solde avec l'Europe. En<br /> 2002, le nombre de filiales d'entreprises françaises en Afrique s'élevait à 2637, en<br /> hausse de 13% par rapport à l'année précédente. Au Congo Brazzaville et au<br /> Gabon, le pétrole enrichit TotalFinaElf, qui affichait, en 2005, un bénéfice record de<br /> 12 milliards d'euros. Au Cameroun, au Congo Brazzaville et au Gabon, le bois fait<br /> la fortune de Bolloré (1 milliard de chiffres d'affaires en 2004) et de Rougier.<br /> Meubles en Okoumé, planchers en Azobé, escaliers et portes en Sapelli ou Moabi,<br /> toutes ces essences menacées de disparition sont largement utilisées en France,<br /> premier importateur européen de bois africain. Au Mali, l'or est une manne pour la<br /> Somadex, une filiale de Bouygues*. Au Niger, l'uranium est exploité par la Cogema,<br /> assurant plus de 50% de l'approvisionnement des centrales françaises. Nous<br /> pourrions encore citer le commerce du diamant en Centrafrique, du gaz en<br /> Algérie**, des phosphates au Togo et au Maroc. Mais également les produits<br /> agricoles (café, ananas, cacao, arachide, canne à sucre...) et les services (transport,<br /> eau, BTP, télécoms...). En 2004, Bouygues a réalisé 1,2 milliards de chiffres<br /> d'affaires en Afrique. Enfin, le commerce des armes est très lucratif. Entre 1996 et<br /> 2003, les exportations d'armes de la France en Afrique ont représenté 30 milliards<br /> d'euros (Dassault, Lagardère...).<br /> Solde extérieur de la France par zone géographique, en milliards d'euros<br /> source :<br /> Ministère des<br /> Finances et de<br /> l'Industrie<br /> * cf. documentaire Le prix de l'or, Camille de Vitry, 94mn, 2004.<br /> ** cf. La Françalgérie, Lounis Aggoun, Jean-Baptiste Rivoire, La découverte, 2004.<br /> 21<br /> Afrique Asie<br /> Proche-<br /> Moyen-<br /> Orient<br /> Europe Amérique<br /> 2002<br /> 2003 2005<br /> 2004<br /> 10<br /> - 10<br /> 5<br /> 0<br /> - 5<br /> - 25<br /> - 20<br /> - 15<br /> 4. L'association Survie a-t-elle été attaquée en Justice ?<br /> À deux reprises (sans compter des procédures accessoires), son président<br /> François-Xavier Verschave a été traîné devant un tribunal :<br /> Attaque en diffamation par Charles Pasqua. En 1999, le Tribunal de<br /> Grande Instance de Paris a condamné François-Xavier Verschave pour<br /> diffamation envers l’ancien ministre de l’Intérieur Charles Pasqua. Celui-ci<br /> demandait 5 millions de francs de dommages et intérêts. Il a obtenu 1 franc.<br /> Sur treize passages de l’ouvrage La Françafrique qui accusaient gravement son<br /> action en Afrique, Charles Pasqua n’en a attaqué qu’un seul, composé de deux<br /> phrases. Pour le Tribunal, « il était parfaitement légitime pour Monsieur<br /> Verschave, président de l’Association Survie, d’attirer l’attention du lecteur sur<br /> les effets de la politique française en Afrique et de faire connaître sa thèse selon<br /> laquelle le gouvernement français a soutenu des gouvernements africains<br /> inspirateurs et auteurs de génocides. L’ensemble des pièces produites et des<br /> témoignages recueillis démontrent que Monsieur Verschave a procédé à une<br /> enquête particulièrement sérieuse et possède une connaissance très approfondie<br /> des problèmes africains et des relations franco-africaines ». Mais « il a manqué à<br /> son obligation de prudence » en personnalisant « la responsabilité politique de la<br /> France et présentant Monsieur Pasqua, ministre de l’Intérieur, comme complice<br /> des crimes les plus abominables ». Le Tribunal estime cependant que « le rôle<br /> en Afrique de Monsieur Pasqua et de ses “réseaux” est manifeste ».<br /> Attaque pour ''offense à chef d’État''. En 2001, François-Xavier Verschave a<br /> été accusé « d’offense à chef d’État » par trois ''présidents'' africains pour son<br /> ouvrage Noir Silence. Ce chef d'accusation, vestige de la cinquième République<br /> interdit quiconque de porter atteinte à l’image d’un chef d’État. Plusieurs jours<br /> d’un procès incroyable, où se sont multipliés témoignages et argumentations<br /> accablantes pour les trois chefs d’État en question, ont abouti à la relaxe de<br /> F.X. Verschave par le Tribunal de grande instance de Paris (relaxe confirmée en<br /> appel). Ce procès spectaculaire a été intégralement retranscrit dans l’ouvrage<br /> Noir procès (voir bibliographie). Ce procès, qui aurait pu signifier la disparition<br /> de SURVIE, a au contraire renforcé sa notoriété et la crédibilité de ses<br /> affirmations.<br /> Les deux procès intentés à l'association Survie, évidemment occultés par les<br /> médias, ont été exemplaires, par l'argumentaire développé, au point de surprendre<br /> l’accusation. Mais l’auteur de Noir silence a eu également à subir plusieurs procès<br /> annexes, de la part du personnage-clef de l’Angolagate, Arcadi Gaydamak, ou de<br /> l’ancien numéro 2 de la DGSE, Pierre Lethier. Ceux-ci ont eu gain de cause, bien<br /> qu’ils admettent les gains colossaux de leur fonction d’“intermédiaire” et qu’ils aient<br /> tous deux fui les mandats d’arrêt de la justice française.<br /> 22<br /> Si la Françafrique est si puissante, pourquoi ne contrôle-t-elle pas la Justice<br /> française ? Il n’y a pas une justice mais plusieurs justices, selon les enjeux<br /> médiatiques, les complicités et les réseaux de corruption. Bien que les réseaux de<br /> manipulation soient extrêmement puissants, toutes les institutions françaises ne<br /> sont pas intégralement manipulées et contrôlées. Il n’y a pas ''une tête pensante<br /> qui contrôle tout'' mais plutôt des ''essaims dans la confiture''.<br /> L’affaire Elf est à ce sujet révélatrice. Les juges Eva Joly et Laurence Vichnievsky<br /> ont subi des menaces de mort et des pressions pour avoir mis à jour des<br /> complicités dans toutes les institutions françaises, de la police aux médias.*<br /> Néanmoins, elles ont aussi bénéficié de soutiens et de protections. L’instruction a<br /> été menée à son terme, même si les conclusions du procès témoignent d’une<br /> volonté d’étouffement de l’affaire. Là réside un espoir de changement : la<br /> ''République souterraine'', dont les réseaux françafricains sont un des pivots, ne<br /> contrôle pas encore en permanence l’ensemble de la chaîne judiciaire et policière.<br /> Ceci étant dit, vu le manque d'indépendance structurel de la Justice française**, et<br /> depuis que l'Etat UMP monopolise le pouvoir, des juges placés à des postes<br /> stratégiques peuvent aisément bloquer les affaires délicates.<br /> * cf. Est-ce dans ce monde-là que nous voulons vivre ?, Eva Joly, Les arènes, 2003.<br /> ** Sur le fonctionnement de la Justice française, cf. brochure Sommes-nous en démocratie ? Les rens. généreux.<br /> 23<br /> 5. L'Afrique n'est-elle pas culturellement rétive à la démocratie ?<br /> Si six millions d'Israëliens pouvaient, par un échange standard démographique, prendre<br /> la place des Tchadiens à peine plus nombreux, le Tibesti fleurirait et une Mésopopotamie<br /> africaine naîtrait sur les terres fertiles entrer Logone et le Chari. Qu'est-ce à dire ? Que<br /> les Africains sont des incapables pauvres d'esprit, des êtres inférieurs ? Sûrement pas.<br /> Seulement leur civilisation matérielle, leur organisation sociale et leur culture politique<br /> constituent des freins au développement.<br /> Stephen Smith, Négrologie, Hachette, 2004*<br /> « Dans l’imaginaire occidental, l’Afrique reste un vaste cliché** : savanespleines-<br /> d’animaux-sauvages, folklores exotiques… Il n’y a pas jusqu’aux épidémies<br /> et famines chroniques, jusqu’aux guerres tribales, ethniques ou claniques et aux<br /> dictatures sanguinaires qui ne soient systématiquement convoquées au grand<br /> carnaval des idées reçues. L’Afrique serait rétive à la «démocratie», incapable de se<br /> «développer»... Entendons-nous bien : il ne s’agit pas ici de nier l’existence de<br /> famines ou de dictatures, bien réelles hélas, mais de critiquer le caractère de<br /> fatalité africaine qu’on leur prête volontiers en Occident.<br /> Le premier stéréotype dont pâtissent les populations des pays africains est ce<br /> «l’Afrique» qui gomme la diversité des réalités politiques et économiques et renvoie<br /> chaque pays au seul contour géographique d’un continent : il fonctionne de la<br /> même manière que les discours biologisants qui figent les individus dans une<br /> nature ou une tradition indépassables. Il suffit de parcourir les dépliants des<br /> agences de voyages pour comprendre qu’aller «là-bas», c’est encore, sinon apporter<br /> la civilisation, du moins se conforter dans la croyance que l’Occident est l'unique<br /> civilisation, celle vers laquelle tous les pays devraient avancer.<br /> Cette vision occidentale de «l’Afrique» est directement issue du racisme colonial. Les<br /> discours ont simplement été remis au goût du jour : les individus sont moins<br /> donnés comme les représentants d’une race différente («les Noirs») que d’une<br /> culture différente («les Africains»). Les discours culturalistes (cf. citation de S.Smith<br /> citée plus haut) se surimposent aujourd’hui aux<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Je sais que ce long mais il faut le lire...Makaila il faut essayer de le ranger et publier comme ça les gens vont mieux lire.<br /> <br /> <br /> <br /> Les réseaux de la Françafrique constituent en effet les meilleurs systèmes de<br /> prédation des richesses africaines. Ils permettent d’effectuer tout type de montages<br /> politico-financiers :<br /> - un ministre de l’Intérieur incite ses services secrets à attiser une guerre civile<br /> dans un pays d’Afrique et faire en sorte que les deux factions ennemies<br /> s’approvisionnent en armes auprès d’une entreprise créée par des proches de<br /> ce même ministre de l’Intérieur.<br /> - un homme politique proche du Ministère des affaires étrangères s'arrange pour<br /> débloquer une partie de l’aide publique au développement vers un pays<br /> d’Afrique. Le chef d’État africain ''remerciera'' son bienfaiteur par un virement<br /> sur un compte en Suisse.<br /> - un ministre fait en sorte de confier un grand ''projet de développement''<br /> (barrage, pipe-line, etc.) à une grande multinationale française qui ''remerciera''<br /> le décideur par quelques virements bancaires au profit d'un parti politique.<br /> - un président de Conseil Général confie tous les projets de ''coopération<br /> décentralisée'' de son département à une entreprise d’un de ses amis. Celui-ci<br /> surfacturera les constructions et enverra un certain pourcentage sur le compte<br /> du président dans un paradis fiscal.<br /> L'exemple de l'Angolagate est significatif. Lors de cette affaire de vente d'armes au<br /> gouvernement angolais, de nombreuses personnalités françaises ont touché des<br /> commissions, légales ou non. Cette vente a été pilotée par un intermédiaire francocanadien,<br /> Pierre Falcone, et un homme d'affaires franco-israélo-canado-angolais<br /> d'origine soviétique, Arcadi Gaydamak, proche des services de renseignement<br /> russes et de certains oligarques russes. La banque Paribas (aujourd'hui BNPParibas)<br /> est impliquée. Parmi les personnalités soupçonnées d'avoir reçues des<br /> commissions, citons Jean-Christophe Mitterrand, Paul-Loup Sulitzer, Jacques<br /> Attali. Incarcéré de 2000 à 2001, Pierre Falcone a finalement été nommé par le<br /> gouvernement angolais ambassadeur de ce pays à l’Unesco en 2003, ce qui lui<br /> assure une immunité diplomatique. Arcadi Gaydamak est en fuite en Israël mais<br /> reste toujours actif. En mars 2006, il songeait à racheter le journal France-Soir,<br /> moribond, par le biais de son groupe de presse Moscow News. En décembre 2000,<br /> Jean-Christophe Mitterrand sera écroué pour « complicité de trafic d'armes, trafic<br /> d'influence par une personne investie d'une mission de service public, recel d'abus<br /> de biens sociaux, recel d'abus de confiance et trafic d'influence aggravé ». Il sera<br /> libéré le 11 janvier 2001 après avoir accepté le versement d'une caution de 5<br /> millions de francs, réunie par sa mère Danielle Mitterrand.*<br /> Vous trouverez dans les ouvrages cités en bibliographie de nombreux exemples<br /> concrets illustrant ce type de montage. La Françafrique désigne tout ce système de<br /> connivences entre des potentats africains installés ou protégés par Paris, et leurs<br /> parrains français, politiques, militaires et financiers.<br /> * cf. Les affaires sous la guerre, Global Witness, Agone, 2003.<br /> 11<br /> L'essoreuse de richesses africaines<br /> 12<br /> régimes néo-coloniaux<br /> parrains politiques<br /> occidentaux<br /> grandes banques<br /> réseaux mafieux<br /> transnationaux<br /> services<br /> secrets<br /> Paradis<br /> fiscaux<br /> vendeurs d'armes<br /> multinationales<br /> du pétrole, du bois...<br /> courtiers<br /> courtiers trafiquants<br /> traders traders<br /> trafiquants<br /> Illustration : le ''réseau Pasqua''<br /> Omniprésent dans les ouvrages consacrés à la Françafrique, le ''réseau Pasqua'' était considéré dans les<br /> années 80 comme l'un des plus puissants réseaux d'influence de la Vème République française.<br /> Activiste du parti gaulliste, le RPF, puis du RPR, Charles Pasqua était un proche de Jacques Foccart,<br /> avec qui il fonda le tristement célèbre Service d'Action Civique.* Ministre de l'intérieur de 1986 à 1988,<br /> puis de 1993 à 1995, il a contribué a créer la SOFREMI, Société française d’exportation du ministère de<br /> l’Intérieur, dont les actionnaires étaient l’État, Thomson et Alcatel. La SOFREMI était spécialisée dans les<br /> ventes d'armes et fut impliquée dans l'Angolagate via l'un de ses intermédiaires Pierre Falcone. Le fils<br /> de Charles Pasqua, Pierre-Philippe Pasqua, était lui-même spécialisé dans les vente d'armes, via la<br /> société CECRI.<br /> Le ''réseau Pasqua'' était actif au sein de l'entreprise Elf, via Alfred Sirven, proche des services secrets,<br /> ou encore André Tarallo, tous deux mis en cause dans l'affaire Elf et accusés d'avoir détourné des<br /> centaines de millions de francs. Citons le rapport de la mission d'information parlementaire pétrole et<br /> éthique, qui en 1999 précisait que « les réseaux de M. Charles Pasqua restent très actifs et intéressent<br /> fortement les gouvernements africains [...] Les corses sont très présents dans la police, l'armée, la<br /> criminalité organisée, le personnel politique. Ils étaient représentés par André Tarallo dans le domaine du<br /> pétrole et par M. Bernard Dominici au ministère des Affaires étrangères. »<br /> Charles Pasqua était un intime des frères Feliciaggi, hommes d’affaires corses spécialisés dans les<br /> loteries et casinos, en France comme en Afrique. Robert Feliciaggi est notamment impliqué dans l'affaire<br /> du casino d'Annemasse : il aurait financé la campagne européenne de Charles Pasqua en échange d'une<br /> autorisation d'implanter ce casino. Les frères Feliciaggi étaient eux-mêmes en relation étroite avec<br /> Nadhmi Auchi, banquier pionnier de l’interconnexion des paradis fiscaux, ancien actionnaire n°1 de la<br /> BNP Paribas et n°5 d’Elf, principal actionnaire de la Banque continentale du Luxembourg, réputée pour<br /> ses opérations de blanchiment, qui est aussi la banque du Hutu Power, le parti génocidaire rwandais.<br /> Président du Conseil Général des Hauts de Seine pendant presque 20 ans, Charles Pasqua avait<br /> constitué, avec Elf, Bouygues, la Générale des Eaux et la Lyonnaise des Eaux, une Société d’Economie<br /> Mixte baptisée Coopération 92. Au titre de la coopération décentralisée, cette société recevait 1% du<br /> budget départemental, soit 70 millions de francs par an, pour des destinations troubles. Enfin, Charles<br /> Pasqua avait tissé de nombreuses relations avec les potentats africains. Dans Le Monde du 4 mars 1995,<br /> il déclarait : « Je suis copain avec tous les chefs d’Etat africains. J’ai avec eux des relations directes. ».<br /> Charles Pasqua a enfin contribué à la carrière politique de Nicolas Sarkozy, devenu lui aussi président<br /> du conseil général des Hauts de Seine, puis Ministre de l'intérieur.**<br /> * service d'ordre du parti gaulliste, cf. Histoire du S.A.C., la part d’ombre du gaullisme, François Audigier, Stock, 2003.<br /> ** sur les relations Pasqua/Sarkozy, cf. Nicolas Sarkozy ou le destin de Brutus, Victor Noir, Denoel, 2005.<br /> 13<br /> Schéma simplifié du ''réseau Pasqua''<br /> Ce schéma a été réalisé à partir de plusieurs ouvrages de François-Xavier Verschave. Il donne un aperçu<br /> de ce que peut être un réseau françafricain : une chaîne de relation liant le milieu politique, l'État, les<br /> services secrets, des trafiquants d'armes, des multinationales du pétrole et du BTP, l'armée, des<br /> banques, et même une association humanitaire. Attention, précisons que le ''réseau Pasqua'' n'est pas<br /> baptisé ainsi parce que Charles Pasqua serait son ''Grand Manitou'', mais parce que tous les<br /> protagonistes présentés dans ce schéma sont plus ou moins liés avec lui. Il s'agit de ''petits bouts<br /> d’iceberg'' mis en lumière suite aux affaires Elf, Angolagate, Falcone, office des HLM d'île-de-France, etc.<br /> 14<br /> VENTE D'ARMES<br /> SOFREMI (Pierre Falcone),<br /> CECRI (Pierre-Philippe<br /> Pasqua), THOMSON<br /> (Marchiani, Leandri)<br /> MILIEU POLITIQUE<br /> RPF (1947, Foccart),<br /> RPR (1974, Tiberi, Chirac),<br /> RPF (1998, Marchiani)<br /> SERVICES SPECIAUX<br /> Vice président du SAC<br /> (dirigé par Foccart)<br /> MAFIA ?<br /> Jean Venturi (mafia, drogue),<br /> Etienne Leandri (gestapo,<br /> mafia, drogue, CIA, SAC)<br /> MERCENARIAT<br /> Paul Barril<br /> SERVICES SECRETS<br /> SCTIP, DST, SDECE<br /> ARMEE<br /> Colonel Mantion<br /> CHARLES PASQUA<br /> ÉTAT<br /> Ministre de l'Intérieur<br /> 1986-1988<br /> 1993-1995<br /> Président du Conseil<br /> Général des Hauts de<br /> Seine (siège d'Elf)<br /> 1973-1976<br /> 1988-2004<br /> Député européen<br /> 1999-2004<br /> PETROLE (ELF)<br /> Alfred Sirven, André<br /> Tarallo, Toussaint Luciani<br /> BTP<br /> Vivendi (JM Oury), Dumez<br /> (Leandri), Bouygues<br /> DEVELOPPEMENT<br /> COOP 92<br /> (avec Elf, Lyonnaise et<br /> Générale des Eaux)<br /> BANQUES<br /> Nadhmi Auchi<br /> (actionnaire n°1 de BNP<br /> Paribas, n°5 d'Elf),<br /> FIBA (Elf)<br /> BLANCHIMENT ?<br /> Frères Felliciaggi<br /> (loteries, casinos)<br /> CHEFS D'ÉTATS AFRICAINS<br /> Eyadema (Togo),<br /> Bongo( Gabon),<br /> N'Guesso (Congo B)...<br /> III Le bilan de la Françafrique<br /> Je suis fier de l'oeuvre coloniale de la France. Il n'y a que les intello-gaucho-masochistes<br /> pour critiquer cela. C'est pourtant une image superbe de la France.<br /> Jacques Chirac, Libération, 12/03/1988<br /> Quaran<br /> <br /> <br />
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A
<br /> QUE FAIT LA FRANCE<br /> EN AFRIQUE ?<br /> La Françafrique, ou la face cachée<br /> de la politique française en Afrique<br /> Les renseignements généreux – mars 2008<br /> Pourquoi cette brochure ?<br /> De même que les États-Unis ont leur arrière-cour en Amérique latine, la France a<br /> besoin d’avoir son arrière-cour en Afrique.<br /> Georges Serre, conseiller d’Hubert Védrine, Ministre des affaires étangères, 1998<br /> Guerres civiles, dictatures, pauvreté, analphabétisme, malnutrition... La<br /> situation catastrophique de l'Afrique francophone soulève de nombreuses<br /> questions. Pourquoi tant de misère dans des pays si riches en matières premières ?<br /> A qui profite l'argent du pétrole, de l'uranium, du diamant, du bois, des minerais ?<br /> Comment expliquer la présence permanente de l'armée française dans ses<br /> anciennes colonies ? Pour quelles raisons le gouvernement français reçoit-il<br /> régulièrement, avec tous les honneurs de la République, des dirigeants africains<br /> parvenus au pouvoir par des coups d'Etat ou des élections truquées ?<br /> En 1998, François-Xavier Verschave, alors président de l'association Survie*, publie<br /> La Françafrique, le plus long scandale de la République. Cette enquête dévoile la<br /> face cachée des relations franco-africaines : la confiscation des indépendances, le<br /> pillage des matières premières, le soutien de dictatures, la complicité de génocide<br /> au Rwanda. Cette analyse sera progressivement étayée par une dizaine d'ouvrages<br /> dont Noir Silence (2000), L'envers de la dette (2001), Négrophobie (2005), etc.<br /> Cette brochure s’adresse à celles et ceux qui n’ont jamais entendu parler de la<br /> Françafrique, ou connaissent bien cette expression mais cherchent à synthétiser<br /> leurs idées. L'exercice est périlleux : comment résumer plusieurs dizaines de<br /> milliers de pages d'enquête ? Cet exposé est forcément caricatural et incomplet.<br /> Mais nous espérons qu'il fournit des repères et l'envie d'en savoir davantage.<br /> Fructueuse lecture.<br /> PLAN<br /> I La confiscation des indépendances page 3<br /> II De la Raison d'État à la Mafiafrique page 8<br /> III Le bilan de la Françafrique page 15<br /> IV Questions - réponses page 18<br /> * cf. post scriptum page 30.<br /> 2<br /> I La confiscation des indépendances<br /> Certes, au temps où la colonisation était la seule voie qui permit de pénétrer des peuples<br /> repliés dans leur sommeil, nous fûmes des colonisateurs, parfois impérieux et rudes. Mais<br /> au total, ce que nous avons, en tant que tels, accompli laisse un solde largement positif aux<br /> nations où nous l'avons fait.<br /> général De Gaulle, président de la république française, 31 janvier 1964<br /> Pour mettre à jour les mécanismes de la Françafrique, il nous faut<br /> remonter aux origines de la décolonisation. Dès la fin de la seconde guerre<br /> mondiale, l'Etat français se confronte aux désirs d’émancipation de la plupart de<br /> ses colonies (Indochine, Algérie, Cameroun...). Lorsque le général De Gaulle prend<br /> le pouvoir en 1958, l'opinion publique est de plus en plus favorable à la<br /> décolonisation, tout comme les États-Unis et l'URSS qui espèrent rallier à leur<br /> panache les peuples décolonisés*. Cependant, De Gaulle ne souhaite pas<br /> l’indépendance de l’empire colonial français, et ce pour au moins trois raisons :<br /> - une raison économique : l'Afrique permet à la France d'accéder aux matières<br /> premières stratégiques comme l’uranium ou le pétrole. Elle est également<br /> source de profits pour les sociétés coloniales (cacao, bananes, bois, café, etc.).<br /> - une raison politique : en pleine période de “Guerre froide”, la France, alliée<br /> du camp occidental, souhaite éviter la propagation du communisme dans ses<br /> colonies.<br /> - une raison inavouable : le détournement des rentes africaines finance le<br /> mouvement gaulliste, via des circuits qui irrigueront par la suite les autres<br /> partis de gouvernement.<br /> Politiquement acculé, le président De Gaulle enclenche finalement le processus de<br /> décolonisation dans les années 60.** Mais tout en proclamant ce nouvel état des<br /> relations internationales, il charge son bras droit Jacques Foccart de maintenir les<br /> pays d’Afrique francophone sous la tutelle française par un ensemble de moyens<br /> illégaux et occultes.<br /> * Pour plus de détails sur les ambitions des deux super-puissances à cette époque, cf. L'an 501, la conquête continue,<br /> Noam Chomsky, Écosociété, 1995 ; Une histoire populaire des Etats-Unis, Howard Zinn, Agone, 2002.<br /> ** Hormis pour ce qu'on appellera plus tard les Territoires d'outre-mer, comme la Nouvelle-Calédonie, ainsi que quelques<br /> points d'appui stratégiques comme les Comores et Djibouti.<br /> 3<br /> Jacques Foccart est à l'époque un personnage très puissant : secrétaire général de<br /> l'Élysée, il dirige la plupart des services secrets*, supervise les nominations aux<br /> principaux postes du parti gaulliste et de l’État, pourvoit enfin aux finances du<br /> gaullisme. Il va brillamment orchestrer cette mission de confiscation des<br /> indépendances.<br /> Sa principale stratégie sera la mise en place de dirigeants africains favorables à la<br /> France par l’élimination physique des leaders et mouvements indépendantistes. La<br /> guerre contre les indépendantistes camerounais (1957-1970) fut la plus violente,<br /> avec des méthodes dignes de la guerre du Vietnam : des centaines de milliers de<br /> victimes, l'assasinat des leaders Ruben Um Nyobé en 1958, Félix Moumié en 1960,<br /> Ouandié en 1970. Cette guerre servit de leçon à tous ceux qui pouvaient avoir des<br /> velléités de résistance. Citons également l'assassinat du président indépendantiste<br /> togolais Sylvanus Olympio en 1963, sous la supervision des services français.<br /> L'assassin, Etienne Eyadéma, s'installa ensuite plus de 40 ans au pouvoir et devint<br /> « l'ami personnel » du président Jacques Chirac. Son fils Faure Gnassingbé lui a<br /> succédé en 2005 par le biais d'élections frauduleuses et d'une sanglante répression<br /> des opposants.** Bon nombre des chefs d’État choisis par Foccart ont été formés<br /> dans les écoles militaires françaises. Certains appartenaient aux services secrets<br /> français, comme Omar Bongo, actuel président du Gabon, ceci depuis... 1967 !<br /> Des accords sont ensuite passés avec les dirigeants de ces pays officiellement<br /> décolonisés. Depuis plus de quarante ans, les pays francophones situés au sud du<br /> Sahara vivent avec des accords de coopération, notamment monétaires et<br /> militaires, conçus comme si ces états ne devaient jamais devenir indépendants.<br /> Citons l'Accord de défense du 24 avril 1961 entre la France, la Côte d'Ivoire et le<br /> Niger concernant les « matières premières et produits stratégiques » (hydrocarbures,<br /> uranium, lithium...). Cet accord stipule que ces pays, « pour les besoins de la<br /> défense, réservent par priorité leur vente à la République française après satisfaction<br /> des besoins de leur consommation intérieure, et s'approvisionnent par priorité auprès<br /> d'elle » et « lorsque les intérêts de la défense l'exigent, elles limitent ou interdisent<br /> leur exportation à destination d'autres pays ». Certains accords peuvent comporter<br /> des clauses non publiées au Journal Officiel*** et ignorées du Parlement français.<br /> Par exemple, le Journal Officiel du 21 novembre 1960 précise que « la République<br /> gabonaise a la responsabilité de sa défense intérieure, mais elle peut demander à la<br /> République française une aide dans les conditions définies par les accords<br /> spéciaux. »<br /> * Petite anecdote : en 1969, Le Canard enchaîné dévoilait l'existence d'un dispositif permettant à Jacques Foccart<br /> d'enregistrer les conversations du palais de l'Elysée. L'affaire fut connue sous le nom de ''commode à Foccart''... Notons<br /> que Jacques Foccart publia ses sulfureuses mémoires politiques deux ans avant sa mort (Foccart parle, Fayard, 1995).<br /> ** cf. Le choix volé des Togolais, L'Harmattan, 2005 ; Le Togo : de l’esclavage au libéralisme mafieux, Gilles Labarthe,<br /> Agone, 2005. En septembre 2006, Faure Gnassingbé a été reçu en France, avec tous les honneurs de la République.<br /> *** Le Journal officiel est le quotidien édité par l'État français dans lequel sont consignés tous les événements législatifs (lois,<br /> décrets), réglementaires (arrêtés), déclarations officielles et publications légales.<br /> 4<br /> Ces accords secrets prévoient généralement l'organisation, l'encadrement et<br /> l'instruction des forces armées des Etats ''décolonisés'', ainsi qu'une intervention<br /> militaire française en cas de menace extérieure. Enfin, des bases militaires<br /> françaises sont implantées sur le continent africain de manière permanente.<br /> Actuellement, celles-ci sont situées à Dakar (Sénégal), N'Djamena*(Tchad), Djibouti,<br /> Libreville (Gabon) et Abidjan (Côte d'ivoire). Elles regroupent un total de plusieurs<br /> milliers de soldats. Lorsque la France ne peut agir directement, l'utilisation de<br /> mercenaires complète le dispositif. Les plus célèbres sont Bob Denard et Paul<br /> Barril, impliqués dans de nombreux ''coups tordus'' aux Comores, au Bénin, au<br /> Gabon, en Angola, au Zaïre, etc.**<br /> Jacques Foccart élabore ainsi un réseau contrôlé depuis l'officieuse cellule africaine<br /> de l'Elysée et entretenu par une série de correspondants : officiers des services<br /> secrets, hommes d’affaires, fonctio<br /> <br /> <br />
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